Juste un mot pour dire que vient de sortir le tome 3 de la série Gotham Central chez Urban Nomad.
Je ne reviens pas sur les caractéristiques et qualités de la série. On les trouvera dans ma chronique des deux premiers volumes. Elles sont toujours aussi présentes dans ce troisième et avant-dernier tome. Je viens juste t’allécher, lecteur, avec le sommaire de cet opus.
On commence avec Corrigan, une histoire assez courte dans laquelle l’inspectrice Montoya se salit les mains pour impliquer un agent ripou de l’identité judiciaire qui a mis en difficulté son équipier, Crispus Allen, en soustrayant une preuve capitale après une fusillade.
Côté famille en revanche, depuis son outing, rien ne s’est arrangé. Quand on a des parents latinos très religieux, ça ne passe pas.
Suit Extinction des feux, dans lequel la police de Gotham, représentée ici par le commissaire Akins, rompt définitivement et de manière très visuelle le lien ténu qui la liait à Batman. Une décision qui ne fait pas l’unanimité mais que le commissaire parvient même à imposer - par la contrainte - au maire de la ville. Ce qui en dit long tant sur lui que sur le maire.
Boulevard des tordus et Kollègues de Keystone sont deux enquêtes dures et pénibles pour leurs protagonistes. Dans la première, au fil des investigations sur le meurtre d’un télévangéliste, on apprend le grand secret de l’inspectrice MacDonald. Dans la seconde, tragique, c’est Montoya qui a l’occasion de renouer avec les siens alors que tombent les victimes innocentes d’un mégalomane surdoué qui rappelle, par son comportement, l’Hannibal Lecter du Silence des agneaux.
Enfin (dans un genre graphique complètement différent) Des Voix qui se sont tues. C’est une histoire incomplète qui se terminera dans le tome 4 (l’attente va être aussi insoutenable que le cliffhanger qui clot le volume).
On y voit MacDonald, jeune, arriver au service des personnes disparues. Mise sur l’affaire de la disparition du petit-fils d’un parrain mafieux, flanquée d’un équipier âgé et alcoolique qui n’attend plus que la retraite, elle devra utiliser ses pouvoirs particuliers pour avancer dans une affaire qui l’implique de plus en plus, tant psychologiquement que dans sa vie concrète. On la voit se démener au coeur d’une enquête qui n’avance pas beaucoup et devient pourtant de plus en plus dangereuse. Et cette fin, quelle chute !
Ce nouveau tome de Gotham Central est à la hauteur des précédents. Il est même plus impliquant encore car s’y sent toujours plus proche de personnages qu’on connait de mieux en mieux et qui évoluent comme le feraient de vraies personnes ; dans ce qu’ils ont de meilleur comme dans ce dont ils devraient peut-être s’inquiéter.
On y voit une ville vibrante où, derrière les enquêteurs sous les projecteurs, se dessinent aussi ces conversations de fond, ces bruissements, qui donnent chair et ambiance à chaque scène.
On y contemple les grands sentiments mais aussi les bassesses crasses qui sont celles de toute l’humanité.
Et puis, comme dans les tomes 1 et 2, les morts, nombreux encore une fois, ne sont pas des redshirts. Ce sont les héros, leurs proches, leurs connaissances, des humains donc pour qui on a de la compassion et des regrets.
C’est excellent, un classique incontournable. A lire (en attendant le 4).
Gotham Central, t1 et 2, Brubaker, Rucka, Lark
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