L’Amulette est le dernier roman de Michael McDowell publié par Monsieur Toussaint Louverture. Encore une fois c’est un beau livre, encore une fois vendu (si on le commande sur le site) avec de jolis goodies réalisés avec amour par l’éditeur.
Alabama, 1960, dans la petite ville de Pine Cone, près de Fort Rucca.
C’est la guerre du Vietnam et des soldats sont formés pour être envoyés en Asie du Sud-Est (étrangement, McDowell semble suggérer un draft alors qu’il semble que ce système n’ait pas été utilisé aussi tôt, à voir).
Parmi les soldats s'entrainant à Fort Rucca, il y a Dean Howell, un jeune homme assez peu sympathique de Pine Cone, qui a cherché à ne pas être incorporé. Comme le reste des habitants de la ville, Dean a tenté de se faire embaucher à l’usine de fusils de Pine Cone pour devenir non sélectionnable, mais ça n’a pas pu se faire. Seule sa femme Sarah a été recrutée, sur un poste pour femme, différent de ceux auxquels Dean aurait pu prétendre.
Le jeune homme est donc là, à Fort Rucca. Et, lors d’un entraînement au tir, son fusil, fabriqué à l’usine de Pine Cone justement, explose, le blessant très grièvement. Dean va rentrer chez lui, mais pas du tout comme il l’aurait voulu. Défiguré, couvert de bandages, aussi inerte et muet qu’un légume, Dean réintègre la maison familiale. S’y trouvent sa femme Sarah et sa mère Jo, une femme obèse, acariâtre et tyrannique, qui a fait de Sarah sa domestique — plus encore depuis le retour du grand blessé.
Jo, dont l’âme est plus noire que celle du diable, est convaincue de la responsabilité de toute la ville dans le malheur de son fils. Elle va se venger de terrible manière par l’entremise d’une amulette maudite qui tue ceux qui la détiennent.
Dernier publié mais premier écrit. Et, clairement, ça se voit de manière éclatante.
S’il y a une qualité à L’Amulette, c’est dans la description des habitants de la petite ville qu’elle réside. Pine Cone est une petite ville du Sud restée à l’écart de la modernité. Confite dans l’huile d’une économie sous perfusion, étranglée par la religion communautaire, Pine Cone a tous les traits typiques qui devaient insupporter l’auteur. Et il les développe généreusement.
La ségrégation est une réalité quotidienne, les hommes et les femmes sont traités de façon parfaitement sexistes au travail, le népotisme et les privilèges qu’offrent la fortune structurent l’organisation sociale.
Mais, par-delà ce qui est collectif, ce qui est drôle dans le roman est la description des individus. Tous sont moralement laids. Tous sont avares, peu conviviaux, peu solidaires, peu concernés. C’est une ville d’affreux auxquels McDowell ne fait aucun cadeau ; il n’y a que Sarah, l’héroïne, et son amie Becca qui font preuve d’un tant soit peu de qualités morales. Des autres il n’y a pas grand-chose à sauver.
L’auteur accumule les preuves de leur petitesse, de leur étroitesse, de leur médiocrité. C’est ce qu'active l’amulette, cette laideur, cette bassesse qu’il n’y a qu’à libérer pour qu’elle devienne meurtrière.
Drôle donc pour peu qu’on ait aussi mauvais esprit que moi.
En revanche, sur le plan de l’histoire, c’est très basique (et je suis indulgent). L’amulette passe de mains en mains, tuant vite et bien avant de passer à un autre détenteur, sur plusieurs centaines de pages. Sarah, qui a compris, court après l’objet qu’elle veut détruire, mais a toujours un temps de retard. Jusqu’à une fin dont on dira qu’elle est vraiment trop rapide.
Peu à peu, ce roman m’a fait penser aux Jeunesse anciens dans lequel un groupe d’amis (ici Sarah et Becca) poursuivaient un bandit ou un objet maudit de lieu en lieu sans jamais l’attraper. J’ai parfois pensé à Fantômette ou au Club des Cinq. C’est à peu près le niveau de complexité de l’intrigue.
De fait, ça m’a amusé. Ca pourrait t’amuser aussi, lecteur, mais n’en attends pas plus.
L’Amulette, Michael McDowell

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