La grande muraille de Mars - Alastair Reynolds

La grande Muraille de Mars est la version française du méga recueil d’Alastair Reynolds intitulé en VO  Beyond the Aquila Rift . Dans des traductions de Pierre-Paul Durastanti, Laurent Queyssi et Florence Dolisi, ce sont pas moins de 16 textes (2 de moins que dans la VO) qui s’étalent sur 640 pages. Au fil de ces milliers de signes c’est l’avenir imaginé par Alastair Reynolds qui se dévoile aux yeux ébahis du lecteur amoureux de SF. Car c’est bien de SF qu’il s’agit ici. Toujours. Même quand ça peut ressembler à autre chose. Certains de ces textes appartiennent au Cycle des Inhibiteurs , ce cycle bien connu de notre club qui raconte l’histoire future d’une humanité spatiopérégrine et divergente dont les différentes branches, souvent en conflit armé, se distinguent par leur degré de fusion avec les machines. C’est le cas notamment des deux premiers, La grande muraille de Mars et Zéphyr qui racontent, de transhumanisme en tentative de génocide, les débuts de la divergence et les ...

Tricher n'est pas jouer


"Le casino perdu" est le roman qui constitue le gros morceau du recueil de Michel Pagel publié par Les Moutons Electriques.

Il y a bien longtemps, dans une galaxie très, très lointaine, un système solaire contenant quatre planètes habitables (du moins après terraformation). Chacune a été colonisée par une arche d'ensemencement d'origine différente :

Chelterre abrite des humains standards ; c'est une démocratie cacophonique, polluée, inégalitaire, menteuse et corrompue. Que du banal.

Barbarie est habitée par des aliens, les "Conquérants", au physique aussi gluant que répugnant et à l'activité sexuelle frénétique ; c'est une sorte de communauté autogérée géante à faire pâlir d'envie Longo Maï.

Céleste est peuplée de fanatiques religieux, adeptes semble-t-il d'un syncrétisme entre Christianisme et Islam ; c'est une théocratie manipulatrice et intransigeante.

Plommée sert de base aux descendants des militaires humains de la flotte ; organisée comme une armée, le grade y remplace la fortune comme critère de classement, et la soumission, l'obéissance, et l'honneur sont les valeurs centrales.

Avant l'arrivée des colons, ces quatre mondes étaient séparés par un étrange phénomène temporel, l'Achronie, dont la conséquence actuelle est qu'il est maintenant impossible d'aller de l'un à l'autre sans en mourir. Les quatre peuples, qui se haïssent, sont coincés sur leur monde d'accueil. Aussi quand apparaissent les Portes qui permettent de se téléporter aléatoirement sur l'un des trois autres mondes, une guerre commence qui ne peut avoir de fin (seul problème, passer une Porte fait vieillir ou rajeunir suivant le sens dans lequel on la passe). Pour y mettre un terme, les quatre peuples s'entendent sur un Accord. Quatre champions seront désignés et, comme dans Highlander, il ne pourra en rester qu'un. Celui-ci emportera la victoire, et la suprématie pour les siens. Le roman raconte cette lutte.

De dirigeants menteurs en conspirateurs cachés, de jolies espionnes en fanatiques religieux, et de secrets de famille en déroutants aliens, "Le casino perdu" est un planet opera très agréable à lire. Michel Pagel a réussi à truffer son roman de surprises, de rebondissements, de faux-semblants qui tiennent le lecteur en alerte permanente. Drôle, intelligent, rythmé et jubilatoire, "Le casino perdu" amène sans cesse le lecteur là où il ne s'attend pas à aller, sonde subtilement les limites de la vérité et les méandres de la raison d'Etat. Il convie à un voyage sur quatre mondes typés (même s'ils sont peu développés) où tricherie et trahison sont omniprésentes. Et s'il est aussi noir sur les institutions que Orages en terre de France, il est en revanche beaucoup plus optimiste sur la capacité des individus à se surpasser et à faire le bien.
Proche de Pierre Bordage par les thèmes humanistes véhiculés et le caractère profondément non Hard-SF du récit, Pagel y met moins de pathos, et livre, de ce fait, un roman plus léger sans être moins profond.

Le casino perdu, Michel Pagel

Commentaires

Guillaume44 a dit…
Cela m'intéresse pas mal...
Gromovar a dit…
C'est vraiment un livre plaisant.