La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Shi t5 Black Friday - Zidrou - Homs


Juste quelques mots pour signaler la sortie du tome 5 de la série Shi, de Zidrou et Homs. Ce tome est présenté comme le premier d'un cycle de deux, après celui de quatre qui le précédait et dont je regrettais dans ma chronique précédente qu'il laisse de nombreuses questions sans réponse. Elles commencent à arriver ici et, ce cycle étant plus court, on peut raisonnablement penser que la série verra sa conclusion avec ce cycle et le tome 6 à venir.


Le background a été longuement exposé dans les chros précédentes. Je n'y reviens donc pas. Que les lecteurs sachent que la lutte de Jay et Kita se poursuit ici, quelques années après le cycle 1, et qu'elle a pris une belle ampleur. Plus que jamais c'est contre l'exploitation des enfants dans la Révolution Industrielle que se battent les deux femmes, leur sensei, et les jeunes membres du Dead End's Gang.

Rappelons pour mémoire que la législation sur le travail des enfants en cette première moitié du XIXe siècle était très fragmentaire, très insuffisante, et faisait la part belle aux besoins des capitalistes industriels au détriment de la santé et de la sécurité des enfants. C’est donc une interdiction totale que prônent les deux femmes, usant d'un répertoire qui va de la documentation photographique à l'action violente ponctuelle en passant par le prélèvement d'un « impôt révolutionnaire ». Ce combat ne satisfait évidemment ni l'aristocratie (jusqu'à Buckingham Palace) ni les industriels anglais qui le qualifient de terroriste. D'où la nomination d'un nouveau chef de la police de Londres, fraîchement arrivé des Indes où il a eu l'occasion de parfaire ses techniques violentes de « maintien de l'ordre », d'où aussi l'instauration de la loi martiale alors que s'annonce un jour de grande manifestation des Angry Mothers à Trafalgar Square. What could go wrong ?


Parallèlement à l'action politique, l'album nous montre toujours la profondeur de l'amour qui unit Jay à Zita ainsi que la camaraderie forgée dans l'adversité qui unit les membres clandestins du mouvement – les Angry Mothers sont nombreuses mais leur tête doit se terrer sans cesse pour échapper à l'arrestation ou à l'assassinat, comme le devaient à la même époque les adhérents des syndicats clandestins en France, jusqu'à la fin du XIXe.

On continue aussi d’assister avec jubilation à la chute de la maison Winterfield, grande famille anglaise sombrant dans la déchéance et le déshonneur.

On fait la connaissance d'un nouveau croquemitaine en la personne de Lord Fiddle, au moins aussi abject que son prédécesseur, Lord Kurb.

On découvre enfin la fille volée de Jay qui elle-même découvre l'histoire de sa mère.

On suit encore et toujours ces événements criminels contemporains qui prennent racine dans un passé qui ne passe pas, et on a enfin l'impression de comprendre un peu mieux ce que le présent doit aux drames du passé.


On retrouve avec plaisir dans cet album la narration de Zidrou, dénonciatrice et ironique à la fois, qui place les personnages à détester dans des situations où ils s'affichent comme ridicules ou malfaisants – souvent les deux à la fois – et n'hésite pas non plus à montrer de manière explicite le prix que paient les héros pour leur résistance.

Quant au dessin de Homs, il est toujours aussi beau à voir, dans le genre cartoony/réaliste qui est celui de la série, et n'hésite jamais à donner dans le spectaculaire.

A lire en attendant le tome 6 (car des questions demeurent).


Shi t5, Black Friday, Zidrou, Homs

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