L'Amulette - Michael McDowell

L’Amulette est le dernier roman de Michael McDowell publié par Monsieur Toussaint Louverture dans une traduction de Laurent Vannini. Encore une fois c’est un beau livre, encore une fois vendu (si on le commande sur le site) avec de jolis goodies réalisés avec amour par l’éditeur. Alabama, 1960, dans la petite ville de Pine Cone, près de Fort Rucca. C’est la guerre du Vietnam et des soldats sont formés pour être envoyés en Asie du Sud-Est (étrangement, McDowell semble suggérer un draft alors qu’il semble que ce système n’ait pas été utilisé aussi tôt, à voir) . Parmi les soldats s'entrainant à Fort Rucca, il y a Dean Howell, un jeune homme assez peu sympathique de Pine Cone, qui a cherché à ne pas être incorporé. Comme le reste des habitants de la ville, Dean a tenté de se faire embaucher à l’usine de fusils de Pine Cone pour devenir non sélectionnable, mais ça n’a pas pu se faire. Seule sa femme Sarah a été recrutée, sur un poste pour femme, différent de ceux auxquels Dean aurait...

Monstrueuse parade


"Le Dieu Vampire" de Jean Christophe Chaumette est doté d'un titre trompeur. En effet, aucun vampire traditionnel dans ce roman. Désolé pour les jeunes filles fraichement nubiles.
Les vampires dont il est question ici sont de simples humains qui se sont illustrés par leur goût du sang et leur extrême cruauté. Tortionnaires, dictateurs, auteurs de génocides, ou dirigeants de camps de la mort, certains connus (Gengis Khan, Vlad Tepes) et d'autres anonymes, ils communient tous au culte d'un "dieu" antédiluvien qui se repait de souffrance. En contrepartie de leurs offrandes, ils obtiennent une grande longévité et une félicité incommensurable. Après des millénaires de secret absolu, une défection va révéler l'existence du culte à un psychiatre suisse qui va dès lors enquêter pour en apprendre plus. Au même moment, des fouilles archéologiques mettent à jour le tombeau de Gengis Khan, ainsi que ce qu'il contient. Mais la secte ne se laisse pas approcher sans danger, et elle protège ses mystères.
Construit comme un thriller, "Le Dieu Vampire" est palpitant de bout en bout ; c'est une sorte d'Echiquier du mal en beaucoup moins verbeux et beaucoup plus nerveux. Le récit est fluide et va à l'essentiel. L'enquête progresse à un rythme soutenu, les explications surviennent à intervalles réguliers (et elles ne sont pas complètement absconses ou incohérentes comme c'est malheureusement souvent le cas dans ce genre d'ouvrage), les atrocités commises par les membres du culte aussi. "Le Dieu Vampire" est très graphique dans sa violence, et ce roman n'est pas fait pour les lecteurs sensibles. Les "mauvais" le sont sans aucune limite ni retenue, drogués qu'ils sont à l'extase de la souffrance de l'Autre ; aucune rédemption n'est possible, sauf de manière très détournée. Ils sont fascinants et attirent irrésistiblement l'oeil, car l'Homme ne peut pas plus détourner son regard de la monstruosité que Baudelaire ne le pouvait de sa charogne. Hypnotisé, captivé comme par un serpent venimeux, on tourne frénétiquement les pages et on termine le livre en une soirée, essoufflé mais content.
Alors, "Le Dieu Vampire" est-il le thriller fantastique parfait ? La réponse est "non" à cause de deux éléments. D'une part, l'écriture est très plate, sans style notable, parfois très explicative, et l'auteur nous inflige même ces "yeux malicieux" que je ne peux plus supporter dans aucun livre. D'autre part, il faut accepter de faire abstraction d'une galerie de héros totalement invraisemblables. Entre le mathématicien paraplégique fort d'en haut, la grosse dondon indienne équipée comme James Bond, l'acupuncteur roi de la boxe chinoise, et la métisse frigido-midinette, il faut beaucoup d'indulgence pour ne pas se croire dans Freaks ; je n'en ai pas assez en moi. Ces amabilités posées, je veux redire que "Le Dieu Vampire" est un roman très agréable à lire, inspiré par les théories du sociologue allemand Wolfgang Sofsky ce qui ne gâche rien, que je recommande aux amateurs de thrillers fantastiques un peu musclés.
Le Dieu Vampire, Jean Christophe Chaumette

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