Harmattan Season - Tochi Onyebuchi

Afrique, lieu indéterminé (ayant connu la colonisation française) , date indéterminée (sans doute vers le début du XXe siècle) . L'harmattan est un vent (de sable) qui souffle principalement à certaines saisons. Les saisons d'harmattan, propices aux tempêtes de sable, sont (le jour) très chaudes et sèches, provoquant troubles physiques et psychiques chez ceux qui le ressentent. Dans Harmattan Season , un personnage compare la présence française à un harmattan qui ne connaitrait pas de fin. Boubacar est un enquêteur privé. Il gagne d'habitude sa vie en retrouvant ceux qui ont disparu, par choix ou contre leur gré. Il le fait en naviguant entre les deux communautés du pays où il vit : les dugu (qui sont les autochtones) et les diéman (les blancs) . Mais depuis plusieurs mois les affaires vont mal, les dettes s'accumulent, et il est vraiment dans la dèche. Voilà qu'un soir une jeune femme visiblement blessée frappe frénétiquement à sa porte et entre dans son bureau...

Tamanoir - Jean-Luc A. d'Asciano


"Tamanoir" est un projet zarb' né dans l'esprit de Jean Luc A. d'Asciano d'une conversation alors qu'il était au milieu de l'écriture de Souviens-toi des monstres. Il s'agissait de créer un succédané de poulpe à la sauce fantastique. Voilà comment, quelques années plus tard est né "Tamanoir", un nouvel animal aux extrémités proéminentes en lieu et place du Poulpe original.

Tu connais sûrement, lecteur, le Poulpe – au moins de nom.
Il est le personnage principal d'une série de polars inaugurée par Jean-Bernard Pouy.
Le Poulpe, de son vrai nom Gabriel Lecouvreur, est un « détective » anar et gouailleur qui, en fait, n'enquête pas vraiment grand chose, mais fout assez de bordel dans le petit milieu qui entoure l'affaire à laquelle il est confronté pour que celle-ci tende à se régler peu ou prou toute seule, par autocatalyse.
Des dizaines d'auteurs ont écrit des aventures du Poulpe, chacun devant respecter la bible de la série.
Mais, hasard ou volonté, jamais de fantastique dans les aventures de l'octopode proudhonien.

D'Asciano, avec son "Tamanoir", corrige cette carence et livre une histoire qui convoque, dans le Paris actuel, non loin du Père Lachaise, immortels et démons.

Le roman (court, ça fait partie du deal), s'ouvre sur un triple meurtre. Un SDF et deux travailleurs sociaux abattus par des professionnels à l'intérieur du Père Lachaise. Mais voilà qu'un des cadavres – et son chat – se relève. Quelque chose n'est décidément pas clair et visiblement fantastique.

Peu de temps après, prenant son café au troquet La tentation de Saint-Antoine, Nathaniel, dit le Tamanoir, prend connaissance de l'affaire et décide de la prendre en main. Aidé de quelques amis hauts en couleurs, et du flair que lui donne son long nez, il plonge dans un milieu interlope plein d'associations douteuses, de SDF, de punks à chien, de Gitans, de Serbes...
Au prix de grands périls et de quelques castagnes, tirant le fil des meurtres mystérieux au cimetière, il met à jour une petite affaire qui progressivement devient très grosse et découvre des vérités incroyables sur des plans de réalité qui ne sont pas ceux qu'habite normalement l’humanité. A la fin, bien sûr, après un odyssée dantesque inversée (il monte au lieu de descendre), il gagne, et c'est tant mieux.

Créant un petit monde anarchiste et très populaire à la Mocky, d'Asciano invente un univers entre Le Poulpe (c'était le but) et San Antonio.
C'est populo, cru, assez crade, limite scato à un moment donné (lorsqu'est utilisée une « lance » magique qui est tout sauf celle de Longinus).
C'est bavard aussi. Ca cause Jünger, ça disserte Révolte des Cabochiens, ça parle Jésus.
C'est rigolard dans la forme, même si les enjeux du fond sont sérieux et nous rappellent que « The evil than men do lives on and on ».

Et ça respecte à la lettre la bible du Poulpe. Qu'on en juge.
Le Poulpe s'appelle ainsi à cause de ses longs bras, le Tamanoir à cause de son long nez.
Le Tamanoir a une compagne libre et forte, comme le Poulpe.
Il est pote avec le personnel du troquet près de chez lui, comme le Poulpe ; le cuisinier s'y nomme même Vlad dans les deux cas.
Le bistrotier du Poulpe a un chien, celui du Tamanoir un perroquet.
Le Poulpe est pote avec un anarchiste espagnol surarmé, le Tamanoir avec un Italien du même tonneau.
Même la structure des romans colle au modèle. Début avec le meurtre. Prise de connaissance de l'affaire au bistrot. Début d'enquête. Passage chez la copine qui, de fait, loge le Tamanoir. Plan et armes, avec le pote anarchiste. Lecture d'un livre (passage obligé). Descente de bière (plusieurs, passage obligé aussi). Bagarres nombreuses et évanouissements. Conclusion au bistrot. Après l'intervention du Tamanoir tout est rentré dans l'ordre et la justice a été rendue (même si par des voies tortueuses).

Voilà, c'est marrant, pas sérieux (en dépit d'un monologue qui, lui, l'est pourtant), vite et agréablement lu. Et c'est ouvert à maintes suites ou reprises ; monde et personnages sont crées.
Les amateurs du Poulpe ou de San Antonio adoreront. Les joueur d'In Nomine Satanis aussi. Les autres...à voir.

Tamanoir, Jean-Luc d'Asciano

Commentaires

Alias a dit…
Fan de San-Antonio et plutôt amusé par le Poulpe, il me dit bien celui-ci.

Faudra voir si ce n'est pas trop du copier-coller.
Gromovar a dit…
Amateur sans être fan ça ne m'a pas gêné.
A toi de voir au cas où ton niveau d'exigence serait plus élevé.
Alias a dit…
Lu et chroniqué, publication dans la semaine. C'est du très bon, pas du tout copié-collé, avec une écriture bluffante. Merci pour la recommandation.
Gromovar a dit…
Alors super. Bonne pioche :D