The Nice House by the Sea - Tynion - Bueno - Bellaire

Sortie de The Nice House by the Sea , le premier volume du second cycle de la série Nice House . Le chef d’œuvre (encore un) de James Tynion IV assisté de Alvaro Martinez Bueno et Jordie Bellaire aux pinceaux, le tout traduit par Maxime Le Dain, se poursuit donc, comme annoncé. Cette chronique sera courte car il ne faut spoiler ni ce nouvel album ni la duologie précédente. Que puis-je dire, lecteur, sans lever le voile plus que ne le fait le site de l'éditeur ? Sache d'abord, lecteur, qu'il ne fait pas commencer ce nouveau cycle sans avoir lu le précédent. Il est clairement une suite et donc, sans avoir lu ou relu, tu ne comprendrais sûrement pas grand chose aux enjeux du récit – au mieux tu comprendrais peut-être certains points mais sans toucher du doigt les tensions internes qui existent entre les personnages impliqués. Ceci posé, sache, lecteur, que de nouveaux personnages entrent en scène, dans un nouveau lieu, une luxueuse maison « à la grecque » au bord de la mer....

Après tout - Ian Soliane


Il aimait passionnément Claire mais elle lui a été retirée trop vite, trop jeune, trop tôt. Ils avaient même un fils ensemble, Greg, âgé de 19 ans quand s’est déclarée la maladie de Charcot.

Yeux verts, longs cils, épais cheveux bruns, petit nez busqué, narines arquées, pommettes bien dessinées, sourcil en accent circonflexe, petites épaules, cicatrice sur le centre, petit grain de beauté au coin de la bouche, et même le petit truc qu’elle fait avec sa lèvre supérieure, le narrateur aimait tout. Et, après de longs mois de descente aux enfers vers un handicap de plus en plus lourd que Claire combattit au maximum de sa force, après que tout eut pris fin quand Claire eut décidé qu’il ne valait plus la peine de vivre dans un corps devenu prison et instrument de torture, un dénommé Ivan lui rendit tout. Une nouvelle Claire, toute de technologie, copie conforme de l’ancienne. Mais si le corps est identique, si l’attirance physique – sublimée par le passage de la mort et comme pour la conjurer – est plus forte que jamais, est-ce bien Claire qui est revenue ?

Sur cette base, Ian Soliane, l’auteur de Après tout, aurait pu écrire un genre de thriller, de roman d’angoisse, ou de réflexion sur les limites ou le statut juridique des IA. Point de ça ici. C’est un puissant roman d’amour qu’a écrit l’auteur. L’amour fou du narrateur pour Claire qui seul lui permet de supporter les ravages terrifiants et sans issue de la maladie (racontée en flash-back autour de la narration présente), l’amour fou qui seul l’autorise à rêver qu’une Claire robotisée sera Claire, l’amour fou qui ne fait que grandir auprès de la nouvelle Claire quand peu à peu des souvenirs d’avant reviennent à la « jeune femme » et que, parallèlement, le nouveau couple « de substitution » s’en crée aussi de plus récents qui ne sont qu’à eux.

La peur du qu’en-dira-t-on cède progressivement la place aux envies de sorties de Claire, à ses envies de voir, à ses envies de vivre.
Car maintenant, de fait, elle vit, qu’elle que soit la manière dont elle le fait, et c’est avec la narrateur qu’elle vit, dans une relation fusionnelle qu’on peut seulement qualifier de passionnée. Mais, autour de cette bulle de bonheur indifférent au monde dans laquelle s’enferme le couple, si les réactions sont parfois intéressées ou amusées, elles sont aussi très souvent agressives, quelquefois même violentes. De la part des proches et des très proches comme de celle de parfaits inconnus qui veulent s’en prendre à une « abomination » et agir pour rétablir « la bienséance » comme le fait la police des mœurs en Iran ou comme le faisait les abrutis de la nouvelle Père de Ray Nayler. Mais le couple jamais ne cède, jamais ne meurt, jamais ne faiblit. Vivant son amour hors du monde et de l’agitation, jusqu’à un retrait dans le seul regard de l’autre que d’aucuns qualifieront de folie douce.

C’est un texte fort que livre ici Ian Soliane. En une centaine de pages, sans le moindre fard, il raconte l’horreur d’une maladie dégénérative qui détruit peu à peu sa victime, et la force d’un amour rare qui abat toutes les limites qu’imposent les normes sociales ou légales. A la toute fin, après tout, la nouvelle Claire et le narrateur sont des Roméo et Juliette adultes qui n'auraient pas choisi la mort et continueraient à vivre, cachés, leur passion réciproque. Chapeau bas.

Après tout, Ian Soliane
L'avis de Feyd Rautha

Commentaires

Roffi a dit…
C’est à la fois beau, triste et glaçant.
La vie nous apprend qu’il y des êtres que l’on peut perdre.Je me suis demandé si ce n’était pas sa propre finitude qui hante le personnage en faisant revivre sa femme.
Mais bon ,je retiendrai cette idée de la puissance de l’amour.
Merci pour cette lecture qui interroge.

Belalba a dit…
Je ne connaissais pas l'auteur et ta chronique m'avait intrigué, je l'ai donc lu ce roman. Je n'ai pas regretté du tout: un grand merci. Je ne reprendrai pas les différents éléments que j'ai appréciés: ce serait reprendre la chronique mais en moins bien.
Gromovar a dit…
Merci pour ce retour.