Descente - Iain Banks in Bifrost 114

Dans le Bifrost 114 , on trouve un édito dans lequel Olivier Girard – aka THE BOSS – rappelle que, en SF comme ailleurs, un part et un autre arrive. Nécrologies et anniversaires mêlés. Il y rappelle fort justement et pour notre plus grand plaisir que, vainquant le criminel effet de génération, Michael Moorcock et Big Bob Silverberg – les Iguanes de l’Imaginaire – tiennent toujours la rampe. Long live Mike and Bob !! Suivent les rubriques habituelles organisées en actualité et dossier : nouvelles, cahier critique, interview, biographie, analyses, bibliographie exhaustive, philofiction en lieu et place de scientifiction (Roland Lehoucq cédant sa place à Alice Carabédian) . C'est de Iain Banks qu'il est question dans le dossier de ce numéro, on y apprendra que la Culture n’est pas seulement « ce qui reste quand on a tout oublié ». Dans le Bifrost 114 on pourra lire une jolie nouvelle de Iain Banks, intitulée Descente et située dans l’univers de la Culture (il y a des Orbitales)

Waco Horror - Lugrin - Xavier - Soularue


Le lynchage de Jesse Washington en 1916 à Waco est l'un des plus abominables de la longue liste des meurtres imputables à la discrimination raciale aux USA.

Depuis quelques jours, cet album m'attirait l'oeil car je voulais savoir comment espérer rendre par l'image un tel événement. Depuis quelques jours aussi, je n'achetais pas cet album car le sous-titre 'Elizabeth Freeman, l'infiltrée' ne me disait rien qui vaille sur le traitement de la chose. J'ai fini, comme d'autres fois, par ne pas écouter mon premier sentiment. J'aurais dû.


Certes l'album raconte, à la manière des frères Coen – dixit les auteurs – donc avec quelques traits de comédie (!), l'abomination que fut l'acte et son déroulement (jusqu'à la prise de photos diffusées ensuite comme cartes postales). Une abomination qui choqua toute la presse, même à l'époque.

Mais hélas deux choses restent en travers de la gorge – de la mienne en tout cas :


D'abord, Freeman est présentée comme partie enquêter sur la disparition d'un jeune noir et découvrant, effarée, ce qui s'est produit alors que, lorsqu'elle est mandatée – par Royal Nash et non par le plus bankable W.E.B. DuBois comme dans l'album –, le lynchage est déjà connu par des articles, si succincts soient-ils, et que sa mission est de faire un rapport de fond sur les faits et les responsabilités pour le NAACP. Légèrement différent. Et je ne parle pas de la photo Freeman/DuBois dont je n'ai trouvé aucune trace – s'il en existe je suis preneur mais j'en doute.

Surtout, en donnant la première place à Elizabeth Freeman – jusqu'à raconter un épisode de sa vie d'avant, en Angleterre, et un autre de ses luttes intersectionnelles – et accessoirement à DuBois, le récit met volontairement – dixit encore les auteurs – en lumière une héroïne et un héros (femme, noir, intersectionnels de surcroit, forcément admirables  voir leurs dialogues imaginés  et forcément invisibilisés) au détriment de la victime, du martyrisé, du torturé et assassiné Jesse Washington. Comme si c'était à Freeman et à DuBois – tous deux mort dans leur lit – qu'il fallait rendre justice.

Le pauvre garçon méritait mieux que d'arriver en huitième position dans la phrase 'Elizabeth Freeman enquête sur le lynchage de Jesse Washington' et de servir de faire valoir à la désinvisibilisation de Freeman et DuBois - dixit encore les auteurs.

On préfèrera lire le rapport original de Freeman, disponible ici. Washington et ses bourreaux en sont le centre. Comme nécessaire et évident.

Waco Horror, Lugrin, Xavier, Soularue

Commentaires

Baroona a dit…
Cela dit, le nom de Washington n'est pas (pas explicitement en tout cas) en couverture. On peut s'émouvoir qu'il ne soit pas au centre du récit, mais au moins il n'y a pas 'tromperie sur la marchandise'.
Je pense le lire quand même, ne serait-ce que pour m'informer par ricochet, mais je tâcherai d'avoir tes réserves en tête.
Gromovar a dit…
Tu as raison.
C'est peut-être moi qui en attendait plus que ça ne voulait donner. En tout cas, ça m'a bien énervé ;)
Roffi a dit…
Oui ce traitement qui occulte en partie Washington est étonnant.
Je remarque que cette horreur de Waco n’est pas si lointaine dans le temps..
Je le lirai si je le trouve en bibliothèque.
Gromovar a dit…
Il est récent, tu devrais le trouver.