Bog People - Hollie Starling

Bog People est une « Working-class anthology of folk horror » , éditée par Hollie Starling.   Working-class anthology car, dixit Starling en préface, les textes rassemblés dans ce volume parlent de cette classe populaire britannique qui est l’objet d’une attention ambivalente de la part des CSP+, dans une société où le système des classes est bien plus évident et prégnant qu’en France. Working-class anthology encore, car dixit toujours Starling, les auteurs réunis ici ont montré patte blanche sur leur appartenance présente ou passée à la classe populaire. Une forme de #OwnVoices donc. Fidèle à l’assertion de Max Weber selon laquelle il n’est pas besoin d’être César pour comprendre César, je suis toujours aussi peu fan de cette approche ; nous verrons bien, rien ne dit que ça nuise.   Folk horror ensuite car c’est du peuple tel qu’en lui-même que veulent nous parler ces textes, de ce peuple britannique qui continue à exister loin de la modernité mo...

The Word of Flesh and Soul - Ruthanna Emrys


"The Word of Flesh and Soul" est une nouvelle de Rythanna Emrys, offerte sur le site Tor.com. Et, décidément, il faut que j'arrête de lire Ruthanna Emrys ou ma SAN finira par me lâcher complètement.

Dans une université qui peut évoquer Miskatonic, Polymede Anagnos et Erishti Musaru, deux femmes en couple, dont l'une est autiste, travaillent à l'interprétation de fragments de textes écrits en Lloala, le très ancien langage des Originators. Atrocement complexe, presque impossible à comprendre vraiment par manque de contexte culturel, ce langage de pouvoir martyrise, déforme, et métamorphose les corps de ceux qui l'étudient. Polymede et Erishti, bridées dans leur recherche par la tradition académique et le mandarinat des professeurs de l'université, proposent un article innovant à soumission. Seul problème : Polymede le fait dans le dos de Rallis, son directeur de recherche, et Erishti n'est qu'une free-lance passionnée, même pas universitaire. Ce coup sera-t-il couronné de succès ?

Texte aussi inutilement complexe et tortueux que le langage  Lloala qu'il met au centre - et qui rappelle, autre emprunt, l'Aklo -, "The Word of Flesh and Soul" est peut-être un tract déguisé pour affirmer les qualités de chacun, par delà les différences, et l'abjection intrinsèque des vieux barbons universitaires (j'hésite à ajouter mâle blanc mais je devrais sans doute) qui ne songent qu'à protéger leur pouvoir et se battent entre eux, par écuries interposées, comme des singes en lutte pour la dominance. Chacun ses lubies. Celles d'Emrys ne tangentent pas les miennes.
Et si la nouvelle ne m'a pas coûté d'argent, elle m'a fait gaspiller trente minutes de ma vie.

Mais ce qui tue ici, c'est la comparaison avec un autre texte, un roman certes, qui parle aussi d'université totalitaire et que je viens de terminer : Vita nostra.
"The Word of Flesh and Soul" est à Vita nostra ce qu'un William Lawson est à un Single Malt âgé. Et donc, ce n'est pas parce qu'il est gratuit qu'on est forcé de se l'infliger.

Note : Pour l'énorme Vita nostra, chronique dans deux/trois jours.

The Word of Flesh and Soul, Ruthanna Emrys

Commentaires

Anonyme a dit…
Tiberix: Content de voir que tu as eu le temps d’insérer Vita Nostra dans ta pile. Curieux de voir ce que tu en as pensé, pour moi une des meilleures lectures de ces derniers 6 mois (j’ai réussi à le finir c’est dire !). Même s’il y a quelques faiblesses sur la fin, exceptionnellement frais et surprenant de long en large.
Gromovar a dit…
Plus je lisais, plus je voyais pourquoi tu avais aimé ;)
Gromovar a dit…
Y avait qu'à demander TiberiX.