La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

Serpents de Stygie


Classé en fantasy par l'éditeur, le dyptique des "Immortels" réfère plutôt au fantastique historique, dans la lignée des "Mille et une nuits". Ici point d'elfes ni de trolls. Nous sommes dans la Sumer et l'Egypte anciennes, 25 siècles avant notre ère, un monde différent du notre mais qui en contient les germes, un monde dans lequel vivent encore des mages et des créatures élémentaires.
La lutte de deux mages immortels, demi-frères différents autant qu'on peut l'être, sert de fil conducteur à une brillante aventure qui se lit d'une traite. Les lecteurs des "Mille et une nuits" ne seront pas dépaysés, même s'il y a plus de 3000 ans d'écart entre les deux récits, et que système politique et religion sont différents. C'est le même environnement, les mêmes esclaves, les mêmes dattes, le même désert, etc... Le style de Michel Pagel aussi, à mi-chemin entre le roman et le conte, est semblable à celui narrant l'épopée apocryphe du calife Haroun Al-Rachid. C'est fluide, rapide, plaisant à lire, descriptif sans être paresseux. La Mésopotamie et l'Egypte s'offrent aux yeux du lecteur avec maints détails mais sans jamais l'épuiser. Le background est très riche mais il n'entrave jamais la narration.
Les personnages des "Immortels" sont une bonne surprise, bien plus travaillés que ce que j'imaginais. Loin de symboliser un affrontement manichéen du bien contre le mal, ils sont complexes, riches, et ils évoluent au fil du récit. Ils portent aussi des secrets, des faiblesses, et dans un cruel univers d'intrigues où mensonge et trahison sont la règle, ils font intelligemment progresser leurs intérêts. Ils tirent l'histoire, et tous sont intéressants.
La magie est bien présente mais de manière discrète, détournée, ce qui ne l'empêche d'être une solution très efficace à nombre de problèmes. Les créatures élémentaires, de même, sont discrètement présentes, et jouent un rôle non négligeable dans l'affrontement des immortels. Les dieux enfin s'expriment par des augures et peuvent aussi intervenir physiquement quand le conflit des hommes recoupe leurs conflits internes. Tout au long des romans il y a assez de magie pour ne pas être dans l'Histoire pure, et elle est néanmoins suffisamment discrète et crédible pour éviter un basculement dans le fantastique. De nouveau, c'est la magie des "Mille et une nuits", ou, dans un autre genre, du monde de "Conan". Une magie peu visible mais puissante.
Action, intrigues, magie, tueries, sectes secrètes, illusions, temple caché, etc., dans la grande tradition du roman d'aventure, les "Immortels" forment un dyptique très convaincant et agréable à lire, oserai-je dire bien plus que le "Je suis légion" de Xavier Mauméjean.
Les Immortels, t1 Les mages de Sumer, t2 Les mages du Nil, Michel Pagel

L'avis d'Arutha

Commentaires

arutha a dit…
Je viens de terminer le premier tome (Sumer) et il est acquis que je ne lirai pas le second.
J'ai un ressenti tout à fait à l'opposé du tien et particulièrement en ce qui concerne les personnages. J'en ai rarement rencontrés d'aussi fades.
Mais bon, je me demande si je n'en ai pas simplement marre de la fantasy.
Gromovar a dit…
Etrange. Il y en a de faibles et de forts, mais je n'aurais jamais dit fades.
Cedric Jeanneret a dit…
j'hésite beaucoup à les lire. Est-ce que tu as lu "Le Roi d'août" de Pagel également ? Je me demandais à quel point ce roman était proche par l'ambiance des Mages de Summer ?
Gromovar a dit…
Pas lu le Roi d'août, mais je crois que le "Peuple" qui est dans les mages est aussi dans le Roi d'août. Tu confirmes ?
J'ai cité deux ou trois fois "les mille et une nuits" et c'est bien à ça que ça m'a fait penser. Je crois que si tu as lu et aimé les nuits, tu devrais aimer Les immortels. Détail important : il faut lire les deux car même s'il y a une "fin" au premier, les personnages prennent leur ampleur dans le second et la lutte des frères y prend fin. Peut-être ce qui a géné Arutha.
Unknown a dit…
J'avais commencé le roi d'aout il y a quelques années, et je ne l'ai jamais fini. Pour tant j'aime bien l'auteur mais ... les immortels ne me tente vraiment pas plus que ça
Gromovar a dit…
Bon. Je coule seul avec mon navire.
arutha a dit…
J'ajoute que je n'ai pas pu finir Le roi d'août. J'ai retrouvé un peu les mêmes défauts dans ces Immortels, en pire. Quant aux personnages, fades n'est peut-être pas un terme adapté. Disons que je ne leur ai trouvé (à aucun) de la profondeur. Le "héros" est insignifiant et bon à baffer.
Mais bouge pas. Je vais faire ma chronique. Elle devrait paraître demain et j'y serai sans doute plus clair. ;o)
Gromovar a dit…
Clair qu'Eneresh et la princesse sont des personnages plus captivants. Mais la fille des forêts est intéressante et même le jeune Nadua se révèle dans le second tome.
Efelle a dit…
@ Arutha : "héros bon à baffer" ?
Cela m'étonne de la part de quelqu'un qui a aimé l'Assassin Royal de Hobb...

@ Gromovar : mais, mais c'est un auteur francophone que tu as lu ?

Trêve de plaisanterie et plus sérieusement ta chronique m'intrigue. Je lirai celle d'Arutha puis relierai la tienne pour voir si je tente l'aventure.
Lhisbei a dit…
Il me tente bien celui-là (enfin c'est deux là). De Michel Pagel j'avais lu Le roi d'août (beaucoup aimé - un coup de coeur pour être tout à fait franche). Mais avant je veux lire L'équilibre des paradoxes du même auteur (rien que pour le titre qui m'intrigue)
Cedric Jeanneret a dit…
J'ai beaucoup aimé "Le Roi d'août" moi. Et la description que tu fais du "peuple" dans ta critique m'a fait furieusement pensé au Roi d'août.
Gromovar a dit…
@Efelle : Que c'est vil pour Robin Hobb ! Et pour une fois que je dis du bien d'un auteur français, ça indique bien à quel point je suis objectif sur ce coup.

@Lhisbei : Aucun pirate intersidéral là-dedans ;-)

@Cédric : Je tenterai sans doute "le roi d'août" à l'occasion.
arutha a dit…
@ Efelle : Oui c'est vil ;o)
Il y a des choses qui m'ont gêné dans L'Assassin Royal mais pas spécialement le héros. Mais quoi qu'il en soit, c'est un type super attachant comparé au Alad des Mages de Sumer. Pleutre, pleurnichard, transparent ...
Efelle a dit…
@Gromovar et Arutha :
Ce n'était qu'une taquinerie pas méchante. Mon intérêt est éveillé.
arutha a dit…
T'inquiète Efelle, je l'avais bien pris comme ça.
Bon, bah, ma chronique est en retard. Normal, le week-end c'est madame qui utilise le PC. Vous aurez mon sentiment demain lundi je pense.
Efelle a dit…
Encore toutes mes excuses pour les sarcasmes.

Sinon cette fois, je suivrai plutôt Arutha, les commentaires de Gromovar là bas m'y incitant finalement.
Je ne pense pas être le bon public.
Gromovar a dit…
Désolé Michel Pagel, je t'ai savonné la planche ;-)
arutha a dit…
Mais je garde un excellent souvenir des Flammes de la Nuit du même Pagel.