3 days 9 Months 27 Years - John Scalzi

3 Days, 9 Months, 27 Years est une nouvelle de John Scalzi, première de la récente collection de short d' Amazon.com dédiée au voyage temporel – The Time Traveller's Passport . Long monologue à la fois technique et anecdotique prononcé par le technicien d'une compagnie de tourisme temporel,  3 Days, 9 Months, 27 Years  est du John Scalzi typique, c'est à dire enlevé, rythmé, régulièrement amusant. Et même si le voyage temporel finit par y être présenté comme une forme d'impératif moral, le tout est fait pour distraire, pas plus. Ce n'est guère profond mais ça n'était pas le but ici, je crois. Et comme distraction légère, ça fait le job. A lire dans les transports, sur smartphone ou liseuse.

Retour de chronique : Je suis un dragon - Martin Page

Retour de chronique publiée dans Bifrost 79

Avec "Je suis un dragon", Martin Page signe son deuxième roman de genre après La nuit a dévoré le monde. Il écrit ici sous son nom propre et non sous le pseudo Pit Agarmen, utilisé pour le précédent. Même s’il y fait encore référence, cela donne l’impression que Page accepte enfin d’écrire du genre sans complexe. Ca se sent dans ce roman, bien meilleur que La nuit a dévoré le monde car il ose s’y lâcher et rendre hommage visible aux canons du genre.

Margot est une orpheline qui a vu, enfant, ses parents abattus sous ses yeux. Elle grandit en foyer, solitaire et différente. Un jour, des bullies l’agressent au collège. Hulk en herbe, la colère révèle ses immenses pouvoirs, de manière terriblement destructrice. Récupérée par les services secrets, elle est étudiée comme un cobaye, utilisée pour remplir des missions humanitaires ou politiques, dans une isolation monacale seulement réchauffée par l’affection que lui témoignent certains responsables de l’opération. Elle sera Dragon Girl pendant plusieurs années, icône mondiale, messagère d’espoir, menace à surveiller, outil à contrôler. Grandissant, Margot acquiert une forme d’indépendance, choisit certaines missions, tombe amoureuse et connait la trahison. Blessée, elle comprend alors qu’il lui faut devenir une adulte et s’extraire de la prison dorée dans laquelle elle a passé son adolescence.

Le roman commence par une scène qui indique au lecteur qu’il n’est pas dans Fantomette. Page connaît ses classiques super-héroïques et les déclinent sans réticence. On pense aux Watchmen et à Authority, à leurs images duales, à leurs actes politiques, en lisant l’histoire de cette adolescente, aussi puissante et invincible que Superman, qui finit par comprendre, dans sa Forteresse de la Solitude, qu’il y a trop de malheur dans le monde pour que ses actes aient un effet autre que cosmétique. Adieu illusion de l’omnipotence, mieux vaut agir comme une simple humaine et faire ce qu’on peut là où on est.

Ecrit comme un conte, "Je suis un dragon" est aussi une fable caustique sur le monde, la politique, l’opinion. Centrée sur Margot, ses pensées, ses émotions, la narration à la troisième personne ne montre et ne dit que l’essentiel. On peut la trouver parfois trop explicite mais c’est la loi de ce genre. Et l’auteur offre, dans une histoire rythmée et entrainante, l’image touchante d’une jeune fille devenant une femme en cultivant sa part d’humanité.

Je suis un dragon, Martin Page

Commentaires

Alias a dit…
Intéressant. Le concept rappelle un peu le webcomic Strong Female Protagonist.
Gromovar a dit…
OK. Merci. Je vais voir.
Bat Zena a dit…
J'avais adoré. Une très belle découverte et une vision de l'héroïsme qui change un peu !