La Maison des soleils - Alastair Reynolds

La Maison des soleils est un roman (de 2008) d’Alastair Reynolds qui arrive enfin en France grâce au Bélial et à l’infatigable traducteur Pierre-Paul Durastanti. La Maison des soleils se passe 6 millions d’années dans l’avenir (énorme à notre échelle, rien à celle de l’univers ; il est important d’avoir ces deux rapports en tête pour comprendre tant la dimension vertigineuse de l'aventure humaine que le caractère transitoire des civilisations présentées ici, aussi éphémères que les nôtres) . La Maison des soleils prenant place dans le même univers que la novella La Millième nuit , publiée en UHL et chroniquée ici, je te renvoie, lecteur, à la chronique précédente dont le début te précisera le contexte. Univers de la Communauté donc. La Lignée Gentiane doit de nouveau se rassembler pour les Retrouvailles au cours desquelles, lors des célébrations des Mille Nuits, vont être partagés les fils mémoriels de chacun des clones (nommés frag, pour fragment de l’initiatrice de la Lignée,

Injection - Ellis dans l'Outremonde


Ici et maintenant.
Maria Kilbride, scientifique, est un véritable génie. Une folle à lier aussi. Du genre qu’on enferme. Et pourtant, aujourd’hui, on vient la chercher dans l’asile où elle est traitée. Des événements étranges viennent de survenir, et elle est la seule qui, peut-être, peut y faire face.

Seule, pas tout à fait. Maria a fait partie d’une équipe – une sorte de think-tank – chargée de réfléchir au futur de l’Humanité, aux progrès possibles à venir. Task force secrète d’une organisation qui ne l’est pas moins, l’Unité des Contaminations Culturelles Croisées comptait cinq membres, tous des misfits géniaux au sommet de leur spécialité respective : Maria Kilbride, scientifique (physicienne vraisemblablement), Brigid Roth, informaticienne, Robin Morel, rebouteux et philosophe, Vivek Headland, enquêteur holmesien, et Simeon Winters, stratège et agent de terrain.

Confrontés à l’évidence du ralentissement du progrès (à la fin de ces low hanging fruits dont parlait Tyler Cowen par exemple), consternés par cet état de fait, les membres de l’UCCC décidèrent de créer du chaos – ex nihilo, littéralement – pour apporter du nouveau, du mouvement, relancer l’Histoire et le progrès humain. Hélas, l’affaire dérapa, le groupe se sépara et chacun retourna mener ses propres combats. Ca, c’était avant. Mais maintenant le dérapage est devenu trop énorme pour ne pas inquiéter vraiment.

Le comic raconte deux trames temporelles alternées. D’une part le passé, l’apprivoisement mutuel des membres de l’équipe jusqu’aux moments qui ont conduit à la création d’Injection. D’autre part, le présent, les manifestations  de plus en plus fréquentes d’Injection et les menaces de plus en plus graves qu’il fait peser sur l’Humanité entière. Dans cette trame, l’équipe doit, à son corps défendant, se reconstituer et tenter de refermer la boite de Pandore.

Finement mené, "Injection" raconte une histoire d’expérience qui échappe à ses concepteurs. Mêlant science et magie, informatique avancée et souvenir du petit peuple, Injection est une entité qui mixe haute technologie et monde de la faërie, utilise l’une au service de la recréation (ou du rappel) de l’autre, dans un but dont nous ne savons encore rien mais qui ne semble guère favorable aux humains que nous sommes.

Face à leur création, les anciens de l’UCCC, tous bien typés et caractérisés, conduits par une Kilbride dont la santé mentale a été épuisée par ses nombreuses confrontations surnaturelles secrètes, luttent pied à pied dans un récit dynamique, violent, et fantastique (scénario et graphisme). Un récit parfaitement clair aussi – contrairement à ce qu’on lit ici et là – pour peu qu’on prenne la peine d’y entrer (bien plus explicite dès le tome 1 que Trees par exemple) ; la seule incertitude (mais pas pour le lecteur) y vient des informations différentielles que détiennent les différents protagonistes de l’histoire.

Dans "Injection", on est quelque part entre une IA gone rogue, Frankenstein, et la Laverie. C’est très bon et j’attends la suite avec impatience.

Injection t1, Ellis, Shalvey, Bellaire

Commentaires

Lector a dit…
Comics acheté mais pas encore lu : Injection se situe plus profond dans les strates de ma pile... mais votre chronique me donne envie de l'excaver
Anonyme a dit…
Tiberix : Validé de mon côté. Le n°2 est tout aussi bon. A noter qu'Ellis a sorti un petit opuscule de ses interventions dans des conférences sur l'innovation qu'il faut lire, c'est brillant (Cunning Plans à 1,79 Eur en ce moment). Et c'est très relié à la BD. No spoilers...
Gromovar a dit…
@ Lector : Excavez ! Vous ne le regretterez pas.

@ TiberiX : Merci pour les ref. Je note.
Btw, j'ai commencé Winter Tide hier. More to come.
GeishaNellie a dit…
Je l'ai vu à ma librairie et j'avoue que j'ai résisté à la tentation de l'acheter, mais tu me donnes envie d'y retourner.
Gromovar a dit…
Retourne ! En plus c'est à 10 €.