Les Résidents - Lemire - Sorrentino - Le Mythe de l'Ossuaire t3

Avec Les Résidents , tome 3 du Mythe de l'Ossuaire , le cycle BD de Lemire et Sorrentino situé dans un univers mythologique partagé imaginé par les auteurs, on entre vraiment dans le lourd. Lourd d'abord car ce gros volume de 312 pages pèse son poids, lourd surtout car cet opus qui regroupe les dix numéros de l'arc Les Résidents est vraiment impressionnant. Quelques mots de l'histoire, sans trop spoiler. Sept personnes vivent (au milieu de beaucoup d'autres) dans un immeuble d'habitation urbain dégradé mais quelconque. Ces sept personnes – Isaac, Amanda, Justin, Félix, Tanya, Bob et Gary –l'ignorent mais elles sont liées. Liées entre elles, liées aussi à cet immeuble qui est certainement un lieu malfaisant (car sinon ce serait elles qui le sont, et comment le jeune Isaac ou l'aimante Amanda, sans même parler des autres, pourraient-ils être accusés de malveillance ?) . A la mort imprévue de l'un des sept, une clef est tournée et un grand bouleversem...

Deux Prix pour Le Bélial aux Utopiales 2019


AUX UTOPIALES 2019, ON PEUT DIRE, JE CROIS, QUE LE BÉLIAL A BIEN GAZÉ.
THUMBS UP BUDDIES !


PRIX VERLANGER POUR :
LES MEURTRES DE MOLLY SOUTHBOURNE DE TADE THOMPSON



PRIX UTOPIALES POUR:
HELSTRID DE CHRISTIAN LÉOURIER
(dont je livre dessous ma chronique Bifrost en avance, mais ça s'impose)
(en tout petit, comme ça ça se voit moins ; plus, j'invoque un privilège de clergie)


Helstrid est une novella de SF de Christian Léourier. C'est aussi le nom de la planète très inhospitalière sur laquelle se déroule le récit. Une atmosphère saturée d'alcane, des vents approchant les 200 km/h, des températures inférieures à -150 °C, Helstrid a tout pour qu'on ne s'y pose pas. Mis à part des ressources minières. ; voilà pourquoi la Compagnie l'exploite. C'est sur Helstrid que travaille Vic, avec quelques autres aux motivations variées – argent, goût de l'aventure, de la découverte, ou encore, dans le cas de Vic, la volonté de se refaire une vie après une rupture douloureuse. Car si les contractuels ne passent que peu d'années sur Helstrid, le voyage aller-retour – en hibernation – prend cinquante ans. Quand il reviendra sur Terre, Vic, enrichi, retrouvera un monde différent et un entourage vieilli ou décédé.

Pour l'instant en tout cas, Vic est sur Helstrid et il doit convoyer du ravitaillement à un avant-poste qui en a grand besoin. C'est à bord du convoyeur Anne-Marie qu'il va s'élancer vers l'antenne N/2, accompagné par les convoyeurs automatiques Béatrice et Claudine. De fait, pour cette mission, Vic ne sert à rien, les trois IA des véhicules gèrent seules trajet et pilotage, la présence humaine n'est contrainte que par un protocole désuet. Durant la quarantaine d'heures prévue pour le voyage, Vic aura donc le temps de s'interroger sur le sens de la vie. Mais voilà que les incidents se multiplient, que la survie même de Vic devient douteuse, et que l’interrogation existentielle prend une tournure terriblement actuelle.

Ayant fui le souvenir d'une femme aimée qui l'a quitté sans explication, Vic réalise trop tard que, si loin qu'on aille, ce n'est jamais qu'avec soi qu'on part, et qu'à destination ne se trouve nul autre que soi-même. Arpentant le sol glacé d'un monde encore plus dangereux qu'il ne l'imaginait, Vic n'est pas un héros. Il n'est qu'un homme seul, perdu au milieu d'un enfer environnemental, un nobody contre qui une planète largement inconnue s'acharne, un solitaire forcé d'accorder sa confiance, jusqu'à lui confier sa vie, à une IA qui dit faire de sa sécurité sa priorité. Guide et planche de salut à la fois, Anne-Marie sait être une compagne compatissante durant ces quelques jours d'effroi. Amicale, prévenante, rassurante, conversant volontiers, elle disserte sur la conscience et la perception, jusqu'à prouver à Vic qu'entre son moi numérique et celui, biologique, de son passager les différences sont moindres qu'il ne le croit. Sur la fin, alors que tout est encore en balance, Vic fera preuve de dignité et de courage, des caractéristiques humaines qui contrastent avec la rationalité tranquille de l'IA.

Lisant Helstrid, le lecteur passera plus de cent pages en compagnie du couple improbable formé par Vic et Anne-Marie. Et il en sortira éprouvé car Vic est un personnage que sa détresse rend attachant au point qu'on tremble pour lui quand le danger arrive. L'homme et l'IA vont de Charybde en Scylla, la tension ne cesse de monter jusqu'à l'insupportable, on se croirait parfois dans Le salaire de la peur.

Léourier raconte ici une très belle histoire pleine de tension et d'humanité – une sorte de Vieil homme et la mer de l'espace. Il offre une de ces histoires old school qui mettent le focus sur l'homme face à l'adversité, qui l'obligent à se mettre au clair avec ce qu'il est, qui oublient pour un temps société et politique. Une histoire reposante, en somme, par la simplicité de ses enjeux, et en même temps terriblement implicante par l’énormité de ceux-ci – pour le héros menacé du récit comme pour le lecteur qui prend fait et cause pour lui au point que sa tension artérielle augmente au rythme du sien.
Must-read.

Commentaires

Lhisbei a dit…
Deux prix pour la collection UHL aussi :)
Gromovar a dit…
Les novellas en force.
Tigger Lilly a dit…
"dont je livre dessous ma chronique Bifrost en avance" Y en a qui ont été fusillé pour moins que ça. Enfin, c'est ce que j'ai entendu dire.
Gromovar a dit…
Si ça sort d'ici, je saurai que c'est toi.
Tigger Lilly a dit…
Je laisse le terrain de la dénonciation à d'autres :p
Tororo a dit…
Dans la mesure où ça donne envie de lire, et les bouquins, et le Bifrost, on peut considérer que c'est un choix win/win, non?
Renaud a dit…
J'ai adoré Helstrid, moins impressionné par les Meutres de Molly Southbourne, même si je lui reconnais une forte originalité.

Par contre, je lis sur liseuse, et les éditions Le Belial ont cette fâcheuse tendance sur ces format à mettre 25 pages de catalogue à la fin, ce qu'il fait qu'on ne voit pas la fin du roman arriver, et ça a tendance à me gâcher un peu la fin (même si il y a un effet de surprise certain du coup).
Gromovar a dit…
Je confirme pour les 25 pages de catalogue.
Je regarde toujours, dans du numérique, le sommaire dès le début de la lecture pour savoir justement où se termine le roman et où commencent les afterwords. Ca permet d'éviter la surprise.