Le Monde et vice versa - James Morrow

James Morrow est un auteur américain de romans aussi caustiques qu'irrévérencieux . Après son drolatique Lazare attend , il revient, encore Au Diable Vauvert, avec Le monde et vice versa , traduit par Sara Doke. Ici et maintenant, sans doute. La planète qu'habite Eamon Keen est la nôtre, avec ses inégalités et son réchauffement climatique. Eamon fut longtemps porte-plume pour des politiques de tous bords. Un exemple de ses œuvres : « il travailla à rendre le jeune sénateur d'Ohio, un républicain intelligent et cultivé nommé Dudley Prong, suffisamment rustre et bibliophobe pour être réélu à une large majorité » . Finalement, dégoûté de n'être qu'un mercenaire sans idéologie comme son père avant lui, Keen lâcha tout. Il tente depuis d'écrire un roman de fantasy épistémologique (de la fantasy qui se la pète, comme on en voit hélas tant) et à son grand dépit n'arrive à convaincre aucun éditeur de publier un texte sans doute aussi chiant que pompeux. Un soir de ...

Platon dans les nuages


Sortie récente du tome 4 de la série Servitude, intitulé "Iccrins".

Tome 1 en 2006, 2 en 2008, 3 en 2011, et enfin 4 en 2014. Servitude, c’est un peu GoT en BD. Le délai hélas, mais aussi le perfectionnisme et la qualité. Plus qu’un 5 à paraître pour conclure la série. Espérons qu’il arrivera avant 2018.

La guerre continue sur la Terre des Hommes, attisée par ces drekkars esclavagistes, cachés dans leurs cavernes obscures, qui en sortent pour aider l’un ou l’autre camp. Les rois des Hommes meurent, leurs royaumes vacillent. Le pouvoir légitime est nu.
L’empereur drekkar n’est qu’une loque droguée, utilisant son peuple et son pouvoir pour nourrir sa dépendance. Un mystérieux personnage agit dans l’ombre, dresse les uns contre les autres, et sème le chaos. La révolte gronde dans l'Empire.
Comme si la situation n’était pas assez complexe, un nouveau peuple, les Iccrins, resté neutre jusqu’alors, se débarrasse de son joug et entre dans le jeu quand ces collectivistes démocrates (presque platoniciens dans leur organisation politique) découvrent avec stupeur où se niche la réalité du pouvoir dans leur société isolationniste.

Tous contre tous, à l’évidence la guerre globale qui se développe est contrôlée en sous-main par une divinité jalouse et rancunière cherchant à reprendre la place d’adoration qui fut la sienne.

Intrigues politiques, relations humaines émouvantes, superbes scènes de sacrifice ou de bataille, on cherche les défauts. En vain.
Scénario et dessin (transcendé par la colorisation si particulière de la série) sont d’égal niveau, le meilleur. Je n’ai pas envie d’en dire plus tant « le meilleur » dit le nécessaire.

Notons qu’il y a, comme dans chaque album, un addendum expliquant lexique et situation politique ainsi que la calligraphie des prophéties ou légendes.
Notons aussi, qu’une présentation utile est dispo sur le site de Soleil. On remarquera que Soleil ne sait pas lui-même qu’il a sorti un T4. Les sites des éditeurs sont toujours profondément merdiques.

Servitude t4, Iccrins, Bourgier, David

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