Voile vers Byzance - Robert Silverberg

Cinquantième siècle. La Terre n'est plus peuplée que de quelques millions de citoyens. Immortels dans un âge de post-rareté, ils vivent une éternité de loisirs dans cinq cités reconstituées : Xi’an, Asgard, New Chicago, Tombouctou et Alexandrie. Xi’an, New Chicago, Tombouctou et Alexandrie sont des cités disparues, comme tout ce qui a précédé le cinquantième siècle. Asgard, elle, est une cité imaginaire, « reconstituée » pourtant comme si elle avait vraiment existé. Pour que chacune des villes soit plus qu’un grandiose décor inerte, des millions de « temporaires » les peuplent : des PNJ qui interagissent pour insuffler de la vie aux lieux et, accessoirement, servir les citoyens de passage avant qu’ils ne voguent vers une autre des cinq cités. Il n'y a jamais plus de cinq villes sur Terre. Elles sont régulièrement démantelées par des robots autonomes qui construisent ensuite leurs remplaçantes ; Asgard doit être prochainement détruite afin que Mohenjo-Daro puisse p...

L'appel de Cthulhu - Tanabe d'après Lovecraft


Bon, parfois il faut prendre des décisions des décisions radicales, comme par exemple de faire une brève revue de BD, parce qu'on vient d'en lire trois (avec une quatrième à suivre pour demain) et qu'on n'a pas vraiment le temps de faire de tout ça une recension détaillée (restent plein de fraises à cueillir, Sibeth comprendra).

Commençons par l'adaptation manga de "L'appel de Cthulhu" par Gou Tanabe, cinquième opus du cycle qu'il consacre aux Chefs d’œuvre de Lovecraft.

Après une Couleur tombée du ciel décevante car incapable de rendre sur son média propre l'étrangeté fondamentale de la « couleur » lovecraftienne, "L'appel de Cthulhu" est imho une vraie réussite.
Le récit en enchâssement (résumé ici), fondateur du mythe bien qu'il n'en forme pas l'origine, est parfaitement adapté dans le manga. Et surtout, c'est une réussite graphique incontestable, tout le contraire du précédent volume.

Ici, le noir et blanc ne pose pas problème et Tanabe parvient à illustrer les horreurs lovecraftiennes sans les trivialiser. Superbes doubles pages cosmiques, maritimes, ou architecturales, magnifiques tablettes d'argile ou statuettes antédiluviennes, bâtiments résolument cyclopéens et angles aussi non-euclidiens que possible, tout est parfaitement rendu, jusqu'à Cthulhu lui-même, assez précis pour être vu et assez indistinct pour être de la matière dont on fait les songes ou les cauchemars, terrifiant de par son impossible matérialité, son implacable poursuite mutique qui en fait une force élémentaire plus qu'une volonté consciente, et son inintelligibilité radicale.

On pourra si on veut reprocher à Tanabe d'avoir allongé la sauce sur deux scènes de combat qui ne représentent que quelques lignes dans le texte original (petit plaisir de dessinateur sans doute et syndrome Jackson's The Hobbit sûrement), mais là où mon collègue et néanmoins estimé blogueur Feyd Rautha voit une magnification du racisme de Lovecraft qui fait de Noirs l'ennemi, je n'ai vu que lutte contre des cultistes dont les actes et peintures de guerre même les mettent en dehors de toute espèce humaine, alliés qu'ils sont des Grands Anciens, nos ennemis mortels et immémoriaux. Je crains qu'un filtre trop contemporain ne nuise ici à l'appréhension de l’œuvre.

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