Les Diables - Joe Abercrombie

Les Diables est le dernier roman de Joe Abercrombie, le pape du grimdark. C'est un roman fantasy/action très dynamique, sanglant, violent et parfois drôle. Il est aussi plus profond que son début ne le laissait présager, et c'est le traitement des personnages qui fait sa qualité. Je ne peux en dire plus car ma chronique sera dans le Bifrost n° 120, et elle ne reviendra ici qu’un an après la sortie de la revue (c’est à dire, pfff…). Je peux au moins donner le résumé de la couv’ car celui-ci est disponible partout : L’Europe est au bord du gouffre. La peste et la famine la ravagent, des monstres rôdent dans l’ombre et des princes avides ne songent qu’à leurs dévorantes ambitions. Une seule certitude demeure : les elfes reviendront, et ils mangeront tout le monde. Mais parfois, les chemins les plus sombres mènent à la lumière. Des routes sur lesquelles les Justes n’ont pas l’audace de s’engager. Enfouie dans les entrailles du splendide Palais Céleste, le fief de la foi...

La pensée coloniale


Le dernier numéro de l'excellente revue d'histoire intellectuelle "1900" s'intéresse à ce que fut la pensée coloniale au tournant du XIXème et du XXème siècle.
Indispensable pour comprendre le phénomène sans regarder le passé avec les lunettes du présent, les papiers des chercheurs présentés permettent d'appréhender comment la colonisation fut perçue et pensée au moment même où elle se faisait.
Après une courte introduction, le premier article remet en cause le discours habituel sur anciennes ou nouvelles colonisation en la décrivant comme un jeu d'échec (ou plutôt de go) entre empires européens, aux règles jamais formalisées.
Nous lisons ensuite un article sur la posture de la gauche française face à la colonisation où nous voyons que même l'anticolonialisme n'a jamais la forme que nous imaginerions ici et maintenant.
L'histoire du Comité de défense des indigènes, nonobstant son ambiguïté, signe un intérêt métropolitain réel pour les droits des indigènes. Pour mener son action, ce comité a incidemment produit une partie de la connaissance française, en particulier juridique, sur les colonies.
Suit un entretien guère passionnant.
L'histoire "impériale" des sciences sociales montre des chercheurs, universitaires ou administrateurs, un peu en marge, oscillant sans cesse entre désir de connaissance "pures" et volonté d'aider à la gestion des colonies.
L'article suivant traite du droit au temps des colonies. Imbrication complexe et rarement cohérente du droit français, des droits et coutumes locales, et d'un droit ad hoc, le droit colonial illustre à merveille l'idée marxiste selon laquelle le droit est d'abord un instrument de domination.
La place de l'armée coloniale au sein de l'armée française est l'objet du papier suivant. Armée "différente" à tous points de vue, elle transforme la doctrine militaire, ou tente de le faire. Armée pensée dès l'origine comme celle de toute la nation, elle sera utilisée durant la première guerre mondiale sur le sol européen, à la différence des armées coloniales des autres pays.
L'article suivant étudie brièvement les mots du sionisme et montre le débat vif qui existe entre ceux qui pensent, comme Shlomo Sand par exemple, que le sionisme est une entreprise coloniale et leurs contempteurs.
Le dernier article s'intéresse à l'histoire édifiante du colonialisme sans colonie que fut celui de l'Italie.
Suivent l'"Ecrit sur l'indépendance de l'Egypte" de Sorel et des fiches de lecture.
Au final une passionnante lecture pour qui s'intéresse à l'histoire de la colonisation.
Pensée coloniale 1900, collectif

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