L'Oiseau qui boit des larmes - Lee Young-Do

L’Oiseau qui boit des larmes (tome 1, Le Cœur des Nagas) est un roman de Lee Young-Do, premier tome d’une tétralogie de fantasy. Son auteur serait « Le Tolkien coréen » si l’on en croit le sticker apposé sur la couverture. Diable ! Qu’en est-il ? Le monde imaginé par Lee Young-Do est divisé en deux par une Ligne imaginaire. Au sud de celle-ci vivent les Nagas. Ils s’y sont installés non sans violence dans un lointain passé. Au nord on trouve les autres « humains », qu’ils soient Standards, Rekkons, ou Tokkebis. Les Nagas sont petits. Ils ont le corps couvert d’écailles. Ils entendent mal, ce qui fait qu’ils parlent beaucoup moins qu’ils ne nilhent (une forme de communication par la pensée) . Ils voient en revanche très bien, notamment les différences de température. Ils vivent dans une société matriarcale, sous la domination de matrones qui traitent les mâles comme un cheptel reproducteur – à l’exception des Protecteurs qui ont épousé la déesse et la servent dans un...

A borrowed man - Gene Wolfe - Du vieux avec du neuf

4 jours d’Utopiales + 1 semaine de transcription d’interviews + 2 semaines de gros temps professionnel + 1 « contretemps » personnel + 1 weekend de sidération après les attentats de Paris = 4 livres lus et non chroniqués, une chose jamais arrivée sur ce blog. Pour qu’à la Pile à lire ne s’ajoute pas une Pile à chroniquer, viendront 4 chroniques un peu rapides. Je prie ces 4 livres, et leurs auteurs, d’excuser un développement moins développé qu’il n’aurait pu/dû l’être ; parfois on est juste du mauvais côté du hasard.
En voici une.
Alors là, je vais être bref.

"A borrowed man" est le dernier roman de Gene Wolfe, auteur célèbre et multiprimé, et aussi homme de 84 ans. Je ne sais pas si son âge à joué dans ce qu’est "A borrowed man" mais j’incline à le croire.

Futur indéterminé mais pas trop lointain. Il n’y a plus, volontairement, qu’un gros milliard d’habitants sur terre et certains trouvent que c’est encore trop. Parmi ces habitants, un certain nombre sont des clones dans lesquels on a imprimé la mémoire d’un auteur mort ayant vécu après l’invention de la copie de personnalité. Ces clones, privés de tout droit, sont attachés à des bibliothèques publiques. Ils sont brulés – comme des livres – s’ils restent trop longtemps sans être consultés ou empruntés et sont traités comme des objets, dépourvus de personnalité juridique et donc de droits.

E. A. Smythe est un de ces clones. Il est un jour emprunté par une jeune femme, Colette Coldbrook, qui pense qu’étant donnée sa biographie originale il peut l’aider à solutionner un meurtre et à résoudre un mystère. Rapidement, il devient évident que des forces dans l’ombre intriguent, et qu’au delà du meurtre d’autres intérêts sont en jeu. Survivre, retrouver ne serait-ce que pour un temps son amour perdu, aider Colette qu’il s’est surpris à bien aimer en dépit de leur inégalité statutaire, tout en dissimulant autant que faire se peut son état à ses interlocuteurs, voila quels seront les objectifs de Smythe lors de ce qui est l’aventure d’un sans-droit dans un monde résolument inégalitaire.

Avec un mystère, une technologie (le clonage d’auteur) qui pouvait donner lieu à de grandes merveilles, un monde visiblement dystopique dans lequel un « détective » d’opportunité lutte contre des forces de l’ordre corrompues, ça sentait bon. Mais non.

Wolrd-building si minimal qu’on peut le qualifier d’étique. Casting minuscule évoluant dans un monde sans figurant. Situations simples au point d’en être soporifiques. Mélange grumeleux de SF filigranée dystopique et de banalités atroces (des voyages en bus ou en camionnettes dans un monde où le clonage est banal, seulement pour les écrivains ceci dit). Eléments SF très âge d’or tels que le robot parlant qui fait la cuisine, « l’avion » personnel, ou la maison de designer. Aucun transhumanisme. Des frères, des pères, des sœurs, un peu mais pas trop d’émoustillement sexuel, un couple chien et chat même par delà la mort. Un jeu, supposé être drôle j’imagine, entre deux niveaux de langue. La verbosité pénible d’un héros qui commente sans cesse ce qu’il fait, pourquoi il l’a fait et comment il aurait pu le faire. Du café nommé Kafe (ça fait SF je suppose). Et ne parlons pas de mystères scientifiques si totalement inexpliqués qu’ils feraient rougir un auteur pulp.

Gene Wolfe, retombé en enfance, fait du vieux avec du neuf. On a l’impression de lire un film de Frank Capra, on s’attend à voir Cary Grant et Audrey Hepburn arpenter une maison à la Jacques Tati. On se dit qu’on vient de lire une SF qui semble exhumée d’une couche géologique profonde tant elle est surannée.

A borrowed man, Gene Wolfe

Commentaires

arutha a dit…
Je me suis récemment aperçu que Gene Wolfe n'était pas fait pour moi ou que je n'étais pas fait pour Gene Wolfe, après une énième tentative de lecture de cet auteur. C'est peut-être aussi un peu parce que j'ai tenté l'aventure en anglais avec The fifth head of Cerberus. Mais quand même, quand même...
Gromovar a dit…
Ne t'y risque pas.