Descente - Iain Banks in Bifrost 114

Dans le Bifrost 114 , on trouve un édito dans lequel Olivier Girard – aka THE BOSS – rappelle que, en SF comme ailleurs, un part et un autre arrive. Nécrologies et anniversaires mêlés. Il y rappelle fort justement et pour notre plus grand plaisir que, vainquant le criminel effet de génération, Michael Moorcock et Big Bob Silverberg – les Iguanes de l’Imaginaire – tiennent toujours la rampe. Long live Mike and Bob !! Suivent les rubriques habituelles organisées en actualité et dossier : nouvelles, cahier critique, interview, biographie, analyses, bibliographie exhaustive, philofiction en lieu et place de scientifiction (Roland Lehoucq cédant sa place à Alice Carabédian) . C'est de Iain Banks qu'il est question dans le dossier de ce numéro, on y apprendra que la Culture n’est pas seulement « ce qui reste quand on a tout oublié ». Dans le Bifrost 114 on pourra lire une jolie nouvelle de Iain Banks, intitulée Descente et située dans l’univers de la Culture (il y a des Orbitales)

Les frères Rubinstein - Brunschwig - Le Roux - De Cock


1927. Moïse et Salomon Rubinstein sont deux frères. Ils vivent dans le Nord de la France, dans le coron d'une cité minière où leur père est tailleur.
Moïse n'est pas un bon élève mais il est dynamique et débrouillard. Salomon est le meilleur élève de l'école privée dans laquelle il étudie grâce à une bourse d'étude charitable.

Juifs, ils connaissent l’antisémitisme ordinaire de l’époque (illustré à son summum par la terreur locale de la mésalliance, si peu probable soit-elle). Mais leur famille est aimante, et s'ils ne sont pas riches ce n'est pas la misère.
Pauvres dans une cité où tous sont pauvres, ils sont juifs dans une cité où très peu le sont. Alors, même s'ils vivent comme leurs voisins, eux subissent en plus des inégalités liées à leur position sociale celles liées à leur religion.
C'est ainsi que Salomon sera dépossédé d'une récompense qu'il méritait (et là aussi les deux variables sociales sont explicatives). C'est ainsi aussi, qu'après une tentative de Moïse de rendre à son frère la chose dont il avait été spolié, un mensonge encore inexpliqué dans ce tome fait du débrouillard un agresseur. Et que toute la famille paie le prix élevé de l'injuste mensonge, lors d'une expédition vengeresse qui rappelle, à petite échelle, les pogroms de sinistre mémoire.
Après ces événements, et alors que la police locale prend le parti du menteur contre sa victime, la fuite est la seule solution pour les deux frères. Une fuite qui les conduira très loin, jusqu'au USA.

Ceci, c'est le début de l'histoire biographique des frères Rubinstein. Elle est racontée en 1934 à un Juif californien propriétaire de cabaret par les deux frères, alors qu'ils cherchent un engagement pour le spectacle de chant qu'ils veulent monter avec trois excellents - disent-ils - chanteurs noirs.

1927 et 1934 ne sont pas les deux seuls fils narratifs.
On visite aussi 1938, quand Salomon revient en Europe contre l'avis de Moïse qui pense que plus personne ne veut des juifs en Europe, et 1942, année tragique où Salomon est déporté à Sobibor et commence à vivre les horreurs qui s'y passent et dépassent même ce que les plus pessimistes pouvaient imaginer.

Dans ce tome 1 de la série Les frères Rubinstein intitulé "Shabbat Shalom", on voit les personnalités complémentaires des deux frères (inspirés de Brunschwig et de son frère), on devine leur bonté innocente que le monde soumettra à rude épreuve, on comprend la pression mise sur Salomon comme espoir républicain de la famille, on s'indigne face à l'injustice flagrante - et poignante -  du plafond de verre qui affecte les Juifs et les petites gens, et on sent venir avec effroi les horreurs concentrationnaires.
On voit aussi une fenêtre d'espoir s'ouvrir aux USA, dont on ne sait pas encore comment elle évoluera.

Tome introductif d'une série en neuf volumes, "Shabbat Shalom" ouvre des fils qui ne sont, pour le moment, que peu développés. C'est la loi du genre.
Il faudra attendre d'en savoir un peu plus, tant pour combler les trous que pour voir les personnalités s'affirmer. Mais on peut faire confiance imho à l'excellentissime Brunschwig. D'autant que les dessins réalistes de '14-18' Le Roux (et Chevallier aux décors) sont très agréables et que la colorisation de De Cock crée une (des) ambiance réussie.

Les frères Rubinstein t1, Shabbat Shalom, Brunschwig, Le Roux, Chevallier, De Cock

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