L'Enfance du monde - Michel Nieva

Je suis surchargé de travail, lecteur. Résultat : des lectures et des chroniques en retard et peu de temps pour rattraper. Alors chroniques courtes, faisons ce qu'on peut dans le temps qu'on a ; as Chaucer said, time and tide wait for no man. Fin du 23ème siècle, sud de l'Argentine entre autres. Suis-moi, lecteur, nous allons rencontrer l'enfant dengue ! L'Enfance du monde est le premier roman de Michel Nieva. C'est une fable, un conte dystopique d'effondrement lent, d’effondrement en cours. C'est l'histoire de l'enfant dengue, un hybride enfant-moustique né d'on ne sait quel étrange miracle. L'enfant dengue, de père inconnu, vit avec sa mère, une femme de ménage pauvre du sud de l'Argentine, dans cette Patagonie que la montée du niveau des mers a radicalement transformé – comme le reste de la Terre. D'immenses zones – dont la capitale Buenos Aires et sa région entière – ont été inondées et perdues pour toute vie terrestre, le...

Madeleine, Résistante tome 3 - Morvan - Bertail - Riffaud


A la fin du volume précédent, Madeleine Riffaud était dans de sales draps. Elle venait de tuer un officier allemand et avait été arrêtée par le chef de la Milice de Versailles.
Nombre de ses camarades de la Résistance avaient payé de leur vie ce genre de cascade. Mais pas celle que son chef de groupe avait surnommée trompe-la-mort et qui, durant ce mois d'été 44 qui précédait la Libération de Paris, fit honneur à son surnom.

24 juillet 44. Madeleine est emmenée par la police au siège des Brigades spéciales pour y être interrogée par le commissaire Fernand David lui-même, un tortionnaire dont le sobriquet, « David les Mains Rouges », dit assez le genre de police qu'il pratiquait – tu apprendras avec satisfaction, lecteur, qu'il fut fusillé à la Libération.
Dès le 24 juillet donc, tout son groupe, averti, entrait dans l'ombre pour échapper à l'arrestation au cas où Madeleine aurait parlé, car « lequel d'entre nous sait comment il réagirait sous la torture ».
Sage mais inutile précaution. Madeleine ne parla jamais, se répétant sans cesse comme un mantra les consignes du Colonel Fabien pour les situations d'arrestation.

Elle ne parla pas dans les locaux des Brigades spéciales où Fernand David usait de mensonges et de la terreur qu'il inspirait pour impressionner ses prisonniers pendant que ses nervis brutalisaient résistants et juifs.
Elle ne parla pas dans ceux de la Gestapo, qu'elle dupa même en faisant croire qu'elle avait agi par vengeance après la mort de son fiancé et non par acte de résistance ; ce subterfuge ne lui sauva pas la vie, elle devait être fusillée en représailles, mais lui évita tout interrogatoire.
Elle ne parla pas à la prison de Fresnes où elle attendit son exécution en se faisant à l'idée qu'elle allait mourir et endura, dans l'attente du jour prévu, la faim et les brimades des gardiennes allemandes.
Elle ne parla pas à la Gestapo encore, quand cette organisation comprit qu'elle avait été dupe et commença donc à la torturer pour obtenir les noms de son réseau. Elle ne parla pas non plus quand on la soumit à la torture par procuration ni quand elle fut préparée pour la déportation.

Les Nazis, en passe d'être vaincus, fermaient boutique et vidaient les prisons à coup de pelotons d’exécution et de trains vers les camps. Madeleine aurait pu être de ceux qui furent tués pour solde de tout compte mais sa détermination, son silence, la remémoration de poésies et une part de chance lui permirent de tenir jusqu'à une libération qui lui offrit la possibilité de participer aux combats dans Paris. Le plus notoire fait d'armes auquel elle participa alors est l'attaque d'un train de renforts à la sortie du tunnel de Ménilmontant.

Force morale, courage, obstination et chance, Madeleine Riffaud (qui a eu 100 ans hier) ne manqua d'aucune de ces qualités pour survivre à l'arrestation sans donner personne – même si, sous la torture, « on ne pourrait pas lui en vouloir ». Elle reprit ensuite le cours d'une Résistance que les geôles avaient interrompue pour elle pendant un gros et éprouvant mois d'été.

Madeleine, Résistante, Morvan, Bertail, Riffaud

Commentaires

Roffi a dit…
Une BD qui célèbre une grande dame.On est vraiment fasciné par Madeleine et sa force de vie. Il y a des pages très dures sur la torture, et cette image d’une certaine Thérèse qu’une dame lui donne..Très beau. Tenir aussi par la poésie. On ne peut s’empêcher de se demander ce que nous aurions fait à sa place.
Gromovar a dit…
On ne peut qu'espérer qu'on aurait été à la hauteur.