La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Fire and Brimstone in the Twin Cities - James Morrow


Sur le site de Beneath Ceaceless Skies, on peut lire une amusante nouvelle de James Morrow.


Tirée du recueil Bible Stories for Adults, Fire and Brimstone in the Twin Cities revisite de façon très irrévérencieuse le mythe de la destruction de Sodome et Gomorrhe.

Les cinq cités (Sodome, Gomorrhe et trois autres) sont vertueuses et justes. Fondées sur 20 commandements qui promeuvent la tolérance et la coopération, elles sont gouvernées par la bonne reine Nahilia. On y vit en paix, on n'y commet aucun crime grave, on s'apprête même à y accueillir l'hébreu Loth et son peuple pourvu qu'ils acceptent les 20 commandements donnés par Anu, le dieu suprême des cinq cités.


Mais voilà qu'arrive l'aussi funeste que très charismatique Luther, emmené en ces temps bibliques par l'archange Uriel en récompense de sa foi et de sa ferveur. Plein de lui-même et convaincu comme ne le sont que les fanatiques, farci des pensées de Saint Augustin dont on ne peut pas dire qu'il fut le plus stable des théologiens antiques, Luther parvient à convaincre les justes et paisibles sujets de la reine Nahilia qu'ils sont entachés d'une souillure indélébile, que leur vices et iniquités (imaginaires) sont connus de Dieu. Il ajoute même que la prédestination – qu'il explique aussi à des auditeurs étonnés – ne pourra pas les sauver car, pour d'évidentes raisons de calendrier, ils n'ont pu être rachetés par le sang du Christ.


Tout ceci peut et doit mal tourner, surtout quand Dieu est inconséquent et alors même que Loth – veuf ici – n'a pourtant aucune épouse disponible qui pourrait être changée en statue de sel.


Cette petite nouvelle est amusante et bien dans le droit fil des écrits de Morrow qui a décidé depuis longtemps d'attaquer le religion par la face de l'ironie mordante. La fin, nietzschéenne, de Fire and Brimstone in the Twin Cities est un (petit) message d'espoir que l'Histoire ne valide guère.


Fire and Brimstone in the Twin Cities, James Morrow

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