La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Utter bullshit


"Love is Strange" est le dernier roman, à distribution uniquement numérique (ça aurait du me mettre la puce à l’oreille), du brillantissime Bruce Sterling.

Avant de dire tout le mal que je pense de cet étron, je vais présenter un peu l’auteur et contextualiser le texte. Nous savons tous bien à quel point c’est important.

Bruce Sterling est l’un des « inventeurs » du mouvement cyberpunk, mouvement qui a régénéré la SF dans les années 80 en intégrant les avancées de l’informatique et des réseaux. Brillant auteur de SF, il a écrit ou coécrit de nombreux textes de fiction importants, tels que la fondatrice anthologie Mozart en verre miroirs (Mirroshades en VO ; ça a plus de gueule), La machine à différence avec William Gibson l’autre « père » du mouvement, Les mailles du réseau, ou Globalhead entre autres. Il a aussi écrit des essais, souvent pertinents et créatifs sur la futurologie, et se trouve à l’origine du fameux Dead Media Project. Pour résumer, Sterling est un auteur SF de première importance, un des meilleurs analystes des tendances actuelles de la société, et un des meilleurs prévisionnistes de ce qui peut survenir dans les décennies futures.

Aussi, j’ai souhaité lire son dernier roman "Love is Strange", en dépit de son très inquiétant sous-titre « A paranormal romance ».
Mal m’en a pris. Car le sous-titre dit tout.

Alors certes, Sterling, en bon connaisseur des tendances, dit quantité de choses sensées. Il évoque la destruction créatrice schumpétérienne de plus en plus rapide qu’amène un progrès technique qui accélère sans limite, la dématérialisation de la consommation, la fragmentation d’une production de moins en moins localisée, la personnalisation de plus en plus fine des objets de consommation, etc. Il parle aussi d’un monde où une infime minorité, apatride intellectuellement et métisse biologiquement, surfe sur la mondialisation et en tire des revenus sans commune mesure avec sa contribution productive, d’un monde où apparaissent périodiquement des icones globales (à la popularité inversement proportionnelle à l’apport sociétal) capables d’inspirer une population mondiale percluse d’imbécillité, tant il est vrai, comme l’a posé Régis Debray, que les effets sociaux d’une illusion ne sont pas illusoires, d’un monde où quelques blogueurs trendy font et défont les réputations, les images de marque, les ventes, etc.
Tout ceci est donc bel et bon, et serait parfait dans un essai. Mais "Love is Strange" est un roman, avec des personnages et une histoire. Et cette bluette lamentable n’a strictement aucun intérêt. On s’ennuie à mourir à suivre ces personnages, guère fascinants tant ils sont cookie-cutter, se tourner autour et découvrir les affres de l’amour à Capri, dans une sorte de conférence Lift, à écouter des dialogues souvent à la limite du ridicule, à observer des coïncidences et des situations invraisemblables, etc.
J’arrête là pour ne pas passer plus de temps que nécessaire à chroniquer ce regrettable livre. Je cite simplement mon compère TiberiX qui chronique parfois sur ce blog et qui connaît très bien le milieu décrit dans le livre. L’ayant largement lu, il m’en a dit que ça ressemblait à une télénovela à clef, que quand on avait les clefs c’était plaisant, mais qu’il ne voyait pas ce que moi je pouvais y trouver. Il a raison, je n’y ai rien trouvé.

Love is Strange, Bruce Sterling

Commentaires

Anonyme a dit…
Tiberix : C'est un peu dur, mais je ne suis pas très objectif avec Sterling. Il faut juste bien vouloir croire que c'est un exercice de style 4e degré, dans lequel il parvient quand même à traiter des sujets assez intéressants. Mais non, ce ne va pas être pour tout le monde. Et si vous n'avais baigné dans le milieu interlope des innovateurs en congrès sur le futur de la société, c'est un peu comme si on proposait à Laura Hingels un plug anal. Il va lui manquer des repères sémantiques (et pas que).
Gromovar a dit…
Laura Hingels n'en méritait pas tant ;)