Descente - Iain Banks in Bifrost 114

Dans le Bifrost 114 , on trouve un édito dans lequel Olivier Girard – aka THE BOSS – rappelle que, en SF comme ailleurs, un part et un autre arrive. Nécrologies et anniversaires mêlés. Il y rappelle fort justement et pour notre plus grand plaisir que, vainquant le criminel effet de génération, Michael Moorcock et Big Bob Silverberg – les Iguanes de l’Imaginaire – tiennent toujours la rampe. Long live Mike and Bob !! Suivent les rubriques habituelles organisées en actualité et dossier : nouvelles, cahier critique, interview, biographie, analyses, bibliographie exhaustive, philofiction en lieu et place de scientifiction (Roland Lehoucq cédant sa place à Alice Carabédian) . C'est de Iain Banks qu'il est question dans le dossier de ce numéro, on y apprendra que la Culture n’est pas seulement « ce qui reste quand on a tout oublié ». Dans le Bifrost 114 on pourra lire une jolie nouvelle de Iain Banks, intitulée Descente et située dans l’univers de la Culture (il y a des Orbitales)

Promethea vol II - Moore - Williams III


"Promethea l'Intégrale vol. II".

Le pourquoi du comment est expliqué dans la chronique du volume I.


Dans ce volume, Promethea/Sophia part à la recherche de Promethea/Barbara elle-même partie vers le monde de l'âme, vers Dieu et le « Paradis », pour retrouver et ramener son mari Steven, l'un des créateurs terrestres de Promethea ; une catabase donc (ou une catabase inversée suivant comment on le lit).

Elle laisse la responsabilité du monde matériel, et singulièrement de sa ville d'origine, à sa meilleure amie Stacia qui devient, « associée » à Grace Brannagh, une inédite Promethea/Stacia. Une paire volcanique qui engendre une version de Promethea bien plus violente que les précédentes.


La Terre entre de bonnes (?) mains, Promethea/Sophia entame sa quête. Préparée (vol. I) par le magicien Jack Faust (celui du bullshit tantrique), elle grimpe l'Arbre de Vie, de Sephiroth en Sephiroth, d'abord seule, puis en compagnie de Promethea/Barbara qu'elle retrouve rapidement.


Passant les niveaux de l'intelligence puis de l'émotion, elles se dirigent vers ceux de l'être puis de l'âme. Empruntant certains des chemins (dont les 22 dessins forment l'alphabet hébraïque) qui relient le bas (Yesod) au haut de l'Arbre (Kether), passant même par les Sephiroth « cachées », les deux femmes, d'épreuve en épreuve, acquièrent une compréhension de plus en plus détaillée de l'univers. Elles (re)découvrent donc le caractère brisé de celui-ci entre un haut divin et les diverses étapes de plus en plus matérielles de l’individualisation, les complémentarités femelle et mâle qui le structurent, la nature même de Dieu sous la multiplicité des formes qu'il revêt, et l'unicité des mythes en dépit de leurs interprétations situées.


C'est un voyage éprouvant au cours duquel les deux femmes devront accepter d'intégrer toutes les facettes de leur être (même les moins ragoutantes), de comprendre le pouvoir des émotions, de la raison, du sexe et de la compassion, de se mettre à nu face à la création, de voir et devenir les rares témoins vivants de la multiplicité des principes et de leur unité nécessaire par delà les formes matérielles ou symboliques qu'ils peuvent assumer.

Un voyage aussi durant lequel une petite fille perdue retrouvera son père, et où des vérités perdues ressurgiront et permettront de « soigner » les égos traumatiques des deux femmes.


Pendant ce temps, sur Terre, Promethea/Stacia fout un peu la merde, se met le FBI à dos, mais sauve néanmoins le maire de NY de la légion démoniaque qui le possédait. Pas mal pour une impulsive en cavale, d'autant qu'elle comprend alors que l'humain doit intégrer tous les aspects de son être, jusqu'à ceux qu'on peut qualifier de démoniaque, pour être à même de les garder sous contrôle. Il n'y a pas de monstre, le monstre c'est soi. Et combattre le monstre est, au sens strict, un effort contre soi. Une autre prise de conscience donc, complémentaire de celles des deux Promethea en anabase.


L'album est toujours aussi beau, et ce n'est pas un mince tour de force que d'avoir donné une interprétation visuelle et intelligible de l'ascension de l'Arbre de Vie.

Néanmoins, en ce qui me concerne, j'ai trouvé les 200 pages de Kabbale illustrée (le peu qui reste se passe sur le plan matériel) un peu épuisantes. Le tantrisme du tome précédent ne durait qu'un épisode (suivi il est vrai par une réinterprétation, plutôt jolie, de l'histoire du monde par les tarots). Ici, la presque la totalité de l'album constitue un Kabbalah 101.

Et je me dis que, si Madona s'y est mise et pas moi, c'est que, fondamentalement, l'explication ésotérique de l'univers m'indiffère. Or, c'est précisément ce que propose cet album. Je sors donc mitigé de cette lecture. C'est un superbe livre d’images et un tour de force interprétatif qui, sublimant la sécheresse des textes médiévaux sur lesquels il se fonde les enlumine à tous les sens du terme, mais, problème, il s'agit ici de l'interprétation d'une chose qui ne m'intéresse guère. 

A toi de voir, lecteur, si tu es plus motivé. C'est possible ; chacun ses point aveugles.


Promethea, Livre Deuxième, Moore, Williams III

Commentaires

Anonyme a dit…
@TIBERIX : Je suis donc visiblement le seul à avoir du mal à vouloir me plonger volontairement dans les phantasmes égotistes du garçon ? N'étant pas payé (toi formé à vrai dire) pour lui assurer une bonne séance d'analyse Jungienne, je préfère passer. Comme souvent avec Moore.
Gromovar a dit…
Pour le coup, là, passer son tour aurait été judicieux.