La Chanson du zombie - Harlan Ellison

Et bien, clairement, si Harlan Ellison ( le gars ci-dessous avec l'exquise veste safran) était toujours vivant j'adorerais être pote avec lui. Surtout que dans ce volume, il a écrit avec des potes. Je ne peux en dire plus, mais ça viendra. Rien de plus. Sinon voici ce qui m'attend :

Trop démonstratif


Pour chroniquer le recueil "With a little Help" de Cory Docotow, je vais devoir dissocier le fond de la forme.

Sur le plan de la forme, "With a little Help" est la mise en pratique des théories de Doctorow contre le copyright et pour la libre (et petite) entreprise. Objet littéraire très inhabituel, le recueil est disponible essentiellement sous forme de fichier à télécharger (gratuitement ou contre donation volontaire). Il est possible de s'en faire fabriquer des versions papier (avec quatre couvertures possibles) sur quelques sites Internet, et aussi d'en imprimer au débotté sur les machines Espresso d'impression à la demande. Existent aussi quelques exemplaires de collection, numérotés, vendus directement sur le site de Doctorow. L'ouvrage existe même en audioCD homemade.Pas d'éditeur. Presque pas d'intermédiaires. Doctorow publie même sur son site le compte d'exploitation de son recueil. Cette mise en oeuvre a quelque chose de fascinant, tant elle reprend la vision de l'auteur développée dans son roman Makers. La création redevient l'affaire des créateurs, hors de l'industrie culturelle, dans un contact direct entre artiste et public. Et Doctorow, en Gutemberg de l'ère numérique, réinvente le livre à la demande, fabriqué pour son lecteur. Il pousse l'interaction auteur/public jusqu'à vendre (10000 $) le droit d'intégrer un sujet de nouvelle dans le recueil, droit qui a été acheté par Mark Shuttleworth pour la nouvelle "Epoch". Un seul bémol à ce conte de fées. Doctorow est connu, sa petite entreprise attire donc des clients. Peu probable que ça fonctionne aussi bien pour l'auteur lambda qui déciderait de faire de même.

Sur le fond, "With a little Help" illustre en récit les visions et préoccupations de l'auteur avec des textes d'inégale qualité.

"The right book" décrit l'avenir du livre dans l'esprit de Cory Doctorow, un avenir où le texte n'est pas le plus important, car il est disponible gratuitement et modifiable à souhait, et où c'est l'objet qu'on achète. Dans le futur décrit, les textes sont disponibles, reste à leur trouver des couvertures adaptées à ses envies et à ses moyens. C'est cette vision que l'auteur concrétise avec son propre recueil.

"The things that make me weak and strange get engineered away" et "Scroogled" traitent des traces numériques que laisse l'Homme moderne et du mauvais usage qui pourrait en être fait dans une société répressive. La première est une bonne petite histoire présentée comme une enquête, menée par un geek qui ne peut être vraiment heureux que dans la data center où il s'est installé avec d'autres, aussi inadaptés que lui à la vie sociale ; la seconde est plus terne, à cause d'un récit trop linéaire et succinct.

"Other people's money" aborde la question du venture capitalism à travers un récit surprenant dans lequel un business angel ne trouve pas preneur. Le rapport de force s'inverse, et c'est le créateur qui bride le financier, pas le contraire. "Liberation spectrum" aborde le même thème dans un contexte parodique.

"Human readable" se demande s'il est possible de rendre la logique interne des systèmes experts compréhensibles par le commun des mortels. C'est une nécessité démocratique mais c'est aussi pratiquement impossible. Doctorow s'interroge sur la question à travers un (trop) long récit dans lequel deux personnes proches symbolisent les deux positions possibles sur la question.

"Visit the sins" traite finement d'hyperactivité, de l'envie de fuir la réalité, des super Ritaline, et tente de savoir si les péchés des pères retombent sur les fils.

"Pester Power" imagine une manière originale, et bien sûr artisanale, de créer les premières IA.

"Chicken Little", hommage à Frederick Pohl, traite brillamment de deux questions : "Que peut-on vendre à celui qui a tout ?", et "Comment réagirait une humanité doté d'une compétence computationnelle absolue ?". Bien écrite, dynamique, cette nouvelle est de très bonne facture.

"Epoch" décrit les tentatives, émotionnellement déchirantes, d'une IA, jugée inutile, pour sauver sa "vie" et éviter d'être débranchée. Un superbe texte et un vrai personnage, l'IA.

"Power punctuation !" et "Constitutionnal Crisis", BOF.

Même si rien n'est vraiment mauvais dans ce recueil, les nouvelles sont trop démonstratives, et le lecteur, sans le moindre doute, comprend que personnages et situations ne sont là que pour illustrer les théories de l'auteur. C'est une chose qui est souvent reprochée à Doctorow, c'est la première fois que je la ressens. De fait, la meilleure histoire et le personnage le plus attachant se trouvent dans "Epoch", la nouvelle dont il n'est pas à l'origine. Peut-être que, libéré de l'obsession de convaincre, il a pu travailler plus sereinement.

With a little help, Cory Doctorow

Commentaires

Eric Nieudan a dit…
Je croyais que Epoch avait été écrite par Doctorow sur un sujet proposé par Shuttleworth ?
Gromovar a dit…
Tu as raison. Erreur de traduction de ma part. Je corrige.
Munin a dit…
Trop démonstratif, c'est effectivement l'impression que m'ont donné tous les textes de lui que j'ai lus. Pas de drama, juste la mise en application d'une théorie. C'est souvent très intéressant mais pas toujours suffisant. Il y a autant de suspense et de tension que dans les paraboles de Jésus. "Oh, le fils prodigue est revenu ! Ouf. J'avais peur pour lui..."
Gromovar a dit…
Yen a quand même une bonne, c'est celle où il fait un raise Dead à Lazare. Ca prouve qu'il est au moins clerc niv. 9.