Deryn Du - Guillaume Sorel

D’abord, c’est un cadavre de baleine qui empuantit la plage, non loin d’un petit port de pêcheurs du Pays de Galles. Parmi les témoins ébahis, à côté des humains, il y a des mouettes mais aussi des corbeaux. Un poète en villégiature traîne aussi parmi les badauds. Tout ceci, Poe l’aurait apprécié. Puis il y a un meurtre, étrange. Une petite fille et une poupée cassée, qui ne semblent pas être étrangères aux mystères en cours. Puis d’autres meurtres, de plus en plus étranges. Et toujours le poète. Qui comprend, ou sent, ou vibre à l’unisson. Le village de pêcheurs, la nuit, l’ombre, la peur qui rôde. On pense au Geôlier de Florian Quittard. La lande, les fées, un autre monde derrière le monde, on pense à Arthur Machen - le poète le lit. On pense aussi au décadentiste Maurice Rollinat , dont la petite fille (fantôme ?) cite des passages. Le poète sert de passeur entre les mondes, entre la nuit et le jour. Il peut comprendre, il est un passeur de fées, la petite fille l’affirme, in...

Ma prostate est asymétrique


Le titre de ce post, extrait du roman, le résume bien quand on sait que cette asymétrie n’a aucune importance.
"Cosmopolis" est un court roman de Don DeLillo racontant la traversée de New York, en limousine blanche, d’un patron de start-up en quête de dépassement, de soi, des mots, du sens, de sa propre vacuité ?
A son actif, "Cosmopolis" comporte quelques fulgurances, brillantes par leur niveau de concentration, sur le capitalisme, la finance, la société de consommation. Déjà dit mille fois, mais efficacement résumé. De ce fait, je ne doute pas qu’une certaine coterie alter ait fait de ce roman une parabole brillante, ce qu’il n’est pas (on verra par exemple avec profit la critique dithyrambique du film, je sais ce n’est pas pareil masi on fait avec ce qu'on a, par les Inrocks).
Autre point fort, la qualité de son écriture lorsqu’il s’agit de décrire.
Mis à part ça, "Cosmopolis" est un roman dans lequel on s’emmerde fortement, heureusement il est court. Tout se passe hors de la limousine, lieu virtuel dans lequel n’existent que les flux arrivant des « marchés » ou y retournant, et les évènements, toujours lointains géographiquement ou émotionnellement, ont lieu sur écran ou dans une ville déréalisée. On se fout complètement de ce qui peut arriver au « héros ». C’était sans doute le but, il est atteint au-delà de l’espéré. Eric n’est pas des nôtres, il n’est plus des nôtres, il vit dans sa bulle de virtualité, il traverse le monde sans en être, ne descendant de sa limousine que pour l’acheter ou le baiser. Mais où l’auteur a-t-il pu trouver une aussi brillante métaphore ? Mouarf !
Et surtout, le roman est une enfilade de pensées et de dialogues d’une pédanterie sans borne, tangeantant le grotesque quand ils ne le traversent pas, et oscillant entre pensées ou affirmations définitives et grandiloquentes (ou cryptiques, ça dépend des pages ; le « cryptisme » est une preuve d’intelligence et de profondeur, n’est-il pas, est–il ?) du genre qu’on trouve dans les agenda des collégiennes, les dialogues soporifiques de film d’auteur français, et la conversation du connard de philosophe de comptoir bourré qui va te tenir la grappe dans une soirée et ne plus te lâcher avant de t’avoir accablé de sa vision du monde et des choses.
Bon voilà, ne consacrons pas plus de temps à ce navrant libelle, disons simplement qu’on lira avec bien plus de plaisir Comment j’ai liquidé le siècle, ou qu’on devrait lire "La culture du narcissisme", d'ailleurs j'y vais de ce pas.
Cosmopolis, Don DeLillo

Commentaires

SBM a dit…
Je te trouve bien sévère... Non je tienne ce livre pour un chef d'oeuvre, mais je ne le trouve pas si raté que ça. Un roman sur le vide, le néant, la chute, voire l'impossible rédemption dans un monde voué à l'entropie... et oui, il est court, c'est un atout. Je n'ai pas vu le film mais n'ai pas lu beaucoup de critiques positives à son sujet.
Efelle a dit…
On est loin de Fight Club si je te comprends bien.
Gromovar a dit…
@ SBM C'est à la hauteur de ma frustration et de mon effarement.

@ Efelle Fight Club était caustique, Cosmopolis est juste pompeux.
Guillmot a dit…
Les gens décèdent toujours quand je suis en vacances. #lesgens
Gromovar a dit…
Et ils décèdent sur le mauvais post en plus ;-)
Guillmot a dit…
Ouais c'est fun ça, mais avec tes titres bizarres à chaque chronique j'ai cru que j'avais bien cliqué; j'ai certes trouvé les autres commentaires originaux mais cela ne m'a même pas choqué...
Gromovar a dit…
Ce qui est drôle, c'est que Cosmopolis contient aussi pas mal de phrases qui sont complètement hors du fil de la conversation ;)
Guillmot a dit…
Ben tu vois on a trouvé une utilité à ce bouquin :D
Tigger Lilly a dit…
Je pense à peu près pareil du film.