Descente - Iain Banks in Bifrost 114

Dans le Bifrost 114 , on trouve un édito dans lequel Olivier Girard – aka THE BOSS – rappelle que, en SF comme ailleurs, un part et un autre arrive. Nécrologies et anniversaires mêlés. Il y rappelle fort justement et pour notre plus grand plaisir que, vainquant le criminel effet de génération, Michael Moorcock et Big Bob Silverberg – les Iguanes de l’Imaginaire – tiennent toujours la rampe. Long live Mike and Bob !! Suivent les rubriques habituelles organisées en actualité et dossier : nouvelles, cahier critique, interview, biographie, analyses, bibliographie exhaustive, philofiction en lieu et place de scientifiction (Roland Lehoucq cédant sa place à Alice Carabédian) . C'est de Iain Banks qu'il est question dans le dossier de ce numéro, on y apprendra que la Culture n’est pas seulement « ce qui reste quand on a tout oublié ». Dans le Bifrost 114 on pourra lire une jolie nouvelle de Iain Banks, intitulée Descente et située dans l’univers de la Culture (il y a des Orbitales)

Vision T1 - King - Hernandez Walta


Vision, un être étrange. Synthézoïde (c’est à dire androïde construit dans une matière synthétique qui réplique les organes humains) créé par le super-villain Ultron, doté d’un cerveau électronique dont les ondes cérébrales ont été copiées sur celles du super-héros Wonderman, bien plus fort et résistant qu’un humain, Vision possède, outre un laser frontal, le pouvoir unique d’altérer sa densité, devenant à volonté immatériel ou plus dur que le diamant.

Créé pour nuire à Hank Pym et à Janet van Dyne (qui le nomme), Vision comprend rapidement la malfaisance d’Ultron et le trahit pour rejoindre les Vengeurs. Il devient alors un pilier de l’équipe de super-héros, au sein de laquelle il fait la connaissance de Wanda Maximoff (la Sorcière rouge) qu’il finira par épouser. D’innombrables aventures suivront, durant lesquelles Vision sauvera plusieurs fois le monde, doutera régulièrement de son identité ou de son libre-arbitre, et finira par se séparer définitivement de Wanda après avoir appris la vérité sur l’ascendance démoniaque de leurs deux enfants. Durant toutes ces années, en martyr récurrent, il sera plusieurs fois détruit et reconstruit.

Ayant trop souffert à cause de sa capacité étonnante d’éprouver des sentiments, le synthézoïde décide d’effacer cet aspect de sa personnalité. Vision est maintenant un être de pure logique qui, faute de pouvoir ressentir, essaie très fort de simuler, et n’est pas sans rappeler le Mr Spock des débuts, émotionnellement invulnérable mais froid et agaçant.
Parallèlement, il décide aussi de vivre la vie d’un « homme » normal. Il se crée pour cela une « famille » avec une femme et deux enfants. Les Visions s’installent dans un pavillon de la banlieue chic de Washington. Virginia (Mme Vision) ne travaille pas, les enfants vont au bon lycée du coin, Mr Vision travaille comme consultant pour le Président des USA tout en poursuivant ses activités de Vengeur ; une famille Cunningham synthétique installée dans une Wisteria Lane de Virginie. Mais il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. L’intégration est difficile, tant auprès des voisins qu’au sein du lycée. La méfiance des autres est grande. Femme et enfants doivent apprendre eux aussi à singer les humains et à se méfier des risques que leurs grands pouvoirs font courir aux autres. Mais Vision veut croire que son rêve est à portée de main.

Jusqu’à ce que, en l’absence de Vision, la famille soit attaquée à domicile par le Moissonneur et que Mme Vision commette l’irréparable pour défendre ses enfants. C’est le début d’une avalanche qui emportera peu à peu la santé mentale de la petite famille synthétique jusqu’à finir par menacer l’humanité entière (si l’on en croit la prédiction de la sorcière Agatha Harkness).

Quand se termine ce premier hardcover, Vision, qui s’enfonce avec sa famille dans la folie et le déni, n’est qu’au début d’une descente aux enfers qui se poursuivra dans le tome 2 à venir. L’histoire, jusqu’ici, est passionnante, et on sent bien que la suite sera encore pire. La tension et l’angoisse montent car la famille Vision, qui veut tant être humaine, s’abandonne justement à ce qui est le plus irrationnel dans l’âme humaine, la volonté de protéger sa famille aux dépens de toute considération morale et en dépit de ce que la raison commanderait. Camus préférait sa mère à la justice, il semble que la famille Vision fasse de même. Une narration efficace et des dessins satisfaisants assurent le reste.

Vision t1, Un peu moins qu’un homme, King, Hernandez Walta

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