Making History - KJ Parker

Voltaire l’écrivit justement : « Le premier qui fut roi fut un soldat heureux » . Imagine donc, lecteur, un royaume, Aelia, gouverné par un tyran qui en aurait pris récemment le contrôle par la force. Le Premier Citoyen Gyges (nom d’emprunt qui, en Aelien, signifie Resplendissant) n’était encore il y a peu qu’un capitaine mercenaire (un peu comme le Mâtho de Salammbô) . Il gouverne maintenant par la force et la peur un royaume dont il n’était naguère que le condottiere. Et le Premier Citoyen a de grands projets. Qui impliquent notamment de déclarer la guerre à ses voisins. Mais pour cela, il a besoin d’un prétexte, et d’un narratif à vendre à sa population pour lui faire accepter les levées en masse, les réquisitions, les fils et les maris tombant au champ d’honneur (les « nazis » d’Ukraine ont joué ce rôle de justification récemment, hélas) . Pour cela, il a besoin d’un tort à redresser, si possible exhumé des brumes incertaines du temps (un peu comme les nationali...

Fire and brimstone


Avec "The sixth gun", Urban Comics traduit une bonne série US pour le public français. L’éditeur a livré, il y a peu, les deux premiers TPB, ce qui permet de se faire une bonne idée de l’identité de la série et de l’envie qu’on peut avoir de la suivre en tant que lecteur.

Ouest américain, fin XIXème. Le fameux Wild Wild West. Plus mythique qu’historique. Avec ici, en plus, une approche à la Deadlands (western + fantastique, et le fantastique ici c’est du lourd).

La Guerre de Sécession est finie depuis peu. Le brillant mais très dépravé Général Hume s’y était illustré, tant par ses coups d’éclat que par les atrocités dont il se rendait coupable. Allant toujours plus loin dans l’abjection, il avait fini par rassembler autour de lui une horde sauvage d’hommes sans foi ni loi, coterie de l’enfer soudée par un pacte maléfique. En échange d’une terrifiante promesse, cette bande d’ennemis du genre humain obtint de mystérieuses puissances six revolvers aux pouvoirs magiques. Ils finirent, heureusement, par être neutralisés.
Quelques années plus tard, un aventurier de l’occulte, Drake Sinclair, se lance sur la trace des revolvers, censés le mettre sur la piste du trésor de Hume. Il ignore qu’au même moment la « veuve » du Général a engagé les Pinkerton pour retrouver son mari non-mort, lui rendre son pouvoir, et payer enfin la dette contractée, projet funeste qui peut conduire à la perte de l’Humanité.

L'histoire imaginée par Bunn, comme le rythme de progression du récit et des révélations, sont très satisfaisants. Le monde que décrit l’auteur est celui des western spaghettis, empreint de « réalisme » outrancier, plus proche de La horde sauvage de Peckinpah que de Deadwood. Le surnaturel ajoute un élément de folie à la vraie dureté de l’histoire.

En cowboy du fantastique, Sinclair est efficace, bien aidé pour briller par l’adversaire larger than life qui lui sert de Némésis. Sa psychologie en revanche n’est guère développée, mais nous sommes ici dans une série B, action et suspense priment. Les personnages secondaires, pour certains seulement esquissés, se font progressivement une place.

Après un premier volume qui faisait la part belle aux légendes indiennes et à un mystère qu’on peut qualifier de lovecraftien, le second introduit le vaudou dans l’équation surnaturelle. Il est possible d'imaginer que nombre d’aspects du fantastique seront abordés au fil des épisodes.

Le graphisme est très classique, presque franco-belge par moments, soutenu par une colorisation vivace et spectaculaire.

"The sixth gun" est donc un comic de série B agréable qui traite le genre western-fantastique bien mieux que ne le fait Manifest Destiny.

The sixth gun, t 1 et 2, Bunn, Hurtt, Crabtree

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