Thomas Ligotti - Chants du cauchemar et de la nuit - maintenant chez Rivages

  Ressortie chez Rivages, quinze ans après l'édition initiale chez Dystopia Workshop, du Chants du Cauchemar et de la Nuit , de Thomas Ligotti. Il avait été chroniqué en 2015 pour Bifrost. Je reproduis hic et nunc cette chronique afin que chacun sache que ce fascinant ouvrage est de nouveau disponible, sous une bien belle couverture. Enjoy ! Thomas Ligotti est une star de l’horreur psychologique et/ou philosophique dans le monde anglo-saxon, si connu et si nihiliste qu’on a accusé les créateurs de la série True Detective de lui avoir piqué des idées. Il n’était toujours pas traduit en France. Omission coupable réparée grâce aux Editions Dystopia et à la traductrice Anne-Sylvie Homassel. Cette dernière a composé Chants du cauchemar et de la nuit , un recueil VF inédit de l’auteur, comptant onze nouvelles, issues de divers ouvrages VO, et une préface de la traductrice. Judicieusement choisies, ces nouvelles offrent une vision globale des facettes du travail de Ligotti. De la presque...

Night of the Mannequins - Stephen Graham Jones


Sawyer, Shanna, JR, Danielle, and Tim sont cinq amis d'enfance d'une petite ville américaine. Ils se connaissent depuis toujours, ont vécu ensemble tous les jeux et toutes les bêtises, ont grandi du jardin d'enfant au lycée. Et maintenant ceci va se terminer car arrive l'heure de la séparation, monde du travail ou départ pour l'université.

Shanna vient de trouver un emploi dans le cinéma du coin. Et ici, je laisse la parole à Sawyer :
« So Shanna got a new job at the movie theater, we thought we’d play a fun prank on her, and now most of us are dead, and I’m really starting to feel kind of guilty about it all. ».

Cet incipit est le preuve qu'un bon incipit ne fait pas un bon texte.

J'ai lu cette novella de Stephen Graham Jones après le très bon The Only Good Indians. Comme dans le roman, une bande d'amis d'enfance y est confrontée à une adversité surnaturelle fatale. Ou pas.
Car ce qui provoque ici la peur panique de Sawyer, ce qui le pousse à des actes aussi horribles qu’irrémédiables, est la certitude que le mannequin trouvé un jour par la bande, et qui a été leur compagnon de jeux involontaire durant toute leur préadolescence, a pris vie lors de la blague faite à Shanna et a décidé de se venger de ces « ex-amis » qui, l'âge adulte approchant, l'ont oublié et s'apprêtent à l'abandonner définitivement.

C'est pour Sawyer l'occasion de réfléchir au temps qui passe et aux amitiés que la vie délite, l’occasion aussi de se comporter en « héros », d'une façon que nul ne pourrait cautionner, guidé par une folie dont on ne comprend pas vraiment l'origine.
Évoquant explicitement Frankenstein et l'incompréhension agressive que peut ressentir le monstre, "Night of the Mannequins" est raté en ceci qu'il n'est pas une seule fois stressant ou effrayant. Tout est désespérément plat : faits, style, narration. Au point même qu'un angle de lecture qui aurait pu être intéressant, celui de l'observation du développement d'une paranoïa, est trop traité par dessus la jambe pour intéresser ou apprendre quoi que ce soit. N'est pas Stephen King qui veut.

A éviter donc.

Night of the Mannequins, Stephen Graham Jones

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