The Avengers in the Veracity Trap - Kidd - Cho

En ce jour anniversaire de la naissance (en 1917) de l'immense Jack Kirby , créateur de tant des merveilles du Silver Age des comics, je dois te dire un mot, lecteur, sur The Avengers in the Veracity Trap . 64 pages, couvertures rigides, jaquette brillante, 20 euros. A l'intérieur du bel objet, une histoire a priori très classique des premiers Avengers. L'équipe est composée d'Iron-Man, Giant-Man, the Wasp, Captain America, the Hulk et Thor. Le groupe lutte contre Loki, quelque part dans les terres désolées d'Asgard. Le maître de la malice est en majesté au milieu de hordes de monstres plus hideux les uns que les autres ; il est surtout détenteur d'un étrange artefact, le vortex de véracité, dans lequel Thor va entrer, y faisant une atroce découverte. Les Avengers et leur monde ne sont que des créations nées de l’imagination et du travail de Chip Kidd et de Michael Cho, scénariste et dessinateur pour Marvel. Quelques aller-retours entre monde des comics et mon...

Thomas Ligotti - Chants du cauchemar et de la nuit - maintenant chez Rivages

 


Ressortie chez Rivages, quinze ans après l'édition initiale chez Dystopia Workshop, du Chants du Cauchemar et de la Nuit, de Thomas Ligotti.

Il avait été chroniqué en 2015 pour Bifrost. Je reproduis hic et nunc cette chronique afin que chacun sache que ce fascinant ouvrage est de nouveau disponible, sous une bien belle couverture. Enjoy !


Thomas Ligotti est une star de l’horreur psychologique et/ou philosophique dans le monde anglo-saxon, si connu et si nihiliste qu’on a accusé les créateurs de la série True Detective de lui avoir piqué des idées. Il n’était toujours pas traduit en France. Omission coupable réparée grâce aux Editions Dystopia et à la traductrice Anne-Sylvie Homassel.

Cette dernière a composé Chants du cauchemar et de la nuit, un recueil VF inédit de l’auteur, comptant onze nouvelles, issues de divers ouvrages VO, et une préface de la traductrice. Judicieusement choisies, ces nouvelles offrent une vision globale des facettes du travail de Ligotti. De la presque classique Petits jeux, qui ouvre le recueil, au Tsalal qui le ferme, en passant par les lovecraftiennes L’art perdu du crépuscule ou Nethescurial, la diversité des textes présentés est la grande qualité de cet ouvrage.


Dans la lignée de Poe pour une certaine esthétique gothique, et plus encore de Lovecraft pour un matérialisme et un nihilisme absolus, Ligotti crée une horreur, gothique un peu, cosmique beaucoup, dans laquelle l’individu - on est tenté d’écrire la victime - se trouve confronté, à son corps défendant, à une vérité que l’illusion de la réalité lui avait toujours dissimulée. Comme chez Lovecraft, l’Homme de Ligotti n’est qu’un atome insignifiant au sein d’un univers qui, au mieux, l’ignore. Il n’y a pas de sens, pas de but, la vie même est superflue. Et la conscience : une erreur tragique de l’évolution. Mort et extinction sont préférables à la poursuite de la pantomime grotesque qui place l’Homme au centre de l’Univers ou de la Création. Comme l’écrit son préfacier Ray Brassier « Life, in Ligotti’s outsized stamp of disapproval, is MALIGNANTLY USELESS ».


La révélation est cruelle, terrifiante ; les yeux humains ne sont dessillés que dans la souffrance. Illusion, révélation, horreur, c’est le triptyque de Ligotti. Il y a toujours un visage derrière le visage, une ville derrière la ville, un paysage derrière le paysage, et c’est insupportable. Guère plus que des marionnettes (image récurrente), incertains de leur identité, les humains ne peuvent vivre sereins que dans l’ignorance. Un mot, un geste, une rencontre, un livre les force, pour le pire, à quitter la dreaming innocence. Voir c’est savoir, et savoir c’est vouloir l’annihilation.

Pour illustrer cette philosophie, qu’il décrit explicitement dans l’excellent The conspiracy against the human race, Ligotti oscille sans cesse, dans ces nouvelles, entre des descriptions d’une beauté surprenante et des considérations philosophiques boursouflées au point d’en devenir obèses. Si le fond est passionnant, la forme très irrégulière et la narration bien trop souvent statique peuvent rebuter. Peut-être plus essayiste que novelliste, Ligotti n’est pas un auteur d’accès facile, quand bien même on adhère à sa philosophie. Il est néanmoins judicieux pour le public français d’aller à sa rencontre. Pour voir. Et s'inquiéter.


Chants du cauchemar et de la nuit, Thomas Ligotti

Commentaires