Mu Ming : Mes Utopiales de B à V

Comme chaque année, vers Samain, se sont tenues les Utopiales à Nantes. 153000 visiteurs cette année, et moi et moi et moi. Ne faisons pas durer le suspense, c'était vraiment bien !!! Genre grave bien !!!! Aux Utopiales il y a surtout des auteurs qu'on va retrouver jour après jour ci-dessous (ou dessus, ça dépend dans quel sens vous lisez) , sur plusieurs posts successifs (survivance d'un temps où on économisait la bande passante – « dis ton âge sans dire ton âge ») . Tous les présents aux Utos n'y sont pas, c'est au fil des rencontres que les photos sont faites, la vie n'est pas juste. AND NOW, LADIES AND GENTLEMEN, FOR YOUR PLEASURE AND EDIFICATION, THE ONE AND ONLY MU MING en compagnie de son traducteur GWENNAEL GAFFRIC

Le Molosse - Tanabe d'après Lovecraft


Sortie du neuvième volume des adaptations de Lovecraft par Gou Tanabe. "Le Molosse" est le premier recueil réalisé par le mangaka japonais, il réunit trois nouvelles : Le Temple, écrite en 1920, Le Molosse, écrite en 1922, et La Cité sans nom, écrite en 1921.


Le Temple est la plus longue et la plus réussie imho. Dans les coursives d'un U-boat allemand en perdition durant la première guerre mondiale, on plonge vers une cité engloutie alors que la folie gagne peu à peu tout l'équipage. Dure, claustrophobique, Le Temple, dans une ambiance éprouvante à la Das Boot, met l'homme face à des terreurs et des anciennetés sans nom. Un très bon récit joliment adapté.


Le Molosse est plus (trop) classique. Deux amis occultistes, l'un des deux est le narrateur, première mention lovecraftienne du Nécronomicon, créature hostile invoquée involontairement par une amulette magique, on est ici dans du trop classique, encore trop proche de l'horreur traditionnelle en dépit de la date d'écriture, postérieure à celle du Temple.


La Cité sans nom, même si elle est très linéaire et guère excitante une fois adaptée (et donc largement dépourvue de texte) sert néanmoins à bâtir la géographie et la paléoarchéologie mythologiques de Lovecraft. Ruines perdues, civilisation pré-humaine, témoignages historiques gravés dans des fresques lithiques, souvenirs de contacts terrifiants entre humains primitifs et premiers occupants des lieux (oserais-je peuples premiers ?), rares vestiges « vivants » d'espèce pré-humaine interagissant avec les rares humains assez fous ou téméraires pour s'aventurer en des lieux auxquels ils n'appartiennent pas et où ils rencontreront le maheur, La Cité sans nom contient les éléments qui feront, plus et mieux développés, le succès d'autres récits de Lovecraft, à commencer par l'immense Les Montagnes hallucinées ou l'excellent Dans l'abîme du temps.


Deux dernières remarques :

Faut-il acheter ce recueil ? Oui, bien sûr, la collection ne serait pas complète sans, et au moins pour Le Temple.

Les mangas proposés ici, réalisés en 2014, n'ont pas encore la qualité graphique des volumes suivants (qui furent publiés avant). Ce sont des juvenilia que nous offre ici Gou Tanabe.


Le Molosse, Gou Tanabe d'après Lovecraft

Commentaires

chéradénine a dit…
Je n'ai pas encore lu ce recueil mais ça viendra (sans doute). La Cité sans nom, bien que sans doute classique dans son déroulé, est une de mes nouvelles fétiches car m'ayant initié à Lovecraft et j'espère que Tanabe s'est montré inspiré. Le Temple m'a ravi alors que j'avais du mal à lire les nouvelles du second tome de l'Intégrale: le cadre absolument inattendu et le final "délectable" m'ont donné l'impression d'une petite gemme méconnue. Aucun souvenir du Molosse, hélas (c'est là qu'est l'os). Les Montagnes hallucinées reste mon adaptation préférée avec peut-être Le Cauchemar d'Insmouth. Dans l'abime du temps s'est peut-être montré trop explicite, même si Lovecraft décrit sans doute les choses: le côté SF enchanteur de la nouvelle (enfin, je me comprends) perd de son aura, mais c'était inévitable.
Gromovar a dit…
Assez d'accord avec tes préférences.
Anonyme a dit…
On est d’accord que la croix gammée dans un uboot de la 1ere guerre mondiale est complètement anachronique ?
Gromovar a dit…
Tout à fait.
Je crois que les Japonais ont un rapport bizarre à ce genre de choses.