Eric LaRocca - As-tu mérité tes yeux ?

Agnes Petrella est une jeune américaine un peu dans la dèche. Elle est lesbienne aussi, ce qui ne change pas grand chose à l'histoire au début alors que « dans la dèche » en est le point de départ. En ce 26 mai 2000, Agnes, qui a besoin de 250$ pour payer son loyer du mois, poste sur un forum queer une annonce pour mettre en vente un épluche-pomme vieux de plus d'un siècle. Contrairement à ce qui se pratique habituellement, elle a composé pour ce faire un message de presque quatre pages dans lequel elle explique avec force détails à quel point cet épluche-pomme est un élément important de son histoire familiale et donc à quel point aussi il lui est pénible de s'en séparer. Nécessité faisant loi elle s'y est finalement décidée mais, dit-elle, elle ne consentira à vendre l'objet qu'à un collectionneur sérieux (!). Deux jours plus tard, après quelques réponses insultantes, Agnes en reçoit une intéressante d'une certaine Zoe Cross qui dit être intéressée et prêt...

Brève descente


Avec "Sunlight", Christophe Bec et Bernard Khattou inaugurent la nouvelle collection Flesh & Bones de Glénat. Celle-ci proposera des thrillers one-shots de 160 pages environ, en noir et blanc sous couverture souple.
Bec y fait ce qu’il sait faire : inquiéter le lecteur, armé seulement d’un média silencieux et immobile, ce qui n’est pas évident.

Ici et maintenant. Deux filles et un garçon, amis de longue date, entreprennent une plongée spéléo dans une mine désaffectée, interdite car dangereuse. La carte qu’ils utilisent se révèlent incomplète au point que les trois casse-cous finissent par se retrouver au fond d’un puits de mine sans moyen de remonter.
Commencent alors plusieurs jours de calvaire dans l’attente d’hypothétiques secours. Le froid gagne, les réserves d’eau et de nourriture diminuent, les blessures s’accumulent. Sortiront-ils vivant du puits ? C’est l’enjeu et la question de l’album.

Dessiné de manière réaliste, "Sunlight" raconte une histoire qui ne l’est pas moins. L’expédition désastreuse bien sûr mais aussi, en flashbacks, quelques moments biographiques importants. Bec sait faire monter la tension par petites touches régulières. Il met en scène des situations suffisamment proches de l’expérience ou de la connaissance, au moins médiatique, du lecteur pour impliquer celui-ci. Il instille la petite dose de sexe qui va avec le genre Série B. Objectif atteint. Le premier volume de la collection Flesh & Bones crée le standard.

Un moment de lecture agréable donc. On regrettera simplement, et encore, un semi-twist final qui n’apporte rien et dont l’existence même est difficile à comprendre. En quoi est-il utile au récit ? Mystère.

Sunlight, Bec, Khattou

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