Horizons obliques - Richard Blake

Sortie demain de Horizons obliques , un one-shot SF de Richard Blake. Il y a des années que Jacob et Elena Armlen se sont perdus dans une dimension parallèle qu'ils tentaient de cartographier. Depuis aussi longtemps Adley, leur fille, veut les retrouver. Après un long entrainement elle part donc en quête de parents depuis trop longtemps absents, à travers des mondes incroyables, avec l'aide de ses grands-parents, d'un impressionnant appareillage technologique de voyage transdimensionnel, de ses dons de prescience, et d'un robot humanoïde nommé Staden. Si le scénario, plutôt contemplatif, pourra désarçonner certains lecteurs, on ne peut qu'être impressionné par la beauté envoutante des planches réalisées intégralement par un auteur qui est peintre avant d'être bédéaste (et dont c'est le premier album) . Dès la première page représentant un rêve d'Adley portant un ours polaire sur son dos on est saisi par le style et la qualité graphique de l'album. L&

De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace


"Rome 1202" est le sixième volume des aventures de Guilhem d’Ussel, chevalier troubadour. Si Jean d’Aillon est toujours aussi inspiré, je commence à être à court d’angle pour chroniquer, dans la mesure où je ne résume pas.

Disons simplement pour démarrer que Guilhem se trouve embarqué par amitié et loyauté dans une vengeance du délectable pape Innocent III. Il va devoir voyager jusqu’à Rome pour protéger son compère Bartoloméo, et s’impliquer, par nécessité, dans la complexe politique romaine. Il retrouvera à cette occasion son vieil ami Robert de Locksley, et commencera à former un jeune homme impétueux qui lui rappelle l’adolescent qu’il fut. Il croisera à nouveau les pas de Constance de Mont Laurier et rencontrera un mahométan de grand savoir.

Si l’on excepte deux ou trois coïncidences heureuses qu’on sait que je ne goûte guère, j’ai pris grand plaisir à retrouver le très spectaculaire chevalier. Audacieux, courageux, toujours aux limites d’une témérité que tempère une grande intelligence tactique, Guilhem, même fieffé, est un personnage virevoltant, sautant de péril en péril dans un hommage vibrant aux récits de cape et d’épée. Le roman se dévore, ou pour être plus précis, il dévore son lecteur qui ne peut s’en détacher.

Ecrire des page turner, beaucoup d’auteurs savent faire. La qualité essentielle des aventures de Guilhem d’Ussel est ailleurs. Elle réside dans la qualité de la documentation historique de Jean d’Aillon. Précision des faits, notes de bas de pages nombreuses, courts paragraphes explicatifs quand nécessaire, celui qui écrit sait, en profondeur, de quoi il parle. Tout se tient, rien ne fait toc, et ça se sent.

L’auteur emmène donc son lecteur dans les arcanes de la politique romaine.
En pleine querelle des guelfes et des gibelins, Innocent III joue ses innombrables pions pour maintenir et accroitre un pouvoir papal qui est vu par les familles romaines comme un actif patrimonial qu’il s’agit de faire fructifier. Le pape doit s’affirmer face à l’empereur, il doit écraser les hérésies qui contestent son autorité, il veut aussi contrôler le plus possible la ville de Rome et mettre son Sénat sous tutelle.

Terrible, tragique ville de Rome. La gloire de l’Empire est oubliée depuis longtemps. Dans les ruines de la Cité cohabitent une populace romaine qui est retombée dans une barbarie toute médiévale et des familles aristocratiques qui luttent pour la dominance. Comme des squatters, les romains déambulent dans les ombres de ce qui fut la capitale de l’Empire. Architecture endommagée, modifiée, réutilisée, parasitisme papal, ville découpée en mini fiefs tenus par des aristocrates qui n’ont que le pouvoir en tête, Histoire oubliée par la plupart, la chute de l’Empire romain est tangible à Rome plus que partout ailleurs. Les saprophytes y vivent dans le cadavre.

C’est là, et alors que Rome tente aussi de rétablir son autorité sur les villes italiennes, que tente de s’imposer un pouvoir « civil », celui du sénateur Giovanni Capocci qui se verrait bien en dictateur et réactive une version moderne de la lutte des optimates et des populares. Le combat, long et tortueux tant les alliances se font et se défont, échouera et Capocci devra, in fine, rendre les armes.

Au-delà de Rome même, le lecteur verra la dureté du commerce maritime, la cruauté inhumaine de l’époque, l’avance technologique des mahométans, et se replongera dans les multiples niveaux de féalité, souvent contestés, notamment entre pouvoir civil et pouvoir ecclésiastique. Le monde de Guilhem d’Ussel n’est pas édulcoré, il se donne à voir dans son incroyable brutalité.

Et sur la forme, c’est par le langage que l’auteur transporte son lecteur au XIIIème siècle. Le vocabulaire médiéval est riche, toujours utilisé opportunément, sans jamais donner l’impression d’être un vernis plaqué sur un récit contemporain. Jean d’Aillon parle le médiéval comme une langue vivante, il donne au lecteur l’impression de lire en VO avec toute l’immersion que ça implique.

Rome 1202, Jean d’Aillon

Commentaires

Cédric Ferrand a dit…
Roooh, d'Aillon va bientôt devoir te filer un pourcentage sur ses ventes.
Gromovar a dit…
J'y compte bien ;)