Daredevil Redemption - Hine - Gaydos

Redemption, Alabama. Un enfant du coin est retrouvé tué et mutilé. Après une enquête expéditive le shérif et ses hommes mettent la main sur trois suspects qui font des coupables idéals. Deux garçons et une fille du coin, se disant satanistes tous les trois. Dans le contexte explosif de la mort d’un enfant dans une petite communauté l’affaire est pliée, c’est la chaise électrique qui attend les trois jeunes en dépit de leurs protestations d’innocence. Cette affaire désespérée, pourtant, c’est le brillant Matt Murdoch, plus connu sous le nom de Daredevil, qui la prend en charge en défense de l’accusé principal, sur l’insistance d’une mère sure de l’innocence de son fils. En terrain hostile, l’avocat new-yorkais mettra toute son énergie à disculper son client et à découvrir le vrai coupable. Car, dans une ville où le fanatisme religieux règne et où de sombres secrets obscurcissent la vue, seul l'aveugle qu'il est peut espérer y voir clair. Daredevil Redemption est un one-shot réé

Trop n'est pas assez


En 1984, Ulli et Edi, deux punkettes autrichiennes de 16 ans, fuient leur pays pour aller visiter l'Italie. "Trop n'est pas assez" raconte leur périple.

Cette autobiographie en BD, écrite par Ulli Lust vingt ans après, alors qu'elle est revenue à la banalité, est d'une franchise stupéfiante. Le voyage en Italie, fantasmé à Vienne, donne lieu à bien plus de galères que de plaisirs. Imaginez deux filles seules, peu farouches, sans argent, au look punk, dans un pays où les hommes sont des males frustrés en rut, et où cette attitude de liberté extrême est presque inconnue. D'autant que les deux filles, n'hésitant jamais à aller plus loin, poussent jusqu'à aller en Sicile, au contact de la mafia. Aux duretés de la vie de routarde s'ajoutent celles qu'imposent les étalons italiens, puis celles, plus dangereuses, qu'amène l'honorable société.


Dessiné dans le style punk caractéristique du "Do it yourself", c'est à dire griffonné sans prétention esthétique et colorisé essentiellement en vert, gris, noir, "Trop n'est pas assez" au titre français tellement réussi qu'il m'a attiré comme une lampe attire un papillon de nuit (alors que l'original allemand est plus banal), ne cache rien de ces mois si particuliers dans la vie d'Ulli.

Faire la route implique de mentir, de mendier, de voler, de se cacher, de ramper dans des endroits improbables, de dormir dans des squats ou dans la rue, d'être sale, d'avoir faim souvent, d'avoir peur parfois. C'est rencontrer quelques personnes de qualité et bien plus de déceptions. C'est découvrir qu'on n'est que ce qu'on parait pour la plupart des gens. Il y a aussi un aspect important de la route au féminin qu'Ulli ne cache pas, c'est l'échange implicite sexe contre hébergement, ou sexe contre nourriture. Si fréquent qu'il finit par devenir parfaitement explicite dans l'esprit des filles qui choisissent des mecs en boite en disant "Nous choisissons notre hébergement". Alors que la peur du SIDA n'existe pas encore, Ulli et Edi usent et abusent de leur sexualité comme d'une monnaie d'échange.

Faire la route en Italie quand on est une fille implique d'être harcelée toute la journée par des jeunes hommes qui n'arrivent pas à croire ce qu'ils voient. A l'opposé de leurs femmes si pures, les deux punkettes autrichiennes représentent le mal, la tentation, une liberté qu'ils n'ont aucun espoir de connaitre un jour, si ce n'est par procuration. Ulli et Edi sont deux Lilith teutonnes arpentant les rues de la péninsule pour corrompre des jeune garçons qui ne demandent pas mieux, voire qui exigent souvent d'être corrompus. Harcèlement continuel, viol, absence totale de respect pour des filles qui se "donnent" facilement mais qui doivent se donner sous peine d'attouchements permanents, les hommes italiens sont abjects, à un point tel qu'Ulli en vient à regretter de ne pas être un garçon.

Faie la route en Sicile c'est rencontrer la mafia. Dans la rue, elle contrôle tout. S'en faire une amie c'est, au début, être plus en sécurité que jamais avant. Mais deux nouvelles filles, blondes aux yeux bleus et un peu girondes, ça attire l'oeil d'un apprenti proxénète qui veut monter en grade dans la famille. Edi se prostituera un peu, plus par imbécillité que par contrainte, Ulli réussira à grand peine à l'éviter. Et comme il se doit, avec la prostitution arrive l'héroïne, cause, conséquence, adjuvant. La réticence d'Ulli à embrasser une carrière de prostituée finira pas les rendre persona non grata en Sicile et les filles se tourneront, séparément, vers leur consulat pour rentrer en Autriche. Elles ne se reverront pas.

Dur, émouvant, effroyablement sincère, "Trop n'est pas assez" est l'un des plus beaux témoignages que je connaisse sur cette époque. Quant à la trajectoire d'Ulli Lust, elle montre qu'il est possible de sortir son corps de la punkitude en y laissant, heureusement, sa tête.

Trop n'est pas assez, Ulli Lust

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