Lovecraft et Sonia Greene - Horreur à Martin's Beach

Tu le sais ou pas, lecteur, mais Lovecraft, le reclus de Providence, fut marié et vécut un peu moins de deux ans avec Sonia Greene , écrivaine, éditrice, modiste et femme indépendante (ce qui à l'époque n'était pas la norme) . En 1922, Greene écrivit une nouvelle d'horreur que Lovecraft révisa pour publication dans Weird Tales en novembre 1923  (comme il le fit pour tant d'autres would-be auteurs) . Ce texte s'intitulait The Invisible Monster . A l'occasion de l'actuelle campagne de traduction de la correspondance entre RE Howard et Lovecraft, David Camus et Mnémos offrent en téléchargement une VF inédite de cette même nouvelle, titrée Horreur à Martin's Beach . On y retrouve en très peu de pages le sens de la description et le sentiment d'effroi cosmique qui caractérisent les oeuvres d'HPL, que ceux-ci aient été ici des ajouts de Lovecraft ou au contraire ce qui l'attira dans le texte de celle qu'il allait épouser. Surtout, confronté à ...

The Real-Town Murders - Adam Roberts


Juste quelques mots brefs pour dire à quel point "The Real-Town Murders" me semble être un roman raté qui à trop embrasser mal étreint.

Grande Bretagne, futur indéterminé.
Alma est détective. Elle vit avec Marguerite, une compagne aussi brillante qu'handicapée par une obésité morbide et une malade génétiquement produite qui oblige Alma – et seulement Alma – à lui prodiguer d'indispensables soins salvateurs toutes les quatre heures sans la moindre exception.
Alma et Marguerite sont du petit nombre de ceux qui ne passent pas leurs journées dans le Shine, une sorte de Matrice à laquelle l'immense majorité de la population est connectée H24, alors que les corps physiques font des « exercices » anti-escarres dans le réel, à l'aide de filets corporels autoguidés.
Dans le réel, à part quelques originaux comme Alma et Marguerite ou des religieux fanatiques, on trouve surtout des robots et des imprimantes 3D, qui fabriquent et entretiennent toute l’infrastructure matérielle grâce à laquelle les corps connectés peuvent vivre et la connexion même être possible. Un monde vide, comme celui des derniers Gibson et pas comme celui, foutraque et surpeuplé, de Ready Player One.
Dans ce no man's land, précisément dans une usine de voitures robotisée, on découvre un cadavre dans le coffre d'un véhicule tout juste sorti de la chaîne de montage. Meurtre en chambre close. Alma est contactée. L'affaire commence.

Dans "Real-Town Murders", Roberts adresse trop de thèmes et de genres à la fois.
Thriller politique, "Real-Town Murders" se pose la question des rapports entre réel et virtuel, du basculement du pouvoir politique lié au basculement des lieux d'activité, du secret politique et des complots intragouvernementaux. Le tout comme survolé.
Mystère en chambre close, "Real-Town Murders" contient aussi son lot de courses poursuites et de scènes d'action, peu convaincantes imho. Ici c'est la cohérence du projet qui pèche, entre film d'action à la Mission Impossible et déductions à la Sherlock Holmes.
Hommage à Hitchcock, on y trouve entre autres une scène iconique du cinéma du maître du suspense, avec une fuite sur un inédit Mont Rushmore britannique taillé dans les falaises de Douvres et mettant en scène, entre autres, Shakespeare. On peut trouver ça sympathique, ça signe plutôt un manque d'imagination.
Hommage aux Hommes du Président autant qu'à X-Files, il y a même un Gorge Profonde dont la teneur des révélations reste un des running gags du livre tant elles semblent n'être jamais accessibles.

Dans "Real-Town Murders" tout est la plupart du temps too much. Trop de rebondissements, trop d'évasions incroyables, trop de survies inimaginables (sauf pour les quelques red shirts). Et ne parlons pas de la contrainte narrative que représente l'obligation pour Alma d'être toutes les quatre heures auprès de Marguerite, qui rythme le roman au point d'en faire une sorte de docufiction sur la vie des aidants et ne participe guère au fond autrement qu'en posant à Alma des difficultés à surmonter qui ressemblent à des artifices scénaristiques.

En, un mot comme en cent, "Real-Town Murders" est un roman peu convaincant. Tous les thèmes sont au mieux survolés, le world building - par-delà le gimmick vide - est étique, et l'aspect thriller est clairement forcé par les contraintes temporelles d'Alma. Sans oublier que le caractère spectaculaire de certaines scènes frise le ridicule ou l'invraisemblable, plus proche d'un vieux Schwarzenegger que d'un roman de l'auteur de La chose en soi.

The Real-Town Murders, Adam Roberts

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