Bog People - Hollie Starling

Bog People est une « Working-class anthology of folk horror » , éditée par Hollie Starling.   Working-class anthology car, dixit Starling en préface, les textes rassemblés dans ce volume parlent de cette classe populaire britannique qui est l’objet d’une attention ambivalente de la part des CSP+, dans une société où le système des classes est bien plus évident et prégnant qu’en France. Working-class anthology encore, car dixit toujours Starling, les auteurs réunis ici ont montré patte blanche sur leur appartenance présente ou passée à la classe populaire. Une forme de #OwnVoices donc. Fidèle à l’assertion de Max Weber selon laquelle il n’est pas besoin d’être César pour comprendre César, je suis toujours aussi peu fan de cette approche ; nous verrons bien, rien ne dit que ça nuise.   Folk horror ensuite car c’est du peuple tel qu’en lui-même que veulent nous parler ces textes, de ce peuple britannique qui continue à exister loin de la modernité mo...

Apotheosis - Ou Hypotheosis - Cthulhu anthology


"Apotheosis" est une anthologie sur Appel à textes éditée par Jason Andrew. Encore un effort pour être anthologiste.

Comment survivent les humains après l'arrivée des Grands Anciens ? Que devient la Terre ? Et l'Humanité ? Voilà les questions auxquelles il fallait répondre. Et, regrettons-le, les réponses données ici ne sont guère satisfaisantes.

Peu de textes intéressants dans cette anthologie. Beaucoup sont du pur post-apo - de qualité très variable - affublés d'oripeaux lovecraftiens. D'autres citent, citent, citent, dans une frénésie de name dropping qui signe le fanboy autant qu'elle dessert l'œuvre. Beaucoup enfin, et ce n'est pas exclusif des catégories ci-dessus, sont simplement médiocres. Quand à l'ouvrage lui-même, il tente de contenir tous les styles, du cyberpunk au noir, dans un mashup qui oublie souvent HPL si ce n'est comme topping. Que peut-on donc sauver d'Apotheosis ?

Étonnamment - ou pas-, la plus lovecraftienne de toutes, celle qui exprime le mieux le nihilisme matérialiste de Lovecraft, est celle qui le cite le moins. Le recueil s'ouvre donc sur l'angoissant The smiling people, d'Andrew Peregrine, qui transmet au lecteur la pleine évidence lovecraftienne de l’insignifiance humaine dans un texte qui, certes, est un peu prévisible, mais qui fait très bien le boulot de nous dire ce que sera la vie après les Anciens. On en sort en plaignant les fourmis, et l'anthologie terminée, on se dit que, finalement, on aurait pu s'en tenir là.

Sont corrects ensuite :

What songs we sing, de L K Whyte, une nouvelle qui sent le backwater, le bayou, et exprime l'horreur sectaire d'un monde sous totalitarisme étranger. Un traitement intéressant du culte et des cultistes.

Dilution solution, d'Adrian Simmons, met un peu de tech et de folie dans la chose, et c'est louable. Sans plus.

Earth worms, de Cody Goodfellow, est aussi ironique que déprimante sur le thème de la destruction environnementale. Plus pour le fond que pour la forme.

To the letter, De Jeffrey Fowler, une nouvelle à mi-go, amusante dans son approche très petite bourgeoise 50's à la Twilight Zone. Désespérée, donc dans le ton.

Paradise 2.0, de Glynn Owen Barrass, est une courte histoire de survival horror qui lorgne, dans son traitement, du côté des récits de zombie. Parce que j'aime bien le survival.

Dans The divine proportion, de Jeff Carter, une folle à lier tente de sauver le monde. On y parle de Nodens, le trop oublié.

Twilight of the gods, de Jonathan Woodrow, est une agréable petite histoire de corruption faustienne qui aurait pu être du pur fantastique.

Le reste n'est guère exaltant.

Et surtout, par-delà l'intérêt très relatif des textes, très peu capturent ce qu'est l'horreur lovecraftienne. La plupart seraient du fantastique ou de la SF classiques sans le name dropping. D'autres suggèrent une volonté de résistance inimaginable sous le joug des Anciens. D'autres encore anthropomorphisent ou rendent les Anciens et leurs serviteurs presque casual ; non, mon gars, un Ancien n'est pas un OG qui a réussi.
Textes de fanboys lecteurs de Lovecraft mais pas de Ligotti.

Bon, c'est court et pas cher. Et ça permet de lire The smiling people.

Apotheosis, Stories of Human Survival After The Rise of The Elder Gods, Jason Andrew (editor)

Commentaires

Anonyme a dit…
Tiberix : Je suis responsable de cette lecture que j'avais trouvé fort distrayante. Mea culpa. C'est aussi dire à quel point on fini par avoir du mal à lire avec une appétence quelconque des nouveautés dans le domaine de la SFFF.
Gromovar a dit…
Rien à excuser, le thème était tentant.

L'anthologie sur appel à textes c'est le casse-gueule par excellence, car c'est rarement Faulkner et Hemingway qui soumettent ;)
Anonyme a dit…
Tiberix : pour être fair play c'est rarement Faulkner et Hemingway en SFFF tout court. :'(