Catriona Ward - La dernière maison avant les bois

Si La dernière maison avant les bois n'est pas à proprement parler un roman d'Imaginaire, il n'en est pas moins un ouvrage aussi intrigant que passionnant à lire et dont la fin, point faible souvent de ce type de livre à mystère, ne décevra pas. Ca fait déjà beaucoup de points positifs. Je ne peux en dire plus car ma chronique sera dans le Bifrost n° 110, et elle ne reviendra ici qu’un an après la sortie de la revue (c’est à dire, pfff…). Je peux au moins donner le résumé de la couv’ car celui-ci est disponible partout : Dans l’impasse de Needless Street se dresse une maison isolée et solitaire, à l’image de son propriétaire, Ted Bannerman, un étrange personnage. Dee, qui vient d’emménager dans la maison voisine, est persuadée qu’un terrible secret pèse sur les lieux. Ted aurait-il un lien avec cette disparition d’enfant survenue onze ans plus tôt dans les environs ? Que se passe-t-il vraiment derrière la porte de la dernière maison avant les bois ? Voila.

The Weird anthology (note 10)


Acheté il y a peu la colossale anthologie "The Weird", dirigée par les Vandermeer (on peut trouver pire comme anthologistes). 1152 pages, 110 nouvelles et autant d’auteurs, un siècle d’envergure, 1,4 kilo (on comprend mieux l’exquis dessin de Karl Lagerfeld ci-dessous). Et, last but not least, British Fantasy Award 2012 de la meilleure anthologie.

Deux belles introductions de Moorcok et de Jeff Vandermeeer définissant le Weird, comme (je résume de nombreuses page en deux mots, c’est donc réducteur) du « fantastique étrange ».

Quelques noms d’invités : Kafka, Lovecraft, Gibson, Miéville, Borges, Walpole, Leiber, Link, Tuttle, Gaiman, etc… (il y en a 100 de plus dans l'ouvrage).

Je la lirai au fil de l’eau, une ou deux nouvelles entre chaque gros livre, comme on mange du gingembre entre deux sushis différents. Et parfois, j’en dirai un (bref) mot ici, car on peut se procurer certains de ces textes, même sans acheter l’anthologie.


Portal, de J. Robert Lennon, est une nouvelle caustique, enlevée, très agréable à lire, et moins légère qu’il n’y paraît.

Un monde qui ressemble au notre, si ce n’est que la magie y paraît normale. Une maison à l’américaine dans laquelle aménage une famille à la Happy Days. Les enfants découvrent un téléporteur au fond du jardin, dans la végétation.

Ajoutant un portail magique à une maisonnée qui fut heureuse avant de ressembler à celle d’American Beauty, Lennon l’utilise comme métaphore de la magie qui existe dans une famille. Lieu de rassemblement, d’activités communes, le portail permet à ses propriétaires (père, mère, deux enfants) de partager des expériences excitantes et de prendre du plaisir ensemble. Mais le portail, bancal dès le début, devient de plus en plus dysfonctionnel et procure des expériences communes qui deviennent vraiment déplaisantes. Il sera dès lors, moins utilisé, parfois aussi de manière solitaire, et deviendra source de discorde quand les désirs des uns façonneront les voyages des autres.

La magie du portail finit par mourir, et Jerry, le narrateur, comprend alors qu’il a perdu, conjointement à la magie du portail, celle qui irriguait sa famille.

Le ver était dans le fruit dès l’origine, mais il fallut du temps pour le réaliser.

Portal, J. Robert Lennon

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