La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Doggybags 15 Mad in America


Juste un mot sur le dernier numéro sorti de la série simili-comic DoggyBags, qui arbore le numéro 15 et s'intitule "Mad in America".

Et de fait c'est bien de la folie racialiste et raciste américaine qu'il est question dans cet opus. Pas d'opportunisme ici, le numéro a été réalisé avant l'affaire Georges Floyd et les protestations qui en ont résulté. Le signe en revanche d'une sensibilité à certains des problèmes structurels des USA, à savoir : un racisme endémique alimenté par un racialisme fondateur qui n'a jamais cessé d'exister dans un pays où l'une des premières informations qu'on recueille ou qu'on communique sur une personne est son origine ethnique, une circulation incontrôlée des armes considérée comme un droit garanti par la Constitution, une liberté d’expression si étendue qu'elle permet toutes les violences verbales desquelles naissent les violences physiques.

Les habitués de DoggyBags en connaissent le format, les autres découvriront un simili-comic au look rétro. Trois histoires en BD (NB ou couleur), une courte nouvelle, des pages de pubs pour d'improbables produits, plus quelques éditos, de courts articles informatifs (plutôt réussis) ou avertissements préliminaires, sans oublier LE POSTER GRATUIT.

La nouvelle, on passe. Totalement dispensable.

Les trois histoires :

Manhunt. Un jeune homme noir échappe à la pendaison que lui promettait une paire de salopards pour tomber, en s'enfuyant, sur une créature monstrueuse qui semble bien plus dangereuse. Mais, tada, il y a un twist final. Mouais. Violence raciste, course dans le bayou, morts, peur, sauf qu'on n'a pas peur et que le twist est bâclé. De plus, si certains traitement graphiques – premier plan net et background flou – sont intéressants, le dessin fait trop cartoon pour inquiéter.

Héritage. Plus intéressante, une histoire de vengeance sur fond de KKK qui montre que le mal ne peut qu'engendrer plus de mal. Aurait sûrement été plus réussie si plus développée. Pas mal comme revenge story, sans enthousiasme excessif. Quelques images fortes néanmoins comme un Strange Fruit revisité.

Conspiracism est la meilleure imho. Une histoire de mass shooting dans une église noire qui permet de présenter le monde délirant des groupes en ligne et des chaînes TV qui nient l'existence des dits mass shooting et prétendent qu'ils ne sont que des simulacres destinés à priver les Américains de leur droit de posséder des armes. Un monde de paranoïaques absurdes qui seraient juste risibles s'ils ne s'exprimaient régulièrement en commettant des tueries de masse dans le simple but de prouver un point ou de soulager un instant leur misère existentielle. La meilleure, et de loin.

Bilan : un petit plaisir régressif. Rien n'est indispensable – sauf sans doute Conspiracism – mais tout est agréable par son côté rétro – et c'est pas trop cher. C'est toi qui vois, lecteur.

DoggyBags 15, Mad in America, Run et al.

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