Le Monde et vice versa - James Morrow

James Morrow est un auteur américain de romans aussi caustiques qu'irrévérencieux . Après son drolatique Lazare attend , il revient, encore Au Diable Vauvert, avec Le monde et vice versa , traduit par Sara Doke. Ici et maintenant, sans doute. La planète qu'habite Eamon Keen est la nôtre, avec ses inégalités et son réchauffement climatique. Eamon fut longtemps porte-plume pour des politiques de tous bords. Un exemple de ses œuvres : « il travailla à rendre le jeune sénateur d'Ohio, un républicain intelligent et cultivé nommé Dudley Prong, suffisamment rustre et bibliophobe pour être réélu à une large majorité » . Finalement, dégoûté de n'être qu'un mercenaire sans idéologie comme son père avant lui, Keen lâcha tout. Il tente depuis d'écrire un roman de fantasy épistémologique (de la fantasy qui se la pète, comme on en voit hélas tant) et à son grand dépit n'arrive à convaincre aucun éditeur de publier un texte sans doute aussi chiant que pompeux. Un soir de ...

Coïtus interruptus


"Nord absolu" est un roman de littérature blanche qui louche un peu sur l'anticipation. Dans une République nordique dictatoriale, deux destins parallèles, ceux de Niels et de Paul. Paul est un citoyen lambda, progressiste sans conviction ; Niels est un héros du nouveau régime. Ces deux destins se rejoignent d'une manière inattendue. Dans un cadre qui évoque irrésistiblement la France post Algérie française, nous voyons comment une dictature peut s'installer paisiblement, sans révolution, avec l'assentiment tacite des "braves gens".
Par delà les nombreux thèmes abordés, racisme, post-colonialisme, hyper-terrorisme, culte d'une identité nationale primordiale et éternelle (avec des accents qui rappellent fortement les pratiques du IIIème Reich), c'est la manipulation politique qui est au coeur de ce roman machiavélien. Fabrice Lardreau mêle habilement quantité d'éléments légèrement décalés de notre réalité pour décrire un pays en voie de réaction nationaliste, ce qui donne une plausibilité inquiétante à son histoire. On mettra aussi à son crédit quelques trouvailles narratives intéressantes (notamment un Rewind de grande qualité) ainsi qu'un ton à mi-chemin entre le parlé et l'écrit, qui, en s'adressant au lecteur, donne l'impression d'un documentaire.
Reste le débit. Fabrice Lardreau est un auteur français et, comme je l'ai déjà écrit plusieurs fois, il manque aux auteurs de ce pays la folie et l'excès qui font les grandes oeuvres. Il manque aussi l'art de la description exhaustive."Nord absolu" est intéressant et agréable à lire mais il n'est ni "1984", ni "Le meilleur des mondes". Alors, pour conclure, détournons Sade et écrivons "Auteurs français, encore un effort pour être George Orwell".
Nord absolu, Fabrice Lardreau

Commentaires

Guillaume44 a dit…
Hello ! Je t'ai mis un tag sur mon dernier billet, c'est un petit jeu sans aucune obligation de le faire bien sûr :)
Gromovar a dit…
J'y cours j'y vole. enfin, demain plutôt ;-)