Hard Boiled - Miller - Darrow - Stewart

Hard Boiled, édition intégrale Futuropolis. Quelques données factuelles pour commencer : En 1990, Dark Horse publie le premier opus de la saga Hard Boiled de Frank 'Daredevil' Miller, dessiné par Geoff Darrow. En 1991, ils gagnent le Eisner du meilleur duo Scénariste/Artiste. Deux autres tomes suivront, qui complètent l'histoire, traduits en français chez Delcourt. Arrive 2017 et une recolorisation réalisée par Dave Stewart qui donne au comic un ton plus neutre et réaliste (!). En France, après Delcourt dans la version couleurs initiales, c'est Futuropolis qui sort l'Intégrale recolorisée fin 2021. 128 pages grand format sous une couverture cartonnée du meilleur effet. Ouvrons-là. Hard Boiled c'est d'abord un scénario linéaire, simple, dont on devine facilement la conclusion à venir. Ex post, c'est si basique que ce n'est guère tentant (c'est aussi pourquoi je ne dirais rien de l'histoire, pour ne pas spoiler le peu qu'il y a à spoiler...

The Riddler Année Un - Dano - Subic


The Riddler Année Un est un comic original. D’abord parce qu’il est un prequel comic au film The Batman (de 2022). Ensuite parce qu’il a été écrit par Paul Dano, l’acteur qui jouait le Riddler dans le film et dont la scénarisation de comic n’est pas le métier. Qu’en est-il alors de cet étrange objet ? Et bien, c’est une réussite – voilà, vous pouvez quitter cette page et reprendre le cours de votre vie.


The Riddler Année Un raconte l’année qui précède les événements du film, l’année durant laquelle naquit le Riddler, l’ennemi psychopathe de Batman dans le film de Matt Reeves.

Gotham. Edward Nashton est comptable dans une respectable société d’audit financier. Il est très compétent et voit dans les chiffres des choses que personne d’autre ne voit. Salarié fiable et efficace, il n’est pas heureux pour autant.

Car Nashton a, depuis sa naissance, une vie aussi triste que compliquée. Abandonné par sa mère, élevé à l’orphelinat de Gotham où ses caractéristiques intellectuelles hors-norme (mémoire, déduction, rapidité, payées d’une énorme difficulté à communiquer) en font le souffre-douleur des autres orphelins, « remarqué » par un programme d’insertion par l’éducation avant d’en être écarté par un coup du sort. De cette enfance morose Nashton sortit pour devenir un adulte solitaire, inquiet, dépressif, dominé par ces autres inférieurs intellectuellement mais dotés des compétences sociales qui lui manquent.

Et voilà qu’un jour Nashton découvre des anomalies dans les comptes d’une société auditée, qu’il les signale à qui de droit, et qu’au lieu de la récompense qu’il attend il reçoit l’injonction de laisser courir. Le comptable fan des forums complotistes découvre alors ce que tout le monde sait : Gotham est une ville sordide, corrompue, sale au propre comme au figuré. Et ce n’est pas ce nouveau héros masqué qu’on surnomme Batman qui y change grand-chose. Nashton décide donc de prendre les choses en main, d’enquêter, de trouver des preuves à fournir à la police. Avec un résultat si maigre qu’il finira par basculer et devenir celui qu’il est dans le film.


The Riddler Année Un est, comme Daredevil Redemption il y a peu, un comic d’où le super-héros est pratiquement absent. C’est l’histoire de Nashton qui est dite ici, l’histoire de sa vie, l’histoire de sa lente glissade vers le crime et une forme dévoyée de vigilantisme. C’est aussi le destin parallèle de deux hommes qui est étudié, le point d’inflexion qui oriente les vies tant d’Edward Nashton que de Bruce Wayne, la fascination de l’un pour ce que l’autre est devenu et son imitation ratée.

C’est une histoire tragique qui est dite, car on sait comment elle finit, et c’est une histoire triste, car qui voudrait de la vie de Nashton ? Pour la dire, Dano utilise une narration (trop?) lente où se déploie l’enquête du comptable sur les malversations qui corsètent la ville, l’enserrant dans une toile d’araignée où sont prises toutes les grosses mouches de Gotham. Une narration qui fait, et c’est bien vu, la part belle à l’introspection et aux méthodes d’enquête non intrusives qu’utilise Nashton.

Il est secondé par Stevan Subic qui livre un excellent travail. Du début à la fin du comic, suivant l’évolution de la personnalité de Nashton, les modes graphiques changent, la palette de couleur se rétrécit, même les encrages ne sont plus réalisés de la même manière. Subic plonge le lecteur dans la psyché de son anti-héros, entre schémas récapitulatifs, écriture manuscrite, répétitions obsessionnelles, etc. C’est de la belle ouvrage, parfaitement adapté au récit.

A lire donc, avant de voir ou de revoir le film.


The Riddler Année Un, Dano, Subic

Commentaires

Roffi a dit…
Entièrement d’accord. Du bon travail de Stevan Subic aussi vu en dédicace cette année dans une librairie spécialisée BD.
On peut revoir le film en effet.Et merci pour l’article.
Gromovar a dit…
Ouaip, un bien bel album.
tadloiducine a dit…
Le personnage ferait un peu songer au "comptable" héros du film Mr Wolff?
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Gromovar a dit…
Le personnage un peu mais l'histoire est vraiment très différente.