Les Fils enchevêtrés des marionnettes - Adam-Troy Castro

Juste quelques lignes pour Les Fils enchevêtrés des marionnettes , le dernier UHL d'Adam-Troy Castro, qu'il vaut mieux lire après La Marche funèbre des marionnettes qu'avant. Le décor est toujours la planète Vlhan et son incompréhensible rituel mortifère annuel de masse, le Ballet. L'action prend place quelques années après les événements de La Marche funèbre des marionnettes qui relatait la première intervention dans la danse vhlani d'une humaine augmentée, Isadora. Le personnage principal est ici un shooter de neuropics (si tu es sur ce blog, tu dois voir de quoi il peut s'agir) , Paul Royko, venu couvrir pour son nombreux public galactique le dernier Ballet en date, et singulièrement la participation à celui-ci d'encore une humaine augmentée, Shakalan, venue elle aussi de l'autre bout de l'univers pour danser et mourir avec les Vlhans. Les Fils enchevêtrés des marionnettes est encore, comme toujours chez Adam Troy-Castro, un beau texte avec de

Falling in Love with Hominids - Nalo Hopkinson


Nalo Hopkinson est une Canadienne originaire de la Jamaïque, trop peu connue en France. Elle a pourtant déjà obtenu une liste assez impressionnante de Prix, parmi lesquels un John Campbell et un World Fantasy. "Falling in Love with Hominids" (titre hommage à Cordwainer Smith) est un recueil de 18 nouvelles écrites entre 2002 et 2015.

Née à la Jamaïque, élevée au Guyana et à Trinidad avant de déménager au Canada à l'âge de 16 ans puis de s'installer en Californie 35 ans plus tard, Hopkinson – dont la culture familiale est toute de littérature – est le réceptacle de quantité de cultures différentes et ça apparaît clairement dans ses textes ; c'est le substrat stable de sa fiction. Ce qui a évolué, en revanche, c'est elle et sa vision du monde, de l'adolescente dépressive et écorchée vive à la femme apaisée et souriante d'aujourd'hui. Si Hopkinson a toujours autant conscience des injustices et des inégalités du monde, elle a acquis peu à peu la certitude qu'on peut les aplanir en agissant, qu'on peut rendre le monde un peu meilleur, qu'on ne peut ni tout régler ni tout arranger mais qu'on peut faire sa part, si petite soit-elle. Elle a appris à aimer les Humains, et s'est ainsi réconciliée avec le monde.

C'est donc, de la SF au fantastique en passant par le post-apo, une voix originale que nous découvrons ici. Une voix multiculturelle et résolument positive, une voix militante et volontairement optimiste, pleine de tendresse pour ses personnages, proche de l'animisme parfois, pleine de magie souvent, et toujours attachée aux humains et à la nature qui leur sert d'écrin.
Une voix aussi qui inclut le fantastique au cœur même du quotidien sans avoir l'air d'y toucher, ou désoriente son lecteur avec des révélations successives qui changent le sens même de l'histoire qu'il lit.

Commençons par le post-apo qui ouvre le recueil. The Easthound raconte l'histoire terrifiante et triste d'enfants tentant de survivre à un monde dans lequel les adultes se sont changés en monstres sanguinaires. Problème : tout enfant est un adulte en devenir.

On lira aussi deux histoires de fantômes.
Left foot, right foot est un récit à la limite du weird, le lamento d'une sœur pour sa sœur perdue, un texte de culpabilité et d'expiation. Old habits nous en dit plus sur la vie post-mortem des fantômes, sur les vieilles habitudes qui ne meurent pas, sur le désir de sensations qui devient plus fort que tout. C'est à la fois drôle et émouvant.

On croisera aussi d'étonnants animaux, que ce soit dans le par ailleurs très prosaïque Emily Breakfast, l'hallucinant Herbal dans lequel un éléphant – je n'en dis pas plus –, le plus quelconque (et de commande) Snow Day avec sa surprenante ménagerie.

Et on n'oubliera pas les plantes ou les femmes-plantes primordiales.
Dans The smile on the face où une fille que tous moquent car elle est trop grosse libère son pouvoir et découvre l'amour lors d'une soirée qui oscille entre rêve et cauchemar. Dans un Délicious Monster plein d'amour, de dieux, et de créatures magiques. Dans Whose upward flight I love où des arbres échappent à l'hiver et aux hommes en prenant leur envol. Enfin, des fruits merveilleux sont présentés dans Men sell not such in any town.

A raggy dog, a shaggy dog est une histoire moite et dérangeante de passion pour les orchidées, de rats, et de parties génitales (oui). Limite weird. Une histoire de folie et de destruction, de passion destructrice donc. Dans le même ton meurtrier, Blushing réécrit de manière surprenante l'histoire de Barbe-Bleue.
Alors que A young candy daughter n'est que bonté, de cette bonté qu'exprime parfois les enfants et qui les pousse à une générosité extrême. Un conte de Noël vraiment miraculeux.

Message in a bottle est une surprenante et maîtrisée histoire SF de voyage dans le temps et de manipulation génétique vue à travers les yeux d'un contemporain qui découvre peu à peu à quel point les humains du futur seront différents de nous.

Hopkinson livre aussi deux adaptations.
Shift est une Tempête qui donne le premier rôle aux outsiders, décentre la vision traditionnelle que Shalespeare a donné de cette histoire, et aborde des questions de race, de pouvoir, d'identité, et d'empowerment. Ours is the prettiest livre une version diversitaire du monde de Bordertown. Ne connaissant ps l'original, j'ai eu du mal à accrocher.

Pas grand chose à dire sur la fille volante de Flying Lessons. On préférera la puissante magie des esclaves évadés « marooned » du très caribéen Soul Case.

Un recueil à lire, pour son ton, ses thèmes, son casual merveilleux.

Falling in Love with Hominids, Nalo Hopkinson

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