"Les moutons électriques" sont éditeurs d'ouvrages de qualité. L'une de leur collection est intitulée "
La bibliothèque rouge". Dirigée par André-François Ruaud et Xavier Mauméjean, elle regroupe des livres qui ont la particularité d'être des études documentaires sur des personnages de fiction traités biographiquement, comme des personnages réels. Sherlock Holmes, Dracula, Conan, entre autres, ont déjà eu les honneurs de la "bibliothèque rouge", en compagnie du véritable et authentique Jack l'Eventreur.
Le numéro qui nous intéresse ici est consacré à Cthulhu. Le grand Cthulhu, le terrible Cthulhu, le dormeur de R'lyeh, le rêveur éternel.
Plus de la moitié du volume est constitué d'une narration qui explique au lecteur comment les informations fragmentaires que nous avons sur Cthulhu et les Anciens nous ont été révélées, essentiellement à partir du début du XXème siècle, grâce aux recherches de quelques érudits passionnés, aux explorations permises par le progrès technique, à la redécouverte de grimoires incunables et périlleux. Suivant l'histoire de la mise au jour des Anciens par une frange éclairée de l'humanité, nous suivons aussi de fait l'histoire de ces créatures extra-dimensionnelles, nous obtenons quelques éclairages sur leur science, leurs guerres, leur conquêtes. Cette longue partie rédigée est complétée par une longue (30 pages) et exhaustive chronologie qui va du début de l'Univers à la fin de la Terre (considérant qu'après nous ne sommes plus concernés).
Le lecteur trouvera ensuite une brève mais passionnante biographie de Lovecraft (l'historiographe des Anciens sur Terre), plutôt plus réaliste que d'habitude. Suit la bibliographie des oeuvres utilisés pour la rédaction des "
Nombreuses vies de Cthulhu". Enfin deux nouvelles en forme d'hommage. La première, "
Des chats, des rats, et Bertie Wooster" de Peter Cannon, est une relecture de la nouvelle "
Les rats dans les murs" de Lovecraft, vu par les yeux d'un personnage stupide et falot. Je n'ai trouvé aucun intérêt à ce pastiche qui vise la drôlerie sans jamais l'atteindre. La seconde nouvelle s'intitule "
Le grand éveil", elle est l'oeuvre, cultivée et référentielle, de Kim Newman, et elle est aussi une relecture du mythe, à la mode
noir cette fois. Mettant en scène un privé dans le plus pur style imper mastic / chapeau, à l'ironie désabusée digne de Nestor Burma, Kim Newman donne une suite au "
Cauchemar d'Innsmouth" dans une Californie corrompue et traumatisée par l'attaque de Pearl Harbor. De la belle ouvrage cette fois.
Très abondamment illustré, "
Les nombreuses vies de Cthulhu" est une vraie réussite, pour laquelle il faut saluer Patrick Marcel dont l'érudition cthuluesque impressionne. Souhaitons-lui de ne pas devenir fou comme tous ceux qui ont approché de trop près les secrets indicibles de l'Univers. Il m'a donné envie de me replonger dans les récits de Lovecraft pour une piqure de rappel.
Les nombreuses vies de Cthulhu, Patrick Marcel
Commentaires
Ils sont parmi nous !
Merci pour la chronique.