Descente - Iain Banks in Bifrost 114

Dans le Bifrost 114 , on trouve un édito dans lequel Olivier Girard – aka THE BOSS – rappelle que, en SF comme ailleurs, un part et un autre arrive. Nécrologies et anniversaires mêlés. Il y rappelle fort justement et pour notre plus grand plaisir que, vainquant le criminel effet de génération, Michael Moorcock et Big Bob Silverberg – les Iguanes de l’Imaginaire – tiennent toujours la rampe. Long live Mike and Bob !! Suivent les rubriques habituelles organisées en actualité et dossier : nouvelles, cahier critique, interview, biographie, analyses, bibliographie exhaustive, philofiction en lieu et place de scientifiction (Roland Lehoucq cédant sa place à Alice Carabédian) . C'est de Iain Banks qu'il est question dans le dossier de ce numéro, on y apprendra que la Culture n’est pas seulement « ce qui reste quand on a tout oublié ». Dans le Bifrost 114 on pourra lire une jolie nouvelle de Iain Banks, intitulée Descente et située dans l’univers de la Culture (il y a des Orbitales)

Lapin maudit - Bora Chung - Cursed Bunny en VO

BLOG EN MODE DÉGRADÉ

ON REFERA MIEUX QUAND ON POURRA MIEUX.

JUSQUE LÀ, LECTEUR, POUR ENCORE QUELQUES MOMENTS, IL TE FAUDRA ACCEPTER DE ME FAIRE CONFIANCE SUR JUSTE DEUX OU TROIS LIGNES.


Bora Chung est une autrice et traductrice sud-coréenne formée aux USA. En 2022, son recueil Cursed Bunny, traduit en anglais par Anton Hur a été shortlisté pour le International Booker Prize. Let's have a look !


Sous une couverture qui met en scène un lapin miraculeusement échappé d'une soirée chemsex de Pierre Palmade (qui est la même dans la VF traduite par Hervé Péjaudier), le lecteur curieux trouvera dix nouvelles de longueurs variables qui oscillent entre le fantastique, le weird, et une forme de réalisme magique au parfum oriental.

Dans les pages de Cursed Bunny, tu croiseras, lecteur, une femme qui passe sa vie à fuir une créature née de ses excréments, une autre enceinte de Dieu sait qui et en quête de père, une cartoonesque invasion de lapins qui vengent une famille, une victime d'accident de la route, une histoire innovante de « poule » aux œufs d'or, une amitié bien mal payée de retour, une très cruelle histoire d'esclavage, les déboires d'une femme trop motivée par l'argent, une histoire de malédiction au parfum de Mille et une Nuits, et une bien triste théorie de fantômes polonais.


Bora Chung offrent dans ce recueil dix textes durs qui disent souvent le déchirement entre tradition et modernité, mais aussi – et c'est plus universel  les déceptions qu'amènent la vie et les épreuves qui en sont le mortier, sans autre espoir de sortie que celui qui conduit à l'anéantissement. Relations parents/enfants plus ou moins métaphorisées, étapes de la vie illustrées dans leur difficulté fondamentale, abus et contraintes, solitude fondamentale y compris et surtout au moment de mourir, Chung propose un monde qui meurtrit, qui flétrit, qui trahit et détruit à petit feu. On n'est pas chez Ligotti avec son nihilisme cosmique, mais il n'y a guère plus de lumière dans le monde de Chung.

Les textes les plus étouffants ici sont The Head, Snare, Scars (l'antithèse de l'écœurante sucrerie Small Monsters), ainsi que The Frozen Finger dans un genre différent.

Si on devait nuancer notre satisfaction, il faudrait dire que l'écriture n'est pas encore vraiment là (style et/ou traduction sont plats) et que, problème récurrent des nouvelles, ça tourne parfois court. 

Sans les pusillanimités de nombre de ses consœurs et confrères occidentaux, Bora Chung livre des textes aussi cruels que crus qui, plus visibles, auraient été noyés sous les trigger warning. Merci Nora Chung d'être sud-coréenne, merci d'avoir une culture slave, merci pour tout cela qui vous permet d'être capable d'offrir des textes qui frappent dans la gueule et l'estomac du lecteur sans vous demander si quelqu'un pourrait s'en trouver attristé ou offensé. Il est peut-être temps de ne lire plus que de petits auteurs petitement traduits pour échapper à la guimauve dans laquelle nombre d'auteurs et d'éditeurs occidentaux semblent s'être dorénavant spécialisés. 


A lire.

Cursed Bunny, Bora Chung - Sorti en VF sous le titre Lapin maudit

Commentaires

Roffi a dit…
Tentant une fois de plus. Même ”en mode dégradé ”,vous restez persuasif.
Après Mariana Enriquez,je crois qu’on est vaccinés,on peut continuer.
😄
Gromovar a dit…
Merci.
Et en effet il y a du Mariana Enriquez là-dedans. Si ce fait est passé, tant mieux.