La Cité des Lames - Robert Jackson Bennett

Sortie du tome 2 de la trilogie des Cités de Robert Jackson Bennett. Après le très plaisant Cité des Marches , voici qu’arrive La Cité des Lames . Tu sais, lecteur, que je n’aime guère chroniquer des tomes n car la description du monde a déjà été faite par mes soins dans la chronique du premier volume. Je vais donc faire ici une sorte d’inventaire de ce qui est proche et de ce qui diffère, en pointant le fait que, de même que le  premier volume pouvait se lire seul, celui-ci le peut aussi, les événements du premier formant un background qui est correctement expliqué dans le deuxième, y compris pour d’éventuels lecteurs qui auraient commencé par celui-ci. J’espère que c’est assez clair;) Voilà, lecteur, tu sais tout, suis le guide ! La Cité des Lames se passe quelques années après les événements narrés dans son prédécesseur. Le pouvoir à Saypur a pris un virage à l'opposé de la politique colonialiste revancharde qui était la sienne depuis le Cillement qui a mis fin au Divin. Shara,

Tu quoque


Après un premier recueil de nouvelles d'une qualité incomparable, "Janua Vera", Jean-Philippe Jaworski publie son premier roman, situé aussi dans le Vieux Royaume. Il revisite dans ce roman la principauté de Ciudalia dans les basques de l'assassin Benvenuto Gesufal.
Tout ce que je pourrais écrire ici ne rendra pas justice à "Gagner la guerre". Ce roman est de ceux qu'on n'oublie jamais.
L'ouvrage commence par une victoire décisive. La guerre est finie. Les héros rentrent. Le plus dangereux va maintenant être d'organiser la paix et le partage des dépouilles. There's no honor among thieves ! L'un des "artisans" de cette paix sera Benvenuto, exécuteur des basses oeuvres du podestat Léonide Ducatore.
Avec cette plongée dans les arcanes de la principauté de Ciudalia c'est dans la république romaine que Jaworski nous entraine. Ville-Etat enrichie par le commerce et la guerre, Ciudalia est une incarnation matérialisée de la politique. A Ciudalia la vie est faite de mariages politiques, d'assassinats politiques, de complots politiques ; à Ciudalia, il y a un Sénat auquel il serait fou de se rendre sans gardes du corps ; à Ciudalia il y a deux podestats, un civil et un militaire, élus pour un an et pas (encore) de dictateur ; la conquête du pouvoir est l'alpha et l'oméga de la vie publique et attise les rivalités entre factions de sénateurs, tous nobles.. Et comme chez Machiavel, tout les moyens sont bons pourvu qu'ils soient efficaces. Et comme chez Machiavel, au final, mieux vaut se faire craindre que se faire aimer car se faire craindre est plus facile à contrôler. Durant les presque 700 pages du roman on suit l'intrigue comme une partie d'échec dans laquelle la stratégie est parfois retournée par des bouleversements tactiques adverses. Les hommes (les innombrables personnages du roman, détaillés et vivants) sont des pions déplacés avec brio par le maitre Ducatore, calculateur implacable à la capacité d'adaptation exceptionnelle, un vrai grand joueur.
Le fond, trépidante aventure qu'on lit à la vitesse de l'éclair et réflexion sur le pouvoir, l'art, la fidélité, justifie donc à soi-seul l'achat du livre. Mais il y a la forme. "Gagner la guerre" est l'autobiographie de Benvenuto. Sur le ton gouailleur du gamin des rues qu'il a été il explique pour nous cette guerre. Et il a du vocabulaire. Le style de Jaworski est un enchantement. Il construit une cathédrale baroque de mots, éclatantes d'arabesques, de dorures, de détails au ciseau. Du grand art. Il y a dans "Gagner la guerre" plus qu'une affinité avec la profusion chatoyante du "Salammbo" de Flaubert. On est soufflé par une telle écriture. Si Benvenuto est la plus fine lame de Ciudalia, Jean-Philippe Jaworski est sans conteste la plus fine plume du fantastique français et de loin.
Je n'écris pas plus, j'ai assez fait dans le dithyrambe, qu'on sache seulement que ceux qui n'auront pas lu "Gagner la guerre" auront raté un des romans majeur de l'année 2009 en français.
Gagner la guerre, Jean-Philippe Jaworski

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Commentaires

arutha a dit…
Je cite :
Tout ce que je pourrais écrire ici ne rendra pas justice à "Gagner la guerre". Ce roman est de ceux qu'on n'oublie jamais.
Bon, tout est dit il me semble :o) C'est vrai que ce nouveau venu dans le monde de l'imaginaire français est une vraie claque.
Encore une fois, vivement la sortie de l'édition de poche.
Gromovar a dit…
Un an, c'est long :-(
Mais c'est vrai que le livre est cher.
arutha a dit…
Je ne vais certainement pas nier l'aspect économique. Avoir quasiment 2 poches et demi, voire 3 pour le prix d'un grand format, ça laisse rêveur. Mais c'est aussi pour moi un choix quasi esthétique et pratique.
Papa Fredo a dit…
Bon.
Je n'ai plus d'autre excuse que de ne pas encore l'avoir trouvé dans les deux (grosses) librairies que je fréquente.
Mais je le trouverai, dussé-je retourner tous les livres de cette ville.
Guillaume44 a dit…
Salut Gromovar, tu as une petite faute dans le nom d'auteur (c'est Jaworski) qui fait que ton billet n'est pas visible quand on fait une recherche auteur sur ton blog ou google ! Je n'ai pu donc rajouter l'url de l'article qu'après avoir vu ton commentaire.
Gromovar a dit…
Merci. Je suis un ane :-(