Les Nominés du Prix Planète-SF 2025

Le scrutin pour désigner la short list du Prix Planète SF 2025 est maintenant clos. Les forumeuses et forumeurs ont voté et choisi : Requiem pour les fantômes de Katherine Arden traduit par Jacques Collin (Denoël Lunes d’Encre) Les membres du jury ont voté et choisi : La Cité des lames de Robert Jackson Bennett traduit par Laurent Philibert-Caillat (Albin Michel Imaginaire) Une Valse pour les grotesques de Guillaume Chamanadjian (Aux Forges de Vulcain) Les Champs de la Lune de Catherine Dufour (Robert Laffont Ailleurs & Demain) Autrement dit, A B C D. L’univers est bien organisé. Le jury dispose maintenant de tout l’été pour faire les rattrapages de lecture nécessaires avant une délibération à la rentrée pour décider lequel de ces quatre romans deviendra le Prix Planète-SF 2025.

Trees : Three Fates - Ellis - Howard


S’il y a toujours des Arbres, c’est un changement complet de perspective que propose le tome 3 de la série Trees.

Toska, Russie.
Une petite ville rurale tout au bout de la ligne de chemin de fer. L’électricité dépend du stock de fuel, le téléphone de l’état des pilonnes relais.
Il a y sept ans un Arbre s’est abattu non loin de Toska. Depuis, la population est tombée de 600 personnes à une soixantaine, et la ville, loin de tout, comme endormie, porte mieux que jamais son nom qui en russe signifie quelque chose entre ‘mélancolie’ et ‘ennui’.
Il y a sept ans, quand l’Arbre s’est abattu, il a écrasé Sasha, l’amant de Klara, la sergent de police locale. Klara est restée, seule. Elle n'a guère de travail mais elle le fait par devoir envers la communauté.

Aujourd’hui, on vient chercher Klara pour lui signaler un cadavre, poignardé et mutilé, tout à côté de l’Arbre. Premier meurtre depuis toujours peut-être, sûrement en tout cas depuis l’atterrissage. Le mort est un inconnu. Qui était-il ? Qui l’a tué ? Et pourquoi ? Répondre à ces questions est la tâche de Klara.

Une enquête simple à priori. La ville étant isolée dans la cambrousse et reliée au reste du pays par une seule ligne de chemin de fer, un seul train venant y « mourir » chaque jour, il ne devrait pas être trop difficile de savoir qui est descendu du train et ce qu’il a fait ensuite. C’est là que les choses se corsent pour Klara, car si Nina, la chef de gare, affirme n’avoir vu aucun inconnu au train de la veille, il s’avère dès la planche suivante qu’elle ment.

L’album devient alors un thriller nerveux et violent, une course poursuite entre Klara et ceux qui veulent empêcher son enquête, quitte à laisser une trainée de cadavres derrière eux.
Fil rouge du récit, une méditation initiée par Sasha, qui, de son vivant, s’interrogeait sur ce que nous apprenait l’existentialisme de Sartre, sur la responsabilité qu’a l’individu libre tant envers l’avenir vers lequel se projeter qu’envers le passé que la conscience se donne comme existence. Et si les Arbres servaient à contenir ou à ramener le passé ? La question restera ouverte.

A la fin, alors que Klara quitte la ville, on voit y pousser les premiers lotus noirs. Les humains gigotent. Ils s’entredéchirent. Le tout sous l’absence implacable de regard des Arbres.
Tout a une fin. La vie, la communauté, le pouvoir. Tout. Restent les Arbres. Et leur agenda.

C’est encore une album très bien écrit que propose Warren Ellis ici. Rythmé, nerveux, glauque, servi par un graphisme qui plonge le lecteur dans la pénombre d’une ville à l’agonie. Un page turner qui est en même temps un ouvrage mélancolique.
Que les fanatiques d’Arbres qui voudraient voir plus et savoir plus sachent néanmoins que le monstre extra-terrestre ici est plus inerte et silencieux que jamais. Sachez-le pour éviter d’aller au devant d’une déception possible.

Trees, t3, Three Fates, Ellis, Howard

Commentaires