Descente - Iain Banks in Bifrost 114

Dans le Bifrost 114 , on trouve un édito dans lequel Olivier Girard – aka THE BOSS – rappelle que, en SF comme ailleurs, un part et un autre arrive. Nécrologies et anniversaires mêlés. Il y rappelle fort justement et pour notre plus grand plaisir que, vainquant le criminel effet de génération, Michael Moorcock et Big Bob Silverberg – les Iguanes de l’Imaginaire – tiennent toujours la rampe. Long live Mike and Bob !! Suivent les rubriques habituelles organisées en actualité et dossier : nouvelles, cahier critique, interview, biographie, analyses, bibliographie exhaustive, philofiction en lieu et place de scientifiction (Roland Lehoucq cédant sa place à Alice Carabédian) . C'est de Iain Banks qu'il est question dans le dossier de ce numéro, on y apprendra que la Culture n’est pas seulement « ce qui reste quand on a tout oublié ». Dans le Bifrost 114 on pourra lire une jolie nouvelle de Iain Banks, intitulée Descente et située dans l’univers de la Culture (il y a des Orbitales)

Bollypunk


"River of Gods" de Ian MCDonald est un énorme pavé qui sera bientôt publié par Denoël sous le titre "Le fleuve des dieux".
La rédaction de ce post est, c'est assez rare pour être signalé, un vrai dilemme pour moi.
"River of Gods" est un très bon roman, un de ceux qu'il faut avoir lu imho. L'Inde de 2047 est vue à travers les vies de 9 personnages dont les destins s'interpénètrent dans un pays en guerre. Nous suivons donc un petit voyou, un conseiller gouvernemental, un incorruptible, un designer "neutre", deux scientifiques, une jeune fille au passé trouble, un capitaine d'industrie, une journaliste (plus les quelques personnages secondaires qui gravitent autour d'eux). Ces 9 visions permettent au lecteur de visiter l'ensemble de la société complexe imaginée par l'auteur. Et la société décrite dans "River of Gods" vaut à elle seule lecture du roman. L'inde s'est déchirée, elle est morte, remplacée par trois Etats en compétition : Awadh, Bharat (où l'histoire est située), et Bengal où l'étranger s'immisce comme il peut. La mousson n'est plus tombée depuis trois ans et la sècheresse est terrible. Bengal ramène un iceberg du pole pour tenter de modifier le climat local ; Awadh a construit un barrage sur le Gange qui capte le peu d'eau qu'il contient encore et en prive Bharat. Une guerre de l'eau est sur les rails. A Bharat, la situation est grave, et elle l'est encore plus sur le plan politique car des extrémistes hindous, excités par un leader charismatique, accusent le gouvernement de faiblesse coupable et veulent la guerre contre Awahd. La guerre aura lieu, avec des conséquences tragiques, alors que d'autres parties, d'une importance bien plus capitale, seront réglées en coulisse.
Ian MCDonald fait dans ce roman un travail superbe de création de monde. La République de Bharat est un monde vivant, à l'intersection de la tradition indienne - avec ses temples, ses dieux, ses crémations sur le Gange, ses saints hommes nus, sa propension incroyable à l'émeute et au pogrom, ses entreprises familiales, sa société de caste jamais éradiquée malgré la démocratie - et de l'extrême modernité, représentée par des robots de combat ou de maintien de l'ordre, des IA parmi les plus puissantes de la planète, un laboratoire de recherche de pointe sur les univers alternatifs, une sélection des foetus males qui a complètement déséquilibré le rapport démographique hommes/femmes, une sitcom vedette dont les acteurs sont des IA qui vivent entre elles une meta sitcom avec mariage, séparations, etc..., des boites de nuit où chacun dansent sur son propre mix, des "neutres" ni hommes ni femmes grace à la chirurgie, des "brahmins" enfants génétiquement modifiés très supérieurs aux humains normaux, entre autres et j'en oublie. L'univers créé par l'auteur vit, remue, foisonne, plein de bruits, de températures et d'odeurs. Son style très nerveux, souvent constitué de successions de locutions nominales sans verbe, donne l'impression d'avoir sous les yeux une succession de flashes illuminant brièvement des actes ou des pensées. Efficace et agréable, même si l'utilisation intensive de mots indiens rend la lecture parfois un peu rugueuse.
Mais je ne relirai surement jamais "River of Gods". Le roman est conçu comme une sitcom avec personnages principaux et secondaires, intrigues principales et secondaires, luttes politiques et luttes amoureuses, décrite avec force détails qui la rendent crédible mais ralentissent énormément la narration. Le début du roman est atrocement lent, et la progression reste lente même quand les fils commencent à s'entrelacer et que le lecteur entrevoie les lignes de force qui sous-tendent le récit. Le principal est souvent noyé dans le secondaire. Ce roman plaira surement beaucoup aux lecteurs qui aiment Stephen King ou qui ont aimé Perdido Street Station, mais sa lecture ne m'a pas été un plaisir tant on y est loin de la tension de The windup girl, roman situé dans un contexte un peu semblable.
Néanmoins le monde créé par Ian MCDonald m'a tant plu que j'y retournerai sous peu grace aux nouvelles de "Cyberabad days", ce qui montre bien que je ne suis pas rancunier.
River of Gods, Ian MCDonald

Commentaires

Guillaume44 a dit…
Faudra suivre ça en version française alors, pour voir si la traduction sait convaincre également.
Efelle a dit…
Tu me donne quand même envie là.
J'attendrai la VF pour me décider.
Gromovar a dit…
Ce n'est pas un mauvais livre. C'est un bon livre qui m'a gonflé, c'est différent ;-)
Guillaume44 a dit…
@ Gromovar : ça arrive ;)
Guillaume44 a dit…
@ Gromovar : ça arrive ;)
Gromovar a dit…
Oula, j'ai encore rien fait. Crap !