Espèce invasive - Christophe Esnault

Sortie chez Milagro Editions d’un petit opuscule qui, comme on dit, ne donne pas envie de danser, Espèce invasive , du poète Christophe Esnault. Quoique… Où mieux danser que sur le volcan ? Une espèce invasive, si on en croit la définition que donne le Muséum d’histoire naturelle est « une espèce vivante dont la prolifération provoque des dégâts dans le milieu dans lequel elles s’installent » . Le Ministère de la transition écologique etc. est plus explicite, précisant que « ces espèces représentent une menace pour les espèces locales, car elles accaparent une part trop importante des ressources (espace, lumière, ressources alimentaires, habitat…) dont les autres espèces ont besoin pour survivre. Elles peuvent aussi être prédatrices directes des espèces locales. » et « sont aujourd’hui considérées comme l’une des principales menaces pour la biodiversité. Elles constituent un danger pour environ un tiers des espèces terrestres et ont contribué à près de la moitié des extinctions connue

Du sang et des âmes pour mon Seigneur Arioch


Comme beaucoup des lecteurs qui fréquentent ce blog (j’ose l’espérer), j’ai lu il y a des années le Cycle d’Elric de Michaël Moorcok, partie sans doute la plus réussie et assurément la plus épique du Cycle du Champion Eternel, dans lequel l’auteur britannique décrivait la lutte éternelle, au cœur d’innombrables dimensions parallèles de la réalité, entre les forces antagonistes et complémentaires du Chaos et de la Loi. Comme certains, j’ai beaucoup aimé ce cycle, au point d’y entrer pleinement en jouant longtemps au jeu de rôle Stormbringer.

Premier (et le plus abouti ?) véritable antihéros de la fantasy, Elric, dernier empereur de Melniboné, est le fossoyeur de son empire et le meurtrier de sa maitresse, Cymoril, qui est aussi sa cousine. Rejeton ultime d’un empire cruel et allié aux démons (empire qui fut grand, corrompu, dépravé, et qui n’est plus que corrompu, dépravé, et déliquescent), albinos, physiquement débile, écrasé par le poids d’une Histoire et d’une Tradition dont il ne veut pas, Elric ne peut survivre et combattre que grâce à l’usage intensif de potions magiques ou de sacrifices humains. La possession de l’épée démoniaque Stormbringer lui permettra de recouvrer ses forces sans plus recourir aux artifices précédents, car celle-ci lui transmet une partie de la force qu’elle gagne en « buvant » les âmes des combattants tués, parfois les compagnons même d’Elric ; mais si Stormbringer sert souvent Elric, il ne la commande pas et l’épée noire a ses propres objectifs. Errant entre conflits, morts, et trahisons, dans les Jeunes Royaumes où prospère la jeune race des Humains, le cynique albinos aura pour mission involontaire d’initier une nouvelle phase d’équilibre entre Loi et Chaos.

Adapter un tel monument en BD et présenter son travail aux hordes de fans en délire  est audacieux, voire inconscient. La pari est ici réussi et Moorcock lui-même dit la qualité de l’adaptation.

Suivant au plus près la trame des romans mais ne se privant pas d’ajouter une élément quand il peut servir le récit, le scénariste Julien Blondel fait un beau travail d’hommage créatif. Ce n’est qu’un premier tome, donc avec le problème habituel de « lenteur » des volumes d’exposition mais il s’y passe quand même deux ou trois choses (invasion et guerre, tentative de meurtre et de coup d’Etat, invocations de démons, torture, enlèvement), et le meilleur est à venir. Il faut bien commencer quelque part.

Sur le plan graphique, l’album est une vraie réussite. On voit la minéralité et l’antiquité de l’empire melnibonéen. On est témoin de la corruption de son peuple en décadence. On comprend par maints détails qu’on est dans un lieu où rien n’est trop dur, trop cruel, trop sadique, trop extrême, et on comprend sans peine ce qu'entendent les melnibonéens quand ils nous désignent comme « bétail humain ». Le dessinateur dit s’être inspiré du travail de Clive Barker sur les Cénobites. C’est très clair à la lecture de l’album et parfaitement approprié.

Une belle réussite ; on aimerait qu'existe l’équivalent pour Le Seigneur des Anneaux ou Dune.

Elric, t1 Le Trône de Rubis, Blondel, Poli, Recht, Bastide

Commentaires

Xapur a dit…
Par Arioch, il sera mien !
Merci !
Gromovar a dit…
You're welcome :)
Thomas Day a dit…
Je vais me le prendre à Montpellier (La Comédie du livre), comme ça j'aurais la dédicace de Mike...
Gromovar a dit…
Je l'amènerai. Il y a 90% de chances que je vienne à Montpellier.
Efelle a dit…
J'aime pas la posture d'Elric sur la couverture...
Je bloque là dessus, je ne peux pas m'en empêcher.
Gromovar a dit…
Elle me rappel un tableau que j'aimais beaucoup alors ça me donne un a priori favorable au contraire ;)

Et puis, j'ai passé tellement d'heures à arpenter les Jeunes Royaumes avec ma hache démon Cherche-Sang au côté que je ne peux laisser passer l'occasion d'y retourner en pensée.
Anonyme a dit…
Tiberix : Moi qui suis méfiant comme il n'est pas permis sur les adaptations en BD et qui plus est d'ouvrages de notre jeunesse commune tel qu'Elric... Là j'ai été bluffé. Les dessins sont splendides, le ton est parfait et je dirais même que le décalage avec les romans est parfait. Cymoril n'est plus une pétasse disneyienne se pâmant avant que son mâle ne vienne lui sauver les miches. Même l'arrivée d'Arioch dans les dernières cases est une excellente surprise.

Wow.

Mais du coup trop court.
Gromovar a dit…
Un souvenir de jeunesse, en mieux. C'est exactement ça.
Escrocgriffe a dit…
Ah le jeu de rôle Stormbringer... Que de souvenirs... Et que le temps passe, snif !