Les Diables - Joe Abercrombie

Les Diables est le dernier roman de Joe Abercrombie, le pape du grimdark. C'est un roman fantasy/action très dynamique, sanglant, violent et parfois drôle. Il est aussi plus profond que son début ne le laissait présager, et c'est le traitement des personnages qui fait sa qualité. Je ne peux en dire plus car ma chronique sera dans le Bifrost n° 120, et elle ne reviendra ici qu’un an après la sortie de la revue (c’est à dire, pfff…). Je peux au moins donner le résumé de la couv’ car celui-ci est disponible partout : L’Europe est au bord du gouffre. La peste et la famine la ravagent, des monstres rôdent dans l’ombre et des princes avides ne songent qu’à leurs dévorantes ambitions. Une seule certitude demeure : les elfes reviendront, et ils mangeront tout le monde. Mais parfois, les chemins les plus sombres mènent à la lumière. Des routes sur lesquelles les Justes n’ont pas l’audace de s’engager. Enfouie dans les entrailles du splendide Palais Céleste, le fief de la foi...

Le Cluedo en beaucoup mieux


Soyons clair ! Lorsque j’ai feuilleté cet album en librairie, je n'en ai pas aimé le dessin et je l’ai donc reposé. Et sans le post très positif d’Efelle, je ne l’aurais jamais acheté.
Restons clair ! Je n’aime toujours pas le dessin, que je trouve laid et souvent peu clair. Et pourtant, le scénario me l’a fait oublier. C’est dire la qualité de celui-ci.

Pour résoudre une série de trois meurtres incompréhensibles, ayant pour cadre le Londres des années 20, sont rassemblés, à l’injonction du meurtrier, les sept détectives les plus brillants de l’époque. Longuement présentés et décrits au début de l’album, ces grands esprits tenteront de résoudre l’énigme double des assassinats et de leur « convocation ». Il leur échoira aussi d’empêcher l’assassin de récidiver. Aucun problème pour eux. Non ?

Dans une ambiance rappelant à la fois le Cluedo et les romans whodunnit vintage qu’il pastiche allègrement, "Sept détectives" offre aux lecteurs une histoire complexe, très écrite, parfaitement logique dans son délire, et aux rebondissements surprenants. Suivant des personnages qui rappellent Sherlock Holmes, Hercule Poirot, Miss Marple, et d’autres figures imaginaires du monde de l’investigation criminelle, faisant une référence transparente à Jack l’éventreur et au malheureux inspecteur Abberline, le récit entraine le lecteur dans une mise en abyme subtile de ce qui faisait le cœur des romans policiers du début du XXème siècle.

Les dialogues sont longs et riches (c’est aussi le cas des textes intercalaires ainsi que du mystérieux et capital journal du narrateur) et ils emmènent le lecteur au cœur d’un mystère où sa sagacité (supposée) sera prise en défaut, alors qu’elle était tentée de s’exercer tant les nombreux éléments discursifs l’y invitaient. Chose rare en BD, il sera souvent nécessaire de revenir en arrière et de relire pour saisir parfaitement d’où vient un indice ou ce qu’il signifie pris dans son contexte ; rien n’est donné au lecteur qui se surprend à se creuser la tête autant que les brillants détectives de l’ouvrage, pour un résultat moins glorieux malheureusement, quoique...

"Sept détectives" est donc une excellente BD, un diabolique casse-tête comme on en lit rarement en BD, de la vraie food for thought. C’est un album hautement recommandable, le meilleur de la série avec l'excellent Sept missionnaires.

Sept détectives, Hanna, Canete

Commentaires

Guillmot a dit…
Je suivrai vos conseils à toi et Efelle, car j'avais commencé cette série des "sept" mais je ne savais que lire de bon...
Gromovar a dit…
Si je devais en donner trois ce serait celui-ci, sept missionnaires, et sept voleurs un cran en dessous mais plutôt drôle.
Il y en a aussi de vraiment pas fameux.
Efelle a dit…
J'ai exactement le même ressenti.
Le scénario est diabolique et je suis en effet revenu en arrière par moment.
Excellent.
Efelle a dit…
Je préfère les sept yakuzas aux voleurs...
Par contre par de soucis sur les deux premiers au classement. ;)
Gromovar a dit…
Deux accords sur trois, c'est pas mal.