Katie est une jeune femme orpheline de mère qui vit dans la roaring America de l’après-Guerre de Sécession. Katie est une voyante incroyable, capable de découvrir par un simple contact les secrets et l'avenir d'une personne. Katie est aussi une psychopathe, une tueuse en série comme on n’en voit pas souvent sous une couverture aussi élégante que celle que les esthètes de Monsieur Toussaint Louverture ont concoctée pour ce roman de Michael McDowell.
Philomela Drax est une jeune femme qui vit avec sa mère veuve dans une petite ville du New Jersey. Soumise au mépris d’une bonne société pas toujours charitable, Philo est bonne, modeste, déterminée. Philo va, pour son malheur et celui de sa famille, croiser la route de Katie et de la sienne.
Katie est le dernier roman traduit en français de Michael McDowell. Toujours par Monsieur Toussaint Louverture, toujours dans une présentation qui donne envie d’acheter le contenant quel que soit son contenu.
Des trois œuvres de McDowell publiée en France jusqu’à présent – Blackwater et Les Aiguilles d’or ayant précédés Katie –, tous lus avec un plaisir un peu coupable, celui-ci engendre la plus grande culpabilité.
Culpabilité car McDowell y mobilise, bien plus que dans ses autres œuvres traduites, des trucs de feuilletonistes, qu’on voit alors même qu’on lit et auxquels on ne résiste pas pour autant.
Culpabilité en effet, car il y a dans Katie plus de rebondissements que sur des montagnes russes, car il y a dans le roman quelques-unes de ces coïncidences heureuses qui font progresser le récit par le seul miracle d’un hasard improbable décidé par l’auteur, car le manichéisme du texte est énorme et que la présentation de Philo en jeune femme dotée de toutes les qualités morales du monde est régulièrement too much, car certains bouclages de fils paraissent un peu rapides.
Mais plaisir aussi. Car McDowell développe une histoire palpitante conçue pour s’adresser directement à nos affects et à notre empathie. Car on a envie de savoir si les torts faits à Philo et aux siens seront redressés. Car presque chaque chapitre se clôt sur un cliffhanger et que la fin est ironique. Car il y a un plaisir pervers à être témoin des excès d’une personnalité bien au-delà du borderline et d’une famille sans affect qui est l’équivalent moral de celle qui habitait la ferme isolée de Massacre à la tronçonneuse. Ce sont de vrais abrutis, certes, mais des abrutis résolument maléfiques, tellement amoraux qu’ils ne peuvent même plus être qualifiés d’immoraux (exemple : quand les parents de Katie lui suggèrent de tuer avec des sacs de sable plutôt qu’au marteau, la jeune femme tue une jeune femme de cette manière, sans profit aucun, pour simplement démontrer que leur méthode n’est pas efficace).
Et plaisir encore car McDowell est comme un poisson dans l’eau avec le ton moralisant et consterné des chansons réalistes ce qui, pour un grand amateur de Berthe Sylva tel que moi, lecteur, est un vrai plaisir d’amusement.
Alors, faut-il lire Katie ? Apprécier la gastronomie n’empêche pas de s’envoyer de temps en temps une bonne grosse glace bien sucrée ou un hot-dog plein de ketchup. Des Katie je n’en lirai pas tous les jours mais j’ai dévoré celui-ci en deux. L’été approche. Le livre est beau. Qu’as-tu à perdre, lecteur ?
Katie, Michael McDowell
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