La Marche funèbre des marionnettes - Adam-Troy Castro

Dans le troisième tome des aventures d’Andrea Cort, intitulé La Guerre des marionnettes , on découvrait, ébahi, le Ballet des Vhlans. On assistait à cet événement annuel, entre rite et art, au cours duquel des dizaines de milliers des sentients mais cryptiques Vhlans dansaient une danse extraordinairement complexe à l’aide de leurs corps munis de dix fouets surpuissants, une danse qui, effet des coups de fouets mutuellement portés ou explosions cardiaques de fatigue, se terminait par leur mort en masse sous les regards stupéfiés des délégations étrangères. Sans explication. Sans rime ni raison pour toute autre espèce qu’eux-mêmes. On y apprenait aussi que, des années auparavant, une humaine nommée Isadora (Duncan ?) , au corps modifié dans ce bût, avait dansé avec les Vhlans. Elle était devenue légendaire dans tous l’espace sentient. Adam-Troy Castro raconte aujourd’hui son histoire dans une novella intitulée La Marche funèbre des marionnettes publiée dans la collection UHL au Bélial

The Briar Book of the Dead - Angela Slatter


Silverton est une petite ville prospère, loin de la grande Lodellan où se trouve le siège du pouvoir ecclésiastique. Lovée au cœur d’une nature paisible, elle serait juste une cité prospère sans grande originalité si elle n’avait deux particularités : elle est gouvernée depuis des siècles par les Briar, une dynastie de sorcières, et elle sert, pouvoirs des Briar aidant, de poste de garde contre les abominations qui pourraient sortir des Darklands.
Ellie, l’une des quatre cousines de la dernière génération Briar, est dépourvue de pouvoir magique. C’est sa marque, sa souffrance, sa honte depuis sa prime enfance. Destinée à devenir intendante, bras droit et conseillère de la future Briar Witch, sa cousine Audra, Ellie découvre par hasard à l’âge adulte qu’elle a néanmoins un don : elle peut voir les fantômes et leur parler. Alors que les choses changent à Silverton et que le clergé de Lodellan recommence peut-être à s’intéresser à ces sorcières qu’il dispense depuis toujours de poursuites judiciaires (dans un monde où d’habitude on les brûle), ses capacités nouvellement découvertes seront sans doute utiles voire salvatrices. 

The Briar Book of the Dead est le dernier roman d’Angela Slatter et le cinquième livre d’elle que je lis. Celui-ci m’a un peu déçu. Dommage.

Au crédit de ce roman on peut mettre le style de Slatter, toujours aussi fluide et plaisant à lire.
On peut aussi y mettre un nouvel approfondissement de son univers si particulier. De livre en livre, Slatter dévoile au lecteur assidu un univers résolument gothique de conte noir, plein de monstres, de sorcières, d’objets enchantés, d’antiques légendes, et de tristes fins pour des personnages trop audacieux ou confiants. Toujours situés dans le même monde, ses livres en révèlent peu à peu l’histoire, la géographie, les particularités et la magie, remplissant progressivement la carte pour en faire reculer les zones inconnues. Ce ne sont pas encore les Terres du Milieu mais il y a néanmoins quelque chose de très agréable à voir le rideau se lever peu à peu, de livre en livre, sur des lieux dont on avait précédemment juste entendu le nom, à voir se confirmer ou se préciser des événements anciens quasi légendaires, à retrouver dans la mémoire de personnages récents les faits et gestes de personnages anciens dont on avait suivi les péripéties dans un précédent ouvrage.
On peut enfin mettre au crédit du Briar Book of the Dead une caractérisation efficace d’Ellie, le personnage principal, croquée avec la précision et, disons-le, la tendresse que Slatter met dans tous les très nombreux personnages féminins qui peuplent son œuvre et en sont le centre – au point qu’il est difficile de comprendre pourquoi une autrice tellement dans l’air du temps n’est pas publiée en France.

Que met-on alors à son débit ?
The Briar Book of the Dead, basé sur un – dirons-nous – retournement de situation, est un roman dans lequel, pendant bien longtemps, il ne se passe pas grand-chose de très dynamique ou passionnant. Passé la découverte, agréable, du petit monde de Silverton, passé le roller coaster émotionnel d’Ellie, qui va du dépit rentré à l’élation secrète, l’action ou le mystère à proprement parler ne remplissent pas un roman très plan-plan. Il faut attendre au moins  la moitié des presque 400 pages pour sentir que quelque chose ne tourne pas rond à Silverton, les deux tiers pour commencer à voir la menace se préciser de façon claire et active, et ce n’est qu’à l’intérieur des vingt derniers pour cent que le tout se met à bouger. Pour le dire en un mot, on s’ennuie quand même ferme pendant une bonne partie du roman.

Génant aussi le fait que The Briar Book of the Dead soit souvent très girly au mauvais sens du terme. L’écueil de l’écriture un peu nunuche tournant autour de jalousies et de rivalités inter pares, que Slatter évitait dans ses précédents ouvrages, est clairement présent ici. Le trope du vilain petit canard qui devient un beau cygne aussi. Ca donne au tout un petit air de young adult ou de romantasy qui fait de ce texte sans doute le moins subtil de ceux qu’a produits Slatter, d’autant que s’y greffe une histoire d’amour at first sight qui neutralise complètement le potentiel effrayant d’un des personnages. Quant à la « rémission des péchés » par la confession que permet le pouvoir d’Ellie et le rôle de redresseuses de micro-torts que ça lui confère, c’est étrangement chrétien dans un monde imaginaire qui ne l’est pourtant pas, et ça conduit en outre à des pages et des pages de déballages des petits (à tous les sens du terme) secrets des chers défunts qui fait Macha Béranger.

Pour conclure je dirais que, si cette occasion de visiter un autre lieu du monde de Slatter n’est pas déplaisante, le roman dans son ensemble n’est guère satisfaisant, au point que si j’avais commencé par celui-ci je n’aurais pas poursuivi avec elle.

The Briar Book of the Dead, Angela Slatter

Commentaires

Thomas Day a dit…
Après une déception relative (All the murmuring bones), j'ai réessayé et rebelote, y'a un truc qui coince chez moi et que je n'arrive pas à complètement définir. En fait, je m'ennuie un peu pour le dire autrement.
Gromovar a dit…
Ouais, ben maintenant pareil ici. Ca ira.