Les Diables - Joe Abercrombie

Les Diables est le dernier roman de Joe Abercrombie, le pape du grimdark. C'est un roman fantasy/action très dynamique, sanglant, violent et parfois drôle. Il est aussi plus profond que son début ne le laissait présager, et c'est le traitement des personnages qui fait sa qualité. Je ne peux en dire plus car ma chronique sera dans le Bifrost n° 120, et elle ne reviendra ici qu’un an après la sortie de la revue (c’est à dire, pfff…). Je peux au moins donner le résumé de la couv’ car celui-ci est disponible partout : L’Europe est au bord du gouffre. La peste et la famine la ravagent, des monstres rôdent dans l’ombre et des princes avides ne songent qu’à leurs dévorantes ambitions. Une seule certitude demeure : les elfes reviendront, et ils mangeront tout le monde. Mais parfois, les chemins les plus sombres mènent à la lumière. Des routes sur lesquelles les Justes n’ont pas l’audace de s’engager. Enfouie dans les entrailles du splendide Palais Céleste, le fief de la foi...

Tension extrême - Sylvain Forge - Retour de Bifrost 90


"Tension extrême" est le dernier thriller de Sylvain Forge.
Il a obtenu le Prix du Quai des orfèvres 2018, prix décerné annuellement à un roman policier par un jury présidé par le Préfet de Police de Paris et composé d'un aréopage de professionnels du droit pénal et de la procédure pénale.
Ceci explique peut-être cela. Car "Tension extrême" n'est pas un bon roman mais il est écrit pour ce jury-là.

Nantes, aujourd’hui. Deux hommes, jumeaux et porteurs du même modèle de pacemaker, succombent simultanément à une défaillance destructrice de leur implant cardiaque. Il est vite évident que les défaillances ont été provoquées de l'extérieur. On découvre bientôt que c'est le téléchargement d'un virus, lors d'une mise à jour sans fil de l'implant, qui a rendu le sabotage possible. Car le pacemaker était « connecté », comme le sont aujourd'hui nombre d'objets, du réfrigérateur à la montre en passant par les boxes, les téléphones ou les voitures. Un « Internet des Objets » dont les spécialistes savent qu'il est peu sécurisé et donc vulnérable à des attaques aux objectifs variés.

Jusque là, ça va. Pourquoi ne pas aborder ce thème d'actualité dans un roman policier ? Et pourquoi ne pas en faire un thriller dans lequel un génie diabolique de l'informatique menacerait de répandre dans la nature un virus très dangereux à une date symbolique pour lui ?

390 pages, 74 chapitres, dans mon expérience, ce n'est jamais très bon signe. Ca se vérifie ici. Le rythme trépidant que trouve l'auteur l'est au détriment de toute écriture ou caractérisation. Le style est au mieux nonchalant. L'auteur abuse d'un argot censé « faire flic » mais qui fait juste vieux. Beaucoup d'idées ou de situations sont évacuées en quelques lignes, dans un saupoudrage qui donne parfois l’impression qu'on lit le plan détaillé d'un roman à écrire. Les personnages (le vieux flic qui en a vu ou la jeunette surdiplômée ; sans oublier, hors personnage, les toppings qui font « vrai et émouvant » comme le désir d'enfant, la mort de la mère, ou les secrets de famille, le tout totalement hors du sujet principal et vite expédié aussi) reprennent les clichés faciles des romans policiers.

Les développements informatiques, pas toujours exempts d'erreurs techniques, sont souvent confus quand ils ne sont pas amusants de naïveté. En revanche, les noms complets des services policiers (jusqu'à leur localisation sur la carte de France), ou des procédures utilisées, a dû ravir le jury du Prix, même si l'auteur confond allègrement meurtre et assassinat par exemple.

Pour qui a été écrit ce roman ?
Je vois deux publics cibles.
D'abord, le jury du Prix du Quai des Orfèvres. Le passage en revue des services et des techniques de police (jusqu'aux fichiers spécialisés) a sûrement plu à un jury de professionnels qui a pu entrer dans ce roman comme dans ses pantoufles. Choix narratif gagnant pour l'auteur.
Ensuite, des lecteurs très peu regardants sur l'écriture (ou même la construction interne de l'histoire) à la recherche d'un divertissement qui leur donnera le sentiment d'avoir découvert quelque chose sur une menace qui nous environnerait et sur laquelle nous saurions trop peu. Grâce au roman, ils pourront briller en informant leurs amis sur le dessous des cartes. Carton plein pour eux ! Rien en revanche pour les lecteurs de Bifrost.

Tension extrême, Sylvain Forge

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