L'Oiseau qui boit des larmes - Lee Young-Do

L’Oiseau qui boit des larmes (tome 1, Le Cœur des Nagas) est un roman de Lee Young-Do, premier tome d’une tétralogie de fantasy. Son auteur serait « Le Tolkien coréen » si l’on en croit le sticker apposé sur la couverture. Diable ! Qu’en est-il ? Le monde imaginé par Lee Young-Do est divisé en deux par une Ligne imaginaire. Au sud de celle-ci vivent les Nagas. Ils s’y sont installés non sans violence dans un lointain passé. Au nord on trouve les autres « humains », qu’ils soient Standards, Rekkons, ou Tokkebis. Les Nagas sont petits. Ils ont le corps couvert d’écailles. Ils entendent mal, ce qui fait qu’ils parlent beaucoup moins qu’ils ne nilhent (une forme de communication par la pensée) . Ils voient en revanche très bien, notamment les différences de température. Ils vivent dans une société matriarcale, sous la domination de matrones qui traitent les mâles comme un cheptel reproducteur – à l’exception des Protecteurs qui ont épousé la déesse et la servent dans un...

Hidden in plain sight


"Le scarabée d'or" est la magnifique adaptation BD d'une excellente nouvelle d'Edgar Poe. Delcourt Ex-Libris pour la collection (qui avait déjà fournie entre autre une vison graphique de La colonie pénitentiaire de Kafka), Corbeyran au scénario et Marcel aux crayons. Le duo qui avait fait merveille avec Le Malvoulant revient pour une nouvelle réussite.
L'adaptation fidèle du récit que livre Corbeyran fait la part belle au texte précieux du XIXème siècle ; c'est superbement narré, dans le style de l'époque, jamais surpassé depuis. L'histoire, inquiétante à souhait, mêle sans vergogne un scarabée mystérieux, sans doute magique, des pirates du bayou, un bourgeois déchu, un qui ne l'est pas, et un vieil esclave noir. La fortune, et le retour dans le monde qui l'accompagne, sera-t-elle au bout de l'aventure ? Il faudra lire pour le savoir. Comme dans "Double assassinat dans la Rue Morgue", Poe brouille les pistes et embrouille son lecteur, comme dans "La lettre volée", il cache ce qu'il veut dissimuler en pleine vue, non seulement du héros berné de la nouvelle, mais ici même du lecteur (heureux celui qui lira la BD sans avoir jamais lu la nouvelle). Il donne aussi un cours magistral de cryptographie, science intrigante entre toutes, qu'il fit connaitre au grand public, à l'époque, par l'entremise de cette nouvelle.
Le dessin de Marcel illustre parfaitement le récit. D'un réalisme déformé qui évoque le fantastique comme déformation subtile de la réalité, il met le lecteur dans l'émotion de l'histoire étrange racontée par le narrateur. Bayou brumeux, forêt inextricable, cartes et parchemins se donnent à voir dans leur étrangeté. Les couleurs (du même) apportent la touche manquante d'immersion, et on admire le halo des lanternes, la chaleur d'une pièce faiblement éclairée par un feu, la couleur glauque du marais, ou le brillant irrésistible de l'or.
Une belle réussite.
Le scarabée d'or, Corbeyran, Marcel

Commentaires

arutha a dit…
Les histoires extraordinaires de Poe sont un de mes souvenirs les plus forts de mes lectures de jeunesse (traduits par Baudelaire qui plus est) Cette BD m'intéresse.
Gromovar a dit…
Je te la conseille vivement.
Anonyme a dit…
Merci Gromovar pour cette fort sympathique chronique :))
Paul.
Anonyme a dit…
Bigre, je viens de voir que j'ai mis pour ainsi dire le même commentaire sur ta chronique du Malvoulant :))).
Peu importe, l'essentiel étant dit.
Amitiés.
Paul.
Gromovar a dit…
C'est toujours agréable d'avoir un retour. Ne te censure pas ;-)

Dans l'attente d'une nouvelle occasion d'écrire une nouvelle chronique. J'ai une vraie affection pour ton graphisme.
Anonyme a dit…
ça me va droit au coeur!
Au plaisir de te croiser, qui sait un jour ,sur un festi ou en librairie :)).
Paul.